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4,02

sur 1259 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Betty" avait été un coup de foudre monumental, c'est donc à pas prudents que je me suis engagée dans la lecture de son premier roman, redoutant de ne pas y trouver un autre coup de coeur.

Oubliez Betty, ce roman est diamétralement différent, ce qui ne change pas, c'est la patte de l'autrice, son talent pour faire vivre des personnages, pour les placer dans une suite de drames et happer le lecteur/trice au bout de quelques lignes.

Autopsy Bliss (un procès à ses parents pour l'avoir affublé d'un tel prénom) a eu envie d'inviter le diable dans la petite ville de Breathed. Peu de temps après son annonce, arrive un jeune gamin Noir, portant une salopette sale et se présentant comme le diable…

Nous sommes en 1984 et l'année a toute son importance. Les gens sont-ils si crédules que ça, en 1984 ? Il faut le croire. Ou alors, tout simplement, les gens aiment désigner un ou plusieurs boucs émissaires afin de se disculper, de trouver des réponses, des coupables ? Sans doute un mélange de tout ça…

Tant et si bien qu'après avoir rigolé devant le jeune Sal affirmant qu'il est le diable, les gens crédules ont changé leur fusil d'épaule une fois qu'un drame est survenu, même si Sal n'en était pas responsable. Après, ce sera l'escalade.

Fielding, le plus jeune fils de Autopsy Bliss, devenu pote avec Sal, nous racontera tout ça. Fielding est un jeune gamin que j'ai apprécié, son personnage était juste, réaliste. Sa mère était bizarre, mais cela a ajouté du charme à cette famille non conventionnelle.

Par contre, j'aurais aimé que Sal nous parle encore plus, qu'il nous raconte encore plus d'histoires, qu'il ne s'arrête pas de parler, tellement je buvais littéralement ses paroles. Il fera partie des personnages marquants, de ceux que l'on n'oublie pas, même avec Alzheimer.

De Sal, on ne saura pas grand-chose d'autre, hormis qu'il a de magnifiques yeux verts : soit on entre dans le jeu et on acquiesce au fait qu'il soit le diable (sans cornes ou pieds fourchus), soit on reste cartésien, on le prend pour un gamin banal qui se prend pour ce qu'il n'est pas.

Mais à chaque fois qu'il prendra la parole, on saura qu'il n'est pas un enfant banal, que quelque part, il a été touché par la grâce.

C'est un peu comme le tigre Hobbes (Calvin & Hobbes) dont on ne sait s'il est une peluche ou un vrai tigre parlant, chacun se faisant son idée, sans pour autant que cela pose un problème de réalisme dans le récit.

Ce roman abordera plusieurs sujets de société, tels que le racisme, l'homophobie, la crédulité des gens, l'effet de meute, sans jamais vraiment aller au fond des choses. D'habitude, cela m'agace, mais pas ici.

L'autrice réussit, en peu de mot, à en dire beaucoup, à nous faire comprendre toute l'ampleur de ces horreurs, en les mettant en scène dans la petite ville accablée de chaleur qu'est Breathed. Pas besoin d'en faire plus, tout est dit. C'est violent, dramatique, horrible. Ou comment dénoncer le racisme crasse et l'intolérance…

En alternance avec le récit de 1984, nous aurons celui de Fielding, devenu adulte, puis vieux, toujours marqué par les événements de 1984. le récit s'inscrivait parfaitement dans la continuité et il apportait beaucoup d'émotions au récit de notre gamin de 1984, nous éclairant sur ce qu'il advint de sa famille après cet été plus que caniculaire où les esprits se sont échauffés.

Deux romans puissants, voilà ce que Tiffany McDaniel a dans son stock. Deux romans différents, sans aucun rapport entre eux, si ce n'est la plume et la dénonciation du racisme et des intolérances, sous toutes ses formes (pas au lactose ou au gluten). Sans oublier le droit à la rédemption, au pardon, à obtenir une seconde chance…

Ce premier roman possédait déjà des personnages marquants, forts, profonds et un récit où l'on sent venir le drame, où l'on sent venir l'horreur et où l'on est impuissant à l'empêcher.

Des émotions, je m'en suis prise dans la gueule, dans les tripes et le passage avec le décès d'un enfant m'a fait un mal de chien, tant il était criant de vérité, de justesse. Pas de pathos, mais énormément de tristesse ressentie.

Le final était grandiose, horrible, terrible… Une histoire du Bien contre le Mal où les valeurs sont inversées. Un récit d'un drame annoncé. Un récit coup de poing et coup de coeur à la fois.

"Je ne suis pas le maître de l'enfer. Je ne suis que sa première et sa plus célèbre victime".

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☀️ L'été où tout a fondu - Tiffany McDaniel ☀️
Traduction : Christophe Mercier

