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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cornelius Sutree est un marginal vivant de peu dans une baraque insalubre au bord de l'eau.
Nous sommes dans le sud des Etats-Unis dans les années cinquante et la société n'est pas tendre avec les déclassés de son genre.

Sutree est, il me semble, typiquement le genre de roman que l'on trouve formidable, ou à côté duquel on passe...

Il est vrai, que sa structure même, une suite de tranches de vie, sans réelle continuité narrative (il n'y a pas vraiment d'intrigue) peut décontenancer le lecteur, moi-même j'ai eu un peu de mal au début de ma lecture avec ce côté "coq à l'âne".

Mais le talent de l'auteur fait que ce qui pourrait être considéré comme des défauts, comme ce mélange de language littéraire très recherché et des dialogues argotiques, ajoute un plus...une fois qu'on est entré dans le roman.

Car, encore une fois, ce livre ne peut laisser indifférent, il n'est pas de ces romans faciles à lire, Sutree est une oeuvre assez exigeante, de celles qui réclament l'adhésion du lecteur et toute son attention.

En fait, j'ai commencé à lire ce roman une première fois en 2018 et je l'avais laissé de côté, il aura fallut cinq ans pour qu'une deuxième tentative soit la bonne, mais je ne regrette pas d'avoir consenti un effort pour découvrir ce roman qui va rejoindre ma sélection de livres pour une île déserte !
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Je suis démuni pour parler de ce livre. Il y a un tas de mots que je n'ai pas compris. Suttree de Cormac est un livre qui se mérite, un peu comme certains films de Malick, La plume du grand Mac est telle un pinceau prenant son temps sur la toile, là où une phrase suffirait pour décrire un vol d'oiseaux lui en fait des caisses. ici on est loin de Kerouac et de ses petites ballades peinardes sur la route avec son pote quoi qu'il se passe maman est là qui lui enverra un mandat.
Ici c'est l'Amérique des paumés, tout au bord de Knoxville vivent les parias, les exclus volontaires ou non du système, il y a des putes, des alcolos, des mendiants, des aveugles, des noirs des blancs, ça se bagarre, ça picole, ça survit.
Il y a de temps en temps des rencontres fortuites, des belles voitures, des chambres pourries à 5 $ la semaine lorsque que l'hiver est trop rude et que la rivière gèle, il y a des petites combines le café, le coca arrosé de whisky frelaté, le poêle de l'épicerie autour duquel se retrouve cette cour des miracles.
Je pourrais en dire encore et encore tant ce roman est riche, beau, superbement écrit, Cormac est un génie, ceux qui aiment Céline peuvent se jeter dessus, je le déconseille à ceux qui aiment la littérature qui se laisse lire toute seule.
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Avec Suttree, Cormac Mccarthy fait le portrait d'un homme par le biais de sa vie tumultueuse mais il fait surtout un portrait d'une Amérique, à mille lieues, de celle rêvée et imaginée. Il décrit ces oubliés du rêve américain, ces laissez pour compte, ces hommes et ces femmes, vivotant entre magouille et labeur pour survivre malgré tout.
Nous sommes dans le Tenessee à Knoxville dans les années 50. Suttree fait parti de ces hommes là, personnage mystérieux au passé incertain et flou : une brisure dans sa vie, un mariage et un enfant abandonné, une rupture avec sa famille un peu plus aisée, un passage en prison. le lecteur n'en sait guère plus...
Suttree vivote sur une barge bricolée en cabane non loin de Knoxville, survivant tant bien que mal en pêchant la truite et le poisson chat et en noyant sa solitude et son désespoir dans l'alcool.

Entre son passé lourd à porter et son penchant pour les soirées arrosées entre ivrognes, Suttree est un homme blessé mais profondément généreux, sociable et humain, toujours prêt à faire de nouvelles rencontres et à vivre de nouvelles aventures.
D'une saison de pêcheur de moules avec une famille ultra catholique, à l'aide précieuse prodiguée au jeune Harrogate lors de son séjour en prison, d'une séance de sorcellerie à ses nombreuses visites à ses amis indigents, Suttree nous entraîne dans ses pérégrinations inattendues.

Cormac Mccarthy livre avec ce roman un pavé éblouissant, qu'il a mis plus de vingt ans à écrire. Loin de la trilogie des confins et de la route, Suttree se rapproche peut être plus de ses écrits des débuts : l' importance apportée à l'ambiance et les nombreuses descriptions, le décalage entre lyrisme et oralité dépasse l'histoire en elle même.
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Un livre que l'auteur a mis 20 ans à écrire.

Mac Carthy y décrit avec une précision hallucinée la vie quotidienne des laissés pour compte de la société américaine dans les années cinquante. L'action se déroule à Knoxville où il résida lui-même, quelque part au bord de la rivière Tennessee.

On suit l'errance de Suttree le personnage principal, pêcheur de poissons chats de son état, entre prisons et hôpitaux, bouges mal famés et campements de fortune.

Comme tous les livres de Mac Carthy, celui-ci est empreint d'une grande sensibilité humaine et démocratique. On parvient ainsi jusqu'à l'essence commune de l'être humain.
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http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2008/01/les-rats-des-villes-cormac-mccarthy.html

Extrait :

Nous sommes dans les années cinquante, Bud Suttree a quitté Saint Louis, sa famille sans doute fortunée pour s'installer sur les rives du Tennessee, à Knoxville, parmi les parias, les noirs et autres rebuts du rêve américain. On ne sait pas ce qui a poussé Suttree à tout plaquer. Peu importe.
Suttree s'est fait pêcheur. Suttree pêche le poisson-chat. le Tennessee en regorge. Il faut dire que le poisson-chat qui hante les bas-fonds du fleuve et qui se nourrit de déchets est pratiquement le seul poisson à pouvoir vivre dans ces eaux infectes du Tennessee qui, à Knoxville, ne sont qu'un égout charriant épaves de voitures, charognes et déjections diverses. le poisson-chat est au Tennessee ce que Suttree est à Knoxville : ils survivent comme ils peuvent dans le merdier de leur environnement.
Dès le matin, Suttree relève ses lignes et part vendre ses poissons en ville. Cela lui rapporte quelques dollars qui lui permettent de se nourrir tant bien que mal, de se souler dans les bars sordides de la ville et, si la pêche a vraiment été bonne, de se rendre dans quelque sordide bordel pour se payer une toute aussi sordide pute.

A Knoxville comme ailleurs, la police veille sur les braves gens ; difficile dès lors pour les vagabonds et les poivrots d'échapper à la prison. C'est d'ailleurs là que Suttree rencontrera Gene Harrogate. Un brave gars, ce bouseux d'Harrogate. Un peu demeuré, mais gentil. Harrogate n'a que dix-huit ans. Il se trouve là, le cul criblé de plombs, parce qu'il a vandalisé un champ de pastèques. le fermier a été obligé de porter plainte pour justifier son tir. Il aurait préféré ne pas tirer, mais il fallait faire quelque chose : tous les soirs Harrogate se choisissait une pastèque dans laquelle il faisait un trou à l'aide d'un canif afin de pouvoir la baiser… Des dizaines de pastèques polluées : il fallait que ça cesse.
Harrogate a une tête de rongeur et, lui, le rat des champs, se fait rat des villes à sa sortie de prison.
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Quel magnifique roman, encore ! Cormac McCarthy s'installe durablement parmi mes écrivains favoris.
Suttree est le nom du personnage que nous allons suivre. Il s'agit d'un repris de justice, renié par sa famille et singulièrement par sa femme. Il s'est installé dans la cabane flottante d'un pêcheur qui s'en est allé pour toujours de Knoxville, une ville au bord de la rivière Tennessee. Très vite il est l'ami de tous les marginaux de ce petit coin d'Amérique, les Noirs, les Blancs (souvent clairement racistes), les Amérindiens, tous embourbés dans des situations de misère inextricable. La débrouille, les cuites au whisky home made particulièrement imbuvable, les embrouilles, les larcins, les copains, les gros steaks de viande rouge, et la pêche comme un moment suspendu sur la rivière dont l'auteur nous décrit tantôt la beauté extrême, tantôt l'écoeurante pollution (les tâches d'huile de moteur en surface et les préservatifs usagés, entre deux eaux, sont plus nombreux que les poissons chats). Il fait trop chaud en été, tellement froid en hiver, Cormac McCarthy est sans pitié, on le connaît pour cela. Mais voilà, dans ses romans d'une noirceur sans équivalent (on peut penser à La route, à sa trilogie des confins, disponibles chez Points), l'auteur trouve toujours une île, et cette fois, il s'agit de Suttree lui-même, un personnage sans foi ni loi, et néanmoins plein de bonté.
Comme dans tous les livres de Cormac McCarthy, il faut s'attendre à un style particulier, quelques séries de phrases sans verbes se contentent de décrire des paysages en les laissant surgir, tandis que des phrases à la longueur honorable, parsemées de vocabulaires parfois assez rare, change la lecture. Mais surtout, et grâce à la traduction de Guillemette Belleste et Isabelle Reinharez, le style de ce roman, pas encore à l'acmé de la trilogie des confins, est lyrique, emballant, attachant, superbe...
Il y a quelques romans publiés de Cormac McCarthy, alors on peut en lire un de temps en temps, et s'en réjouir chaque fois !
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Quelle expérience que la lecture de ce roman ! Ce n'est pourtant pas le plus facile et encore moins le plus agréable qu'il m'ait été donné de lire.
On suit les déambulations brumeuses de Cornelius Suttree dans Knoxville et ses environs à l'Est de l'État du Tennessee au début des années 1950.
Cormac McCarthy nous invite à un vagabondage à la fois sordide et sublime qui nous fait rencontrer des personnages dont le niveau de dépouillement ou de taux d'alcool dans le sang n'est pas concevable de nos jours dans nos sociétés modernes.
Si les années 1950 aux États-Unis sont florissantes, elles ne le sont pas pour tout le monde et il reste des poches de misère et de violence sociale dont on parle finalement assez peu dans les cours d'histoire.
Parfois, on ne sent perdu dans le récit mais peut-être qu'il s'agit d'un stratagème de l'auteur pour nous faire ressentir la vision trouble de Suttree après qu'il a vidé les deux tiers de sa pinte de whisky ?
En conclusion, Suttree est une lecture âpre mais qui renforce l'épaisseur littéraire de quiconque parvient au bout.
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Cormac McCarthy (1933) qui s'est fait connaître par ses livres filmés "De si jolis chevaux ", "La route" et "No Country for Old Men" a encore écrit bien d'autres livres, de véritables pépites comme "Suttree"! Précédemment publié sous le titre "Angel" (1996), "Suttree" est sans doute le livre que j'ai préféré de cet auteur américain qui a inspiré un tas d'auteurs, pour n'en citer que quelques uns : Daniel Woodrell, Philip Meyer ou encore Larry Brown, , peu importe le genre, grand nombre de ces d'auteurs contemporains et talentueux le citent tout comme lui citait William Faulkner. L'histoire de ce livre que j'ai aimé (le mot est faible) est celle de Suttree, un jeune homme qui a rompu avec sa riche famille et qui veut retrouver son identité en marge de la société américaine. Il vit dans une péniche sur les rives du fleuve Tennessee et tente de gagner sa vie en pêchant. Hanté par la pauvreté, la violence et la folie, il se sent lié à ses pairs qui cherchent refuge dans l'alcool et le crime, auprès des prostituées et entre eux. L'endroit d'où il vient ne semble guère important (il y a les cauchemars d'un frère jumeau mort, il y a une femme abandonnée, un fils mort) l'endroit où il va l'est encore moins.. Ce roman est une description graphique et intense du passage du temps, du caractère éphémère de la vie et de l'impact inexorable de la mort. Grâce à la précision lucide (et tellement belle) de l'écriture, la condition humaine tragique est douloureusement décrite en même temps d'une beauté bouleversante. "Suttree" est paru en 1979, l'histoire se déroule pendant les années '50, ce qui est logique, McCarthy a mis vingt ans à l'écrire. Un livre que l'on lit non seulement pour l'histoire mais aussi pour le style! Ce livre est selon moi le plus émouvant (je ne peux le dire avec certitude car il me reste à découvrir "Le gardien du verger", "Un enfant de Dieu" et "L'obscurité du dehors". Suttree est désormais un grand classique américain que je vous invite à découvrir si ce n'est pas déjà fait!
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Cormac McCarthy a probablement écrit là son chef-d'oeuvre, le roman de lui que je préfère (il m'en reste encore quelques uns à découvrir) et une de mes lectures les plus marquantes de ces dernières années.

C'est L'assommoir de Zola au pays de la rivière Tennesse dans les années 50. Ce sont Tom Sawyer et Huckleberry Finn qui pénètreraient dans l'univers de Faulkner. On est dans la grande tradition de la littérature américaine. J'ai pensé à La rue de la sardine de Steinbeck notamment. Suttree est un personnage magnifique et discret dont on sait initialement peu de choses. Il doit avoir dans les 25 ans, sort de prison et semble errer le long de la rivière Tennessee près de la ville de Knoxville depuis environ 2 ans. On découvrira par petites touches discrètes, et jamais totalement éclairantes, son passé douloureux (fabuleuse rencontre avec la mère en prison ou la scène de l'enterrement de l'oncle). Il vit de la pêche et le roman suit ses déambulations entre la rivière et la ville, révélant une véritable cour des miracles de laissés-pour-compte ravagés par l'alcool, de moribonds, de noirs entassés dans des bidonvilles, de prostituées, de petits malfrats.

Suttree parle peu et regarde ce qui l'entoure avec simplicité et générosité. Ce monde est à la fois trivial et sublime, le texte alternant des dialogues minimalistes et crus avec des descriptions de paysages et de personnages d'une force inouïe. L'introduction est un morceau d'anthologie littéraire (qui ne doit surtout pas rebuter par sa complexité et sa densité, c'est plus fluide ensuite rapidement) et tout le roman contient de nombreux passages extraordinaires. le traducteur a fait un boulot incroyable compte tenu de la richesse infinie de cette prose. On entre presque en lévitation devant ce parcours hypnotique que certains comparent à Joyce. Mais cela risque de faire fuir alors que ce roman se lit facilement avec un plaisir constant.

Et malgré la noirceur de ce monde, Cormac McCarthy ne grossit pas trop le trait. Il apporte même des touches d'humour avec le personnage du jeune Gene Harrogate, débrouillard maladroit qui croise le chemin de Suttree. Chaque personnage est superbement incarné et on est souvent ému et fasciné par chaque étape de ce parcours de renoncement au passé. Toutes ce "petites gens" constituant finalement la véritable famille de coeur de Suttree.

J'ai effectivement souvent pensé à "L'assommoir" pour la puissance visuelle que l'écriture procure, la sensation d'assister à la fin d'une époque avec l'arrivée des voies ferrées (qui remplacent les travaux d'Haussmann chez Zola), le temps que l'on prend à découvrir tous ces êtres humains qui semblent déjà se dématérialiser comme dans cet album photo familial que regarde Suttree. On retrouve aussi ce mélange de naturalisme et de réalisme poétique. Mais le style de Mac Carthy ne recherche pas le mélodrame, il y a quelque chose de plus sec et néanmoins bouleversant quand on arrive à l'issue de cette aventure à échelle humaine. Un très grand livre dont je ne cherche pas à déceler les quelques défauts eventuels.
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