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3,67

sur 358 notes
Avec "Zoli", l'auteur nous plonge dans l'Histoire de l'Europe, de la Tchécoslovaquie des années 30, à aujourd'hui (en 2003, en fait) à Paris. le narrateur nous la présente selon plusieurs points de vue, ce qui ne manque pas d'intérêt.
Mais avant tout, il nous fait entendre la voix du peuple tzigane, un peuple opprimé, victime de la barbarie nazi et que les gadjé (=les hommes non-tsiganes), sous prétexte de les protéger, ont forcé à renoncer à leur errance, pourtant ancrée dans les traditions et fondements même de leur vie.

Le roman débute par une scène choc d'une terrible cruauté (il y en aura d'autres). Nous sommes en Tchécoslovaquie dans les années 30. La milice fasciste du pays, les Hlinskas, forcent les tziganes à disposer leurs roulottes en cercle sur la glace d'un grand lac. Ils sont tous là, femmes, enfants, chevaux, jeunes et vieux... désormais prisonniers. Les Hlinkas allument des feux tout autour sur la berge et ils attendent : la température monte dans l'après-midi et la glace fond...
Seuls survivants du massacre et de leur communauté, Zoli Novotna (Marienka) et son grand-père étaient partis en forêt. Zoli n'a que 6 ans et vient de perdre tous ses proches. Son grand-père ne prend pas le temps de lui donner des explications : il fuit avec elle, allant de communauté en communauté. Lorsqu'ils s'installent finalement dans un nouveau clan, la petite Zoli a grandi et se fait enfin une amie, Conka, avec qui elle va partager de nombreux jeux.
Mais ce qu'elle aime par-dessus tout, c'est chanter, et écrire (ce qui est interdit). Sa voix et sa personnalité fascinent tous ceux qui croisent sa route. Zoli a découvert le pouvoir des mots et sait les utiliser...
Il est vrai que Zoli est devenue une jeune fille forte, au caractère façonné par son peuple, et ses souffrances, mais aussi par ce grand-père aimant qui a pris soin d'elle durant son enfance, un ancêtre incroyablement conservateur et moderne à la fois, qui lui a appris en cachette, tout en parcourant les routes, à lire et écrire, (lui-même a toujours un livre caché dans ses affaires, bravant ainsi l'interdit tzigane).
Il lui a appris aussi l'histoire de son peuple (que nous apprenons en même temps). Il lui a parlé aussi du présent, du communisme et de la révolte prolétarienne.
Un jour, ses poèmes et ses chansons, dans lesquels elle raconte l'histoire des siens, sont remarqués par le poète communiste Martin Stransky qui veut faire d'elle, après-guerre, un symbole, celui de la cause du peuple tzigane. Parler, en chansons ou à travers ses poèmes, des souffrances de son peuple, la propulse sur le devant de la scène, attire du public pour l'écouter.
Zoli qui sait qu'elle n'appartiendra jamais à ce milieu, et qui ne s'y sent pas à l'aise, elle qui aime avant tout sa vie dépouillée, dans laquelle elle puise ses forces et son inspiration, pense un temps que cela va pouvoir aider les siens. Elle se trompe.
Mais ce succès donne envie au poète de publier un recueil contenant ses poèmes. Il y renonce car c'est contraire à la tradition tzigane. Livrer au gadjé ses mots, c'est trahir son peuple, c'est trahir l'âme de son peuple.
En même temps, son peuple est trahi par les autorités qui, après avoir promis l'égalité des droits aux roms, leur imposent entre autre, d'abandonner leur roulotte, pour les "parquer" dans des immeubles, où ils vont perdre leur âme : c'est la Grande Halte.
Le jeune assistant de Martin Stransky, Stephen Swann, un anglais fou amoureux de Zoli, finira par la trahir en publiant en cachette ses textes.
Elle est alors bannie par les siens et doit repartir sur les routes, désormais seule, passer des frontières bien gardées, et poursuivre son rêve de regagner un jour peut-être...Paris.
Elle qui avait été adulée par le parti communiste, doit réapprendre à vivre, tout en reniant son passé et ceux qu'elle a croisés sur sa route. Elle est libre mais paiera cher cette liberté, car ses pas vont l'emmener bien loin des siens.

J'ai trouvé ce roman émouvant et très prenant, malgré quelques longueurs vers la fin.
Dès les premières pages, le lecteur veut suivre Zoli et savoir ce qui va advenir de sa vie. J'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire des tziganes et ce qu'ils ont eu à subir sous le régime nazi, mais aussi de la part des communistes qui ont été, eux-aussi, capables du pire. J'ai appris certaines des traditions de leur peuple, même si j'en connaissais déjà une grande partie.
C'est un roman difficile à résumer, tant il y a d'événements et de détails. le récit alterne époques et narrateurs, mais l'époque est bien précisée en début de chapitre, ce qui permet au lecteur de se repérer facilement.
Ce roman nous offre un très beau portait de femme : Zoli est en effet un personnage fascinant, parfois insaisissable, mais central dans le roman...d'où le titre. Elle porte en elle toute l'histoire de son peuple, mais nous donne à voir aussi les conditions de vie de ses consoeurs. Elle-même sera mariée toute jeune à un homme aimant, mais plus âgé qu'elle qui par chance la respectera, ce qui n'est pas le cas de tous les hommes autour d'elle.
Elle incarne à elle seule, la liberté, la révolte, la richesse intérieure et le courage, et ressemble à cela à son peuple, un peuple fier et courageux, auquel elle restera attachée jusqu'à la fin de sa vie, même une fois très loin de lui.
Il faut savoir que l'auteur s'est inspiré, pour le personnage de Zoli, d'une poétesse ayant réellement existé : Bronislawa Wajs, surnommée Papusza (qui signifie "poupée en romani). Un film lui a été consacré en 2013. Peut-être l'avez vous vu ?
Ce roman est un très beau livre, même si certains passages sont très durs. Je le recommande à tous ceux qui veulent en savoir plus sur ce peuple persécuté depuis des décennies, sur leurs traditions et l'importance chez eux de la transmission qui, de génération en génération, a permis de garder ces coutumes intactes...tout cela dans la joie, le partage, les chants, les danses, les fêtes...
J'ai aimé le regard attentif et bienveillant de l'auteur qui nous expose, comme à son habitude, les faits tels qu'ils sont, sans nous demander de prendre partie, et sans porter un quelconque jugement sur les événements.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Déception avec ce roman
J'ai eu du mal à m'intéresser aux personnages, et j'ai eu du mal à comprendre le contexte historique. L'histoire se déroule entre 1930 et 2003.
Dans les années 30, Zoli a six ans, elle appartient à la communauté tsigane et perd toute sa famille (assassinée par les fascistes), puis viendra la guerre et les persécutions. Son « clan » survit tant bien que mal et Zoly devient une poétesse reconnue en Tchécoslovaquie.
Il y a de nombreuses réactions de la communauté tzigane que je n'ai pas comprises : comment peut-on être contre le fait d'apprendre à lire aux enfants ? Et il y a de nombreuses réactions de l'héroïne que je n'ai pas comprises….au sens littéral du terme, j'ai relu certains passages plusieurs fois sans comprendre…Effet canicule et insomnie ?
Bref un rendez-vous raté alors que j'avais aimé Transatlantic de cet auteur.
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Ce livre nous fait voyager dans le temps et les pays d'Europe en suivant Zoli. ZOLI, élevée par son grand père, a eu accès a la lecture et l'écriture, bravant les interdits tziganes.
Son histoire fait rêver et decouvrir cette culture tzigane.
Un roman sur le monde tzigane et son identité , sur la poésie et le pouvoir des mots.
Sur fond d'histoire d'amour, un roman émouvant. A lire et relire
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Roman très bien mené autour d'une tzigane naïve, Zoli, une poétesse bannie par les siens pour avoir non seulement appris à lire malgré l'interdit, mais surtout livré l'histoire de sa communauté au régime communiste qui a utilisé ce porte-parole pour assimiler ce peuple.
L'auteur s'est très bien documenté sur l'histoire de ce peuple en Tchécoslovaquie depuis les années 1930.

Lire également : N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani sur les Gens du voyage à la même époque, mais en France.
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L'histoire d'une femme tzigane poétesse et chanteuse, née en tchécoslovaquie, de la période de la seconde guerre mondiale à aujourd'hui. Ce récit décrit la difficulté de cette communauté à vivre dans des sociétés établies, le rejet dont elle est victime et l'espoir qu'elle mettait dans le communisme. Nous vivons la mise en place du bloc de l'est et de ses conséquences sur les traditions de ce peuple. L'histoire raconte ainsi la lutte de Zoli, cette femme qui n'a de cesse de rester libre et brave toutes les épreuves subies lors de son périple.
Un roman très intéressant et pudique mais qui présente des longueurs et des ruptures importantes, qui m'ont dérangée. C'est dommage.
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Colum Mc Cann plonge le lecteur dans la vie dense et passionnante de Zoli Novotna et dans le quotidien d'un camp de Tziganes de Tchécoslovaquie au siècle dernier. Rédigé dans un style simple, direct, ce roman n'est pas pour autant dépourvu de poésie et ponctué de chansons tziganes qui ont sans doute bel et bien existé.
Roman choral "Zoli" est avant tout le récit fait par l'héroïne à sa fille. Elle ne lui épargne rien : l'exécution de ses parents par les fascistes quand elle avait 6 ans, sa jeunesse passée sur les routes avec son grand-père, sa passion clandestine pour l'écriture et la poésie, la grande période communiste puis l'instrumentalisation de son oeuvre, ses livres publiés par Martin Stransky et Stephen Swann, la trahison de ce dernier et leur amour impossible, puis la fuite à travers les frontières de Slovaquie en Hongrie, puis vers l'Autriche jusqu'en Italie où elle rencontre Enrico.
Le ton est toujours juste, jamais larmoyant. A travers cette vie mouvementée et les épreuves traversées par les Tziganes de cette région, c'est l'histoire de l'Europe centrale qu'on revit.
Le personnage de Zoli est entier, attaché aux traditions roms sans jamais se laisser entraver par elles. Elle sera même bannie de sa communauté pour avoir trahi la cause rom. Mais au fond, elle est toujours restée fidèle à ce qu'elle était .
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Zoli est une tzigane à la voix envoûtante, poétesse aux mots aiguisés. Pendant des années, elle sera la porte-parole de ce peuple méprisé, maltraité.
Jusqu'à la trahison.
Une liaison avec un gadjo.
Un recueil publié.
Son peuple la bannie.
Seule, elle traverse les frontières de l'Europe.
Une belle écriture, au coeur de l'âme tzigane.
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C'est la première fois que je lis Calum Mccann , et c'est un énorme coup de foudre, un vrai talent de conteur avec une écriture fluide et très prenante. Dans Zoli , on pénètre dans le monde des gitans d'Europe de L'Est du temps des exterminations nazis. On suit l'histoire bouleversante de Zoli ( de son vrai nom Marienka) ,une petite Rom qui fuit avec son grand-père suite au massacre de sa famille par la milice tchèque , la terrible Hlinka.
Dans cette vie d'errance perpétuelle en roulotte , qu'il neige ou qu'il vente, sur le qui-vive, de débrouille , de méfiance envers les "gadjé" trop entreprenants, de petits larcins , il n y a pas de place pour l'instruction, dont se méfient les Tziganes(encore de nos jours) .
Zoli ira quand même à l'école, advienne que pourra !
Les Gitans sont connus pour être très discrets sur leurs coutumes et traditions, Colum Mccann en dévoile tous les secrets (ou presque) . Peuple étrange, insoumi, parasite, parfois attachant, il n'en reste pas moins fascinant ! Une lecture d'en on sort grandit !
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« Zoli » de Colum McCann est un roman publié en 2007 qui plonge au coeur des communautés tziganes des années 30 à nos jours . C'est un livre puissant, rude et poétique, qui nous entraîne dans le tourbillon de l'histoire, et aborde sans fard les thèmes de l'appartenance, de la différence, de la résistance.
L'histoire commence dans les années 30, en Slovaquie. Sa famille ayant été éliminée par la Hlinka (police politique), Zoli, une petite fille gitane, est élevée par son grand-père. Ils font partie d'un clan de tziganes, qui se déplace en roulotte, et vit dans le respect de traditions ancestrales. Ainsi, il est assez mal vu de savoir lire, et totalement impensable de frayer avec les gadze (les non gitans). Zoli, qui a un don pour le chant et la poésie, va être amenée à enfreindre les règles. Ses aventures l'entraîneront dans une fuite éperdue à travers l'Europe, pour finalement trouver un havre de paix dans les montagnes italiennes.
Ce livre nous fait partager le quotidien des gitans en Europe Centrale, avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi à l'ère du communisme. Ce point de vue ‘documentaire' et historique est enchâssé dans un récit romanesque, doté de multiples rebondissements, autour du personnage central, Zoli, femme farouche et libre, dont le témoignage poignant ponctue ce récit choral. J'y ai vu aussi un hymne à la nature, avec laquelle l'héroïne vit en symbiose, et un message d'espoir, car si elle ‘chute' souvent (et pas ‘à moitié', comme elle le dit si bien), elle rencontre toujours une main secourable pour la sauver, in extremis. Dix ans après sa parution, ce livre renvoie aujourd'hui un écho troublant aux témoignages de migrants qui ont parfois couvert à pied des centaines de kilomètres à travers l'Europe. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : http://bit.ly/2EnKWpX
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Suivre l'histoire de Zoli, c'est suivre l'histoire du peuple rom : son ostracisation, son extraordinaire liberté, sa culture, ses traditions. C'est le parcours d'une femme libre qui paye le prix de la liberté qu'elle a chèrement acquise dans un milieu très clanique. Et la plume de Colum Mc Cann est toujours aussi belle et incisive.
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