État de l'Ohio, dans les années 80 : le procureur Autopsy Bliss invite le Diable dans sa petite ville de Breathed. Ce n'est pas un démon rouge et cornu comme dans l'imagerie populaire qui répond à cette invitation, mais Sal, un jeune garçon noir aux étranges yeux verts. La famille Bliss, qui le pense échappé d'une ferme voisine, l'accueille chez elle. le temps d'un été, Sal partage donc la vie de Fielding, de son grand frère Grand, parfaite incarnation de l'idéal américain, de sa mère, qui craint trop la pluie pour s'aventurer dehors, de l'irascible tante Fedelia et de la vieille chienne Granny. Mais sous ses airs de poète, le jeune homme semble semer l'agitation partout où il va. Canicule sans pareille, événements inquiétants et accidents suspects viennent attiser le climat de discrimination et de ferveur religieuse qui règne sur cet Etat du Midwest - jusqu'à ce que la suspicion, le fanatisme et la mort s'emparent peu à peu de la ville...
Entre cette quatrième de couverture et la chronique de Dealer de lignes je ne pouvais résister à l'envie de lire ce livre 😊.
C'est dans l'atmosphère caniculaire et oppressante d'une petite ville que se déroule l'histoire, racontée par un Fielding devenu un vieil homme aigri et malheureux. C'est l'histoire d'un été qui marqua la fin d'une vie familiale heureuse, d'une enfance innocente et joyeuse. Car en l'espace d'un été tout va basculer, la ville va bruisser de rumeurs, les drames vont s'enchaîner et libérer les peurs, les superstitions et la folie sur un coupable tout désigné : le Diable! L'horreur dont sont capable les Hommes va s'emparer de la ville, sur fond d'intolérance, de violence et de rejet mais les bonnes choses n'en seront pas moins présentes. Fielding nous parle aussi de son amour et de son admiration pour son grand frère, de son amitié pour Sal qui semble comprendre les choses comme personne et voir ce que les autres ne voient pas ou ont choisi d'ignorer.
Le Diable sert ici à montrer l'Homme dans ce qu'il a de bon et de mauvais. La pression monte tout au long du roman pour se relâcher avec fracas à la fin, nous égratignant dans sa détonation, nous serrant le coeur.
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Betty a été un énorme coup de coeur pour moi, un livre auquel je repense encore souvent.
J'étais donc impatiente de découvrir le nouveau roman de Tiffany McDaniel et particulièrement intriguée par son thème pour le moins original : lorsque le procureur de la ville de Breathed invite le diable, c'est un jeune garçon noir aux yeux verts qui se présente à sa porte au début de l'été 1984.
Adopté par la famille, sa présence provoque cependant des remous au sein de la communauté, d'autant plus que des événements inhabituels se produisent.
La vague de chaleur qui frappe la ville lors de cet été caniculaire transforme cette paisible petite bourgade de l'Ohio en véritable enfer et semble faire fondre le cerveau des habitants, qui perdent tout sens commun et toute rationalité face à ce jeune garçon dont la capacité à lire dans les âmes fascine autant qu'elle effraie.

Plusieurs décennies plus tard, Fielding, le fils du procureur, va raconter petit à petit les actes de la tragédie qui s'est jouée lors de cet été 1984, alors qu'il avait 13 ans. Un été qui changera à jamais sa vie et celle des habitants de la commune, et qu'il va porter comme un poids, fuyant tout ce qui pourrait le rendre heureux jusqu'à la fin de son existence.

J'ai eu grand plaisir à retrouver la plume envoûtante Tiffany McDaniel, ses personnages singuliers et son talent pour instiller de la poésie et de la lumière dans les histoires les plus cruelles et les plus sombres.

J'ai cependant trouvé le rythme un peu lent et il y a quelques longueurs, ce qui ne m'a pas permis de rentrer totalement dans le roman, même si la tension monte au fil des pages et que le final est époustouflant.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Gallmeister pour cette découverte.
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Pardon mais.

Je trouve ça complètement dingo de choisir deux lectures à la suite, qui à priori, n'ont rien à voir ensemble. Et …

J'avais adoré Betty, vraiment, et peut-être, oui peut-être que je regrette de l'avoir lu avant L'Été où tout a fondu. Parce qu'il est tellement, tellement beau. L'Été où tout a fondu se nourrit de classiques de la littérature américaine et pose son décor dans une chaleur estivale dans laquelle la Mort, le diable, la maladie, viennent fricoter avec la fin de l'enfance.

On s'amuserait presque à cibler les influences de Tiffany McDaniel à narrer l'histoire de Sal, jeune diable invité par le père de Fielding, on s'amuserait presque à voir Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Bénis soient les enfants et les bêtes, quelques romans de son ainée Louise Erdrich. Oui, les similitudes sont frappantes mais à la fois tellement intelligentes que.

Bordel ! et cette passerelle avec Les enfants endormis, que j'ai lu juste avant. Je ne m'y attendais tellement pas. Je l'ai sentie venir au bout de quelques pages à peine, mais. Je me suis encore fait cueillir, petit lapin que je suis.

Oh je vous invite vraiment à lire ce roman, et si vous n'avez pas encore lu Betty, commencez par celui-ci, c'est un ordre parfait, une pièce manquante du puzzle McDaniel.

Pétard, donnez moi un roman où rien ne fond, qui ne me dévaste plus, que je puisse finir mon été sans avoir cette délicieuse envie de me calfeutrer dans l'automne à venir…

Une merveille !
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Cet été là fut torride à Breathhead, petite ville de l'Ohio
Cet été là, Sal, un jeune garçon de treize ans débarque en se présentant comme le diable.
Il est adopté par la famille Bliss et devient l'ami du fils Fielding.
Cet été là, les esprits s'échauffent, les gens deviennent fous.
Cet été là, ils attribuent tous leurs malheurs à Sal.
Quel roman lourd et compliqué, mais quel beau roman quand même.
C'est beau et terrible.
C'est sombre et lumineux.
C'est prenant et long à la fois.
Premier roman de l'auteure de Betty, il révèle déjà toute la richesse de son imagination.
Tout la poésie de son écriture.
Tout le mystère qui entoure ses personnages.
Le début ressemble à un conte.
C'est une histoire d'amitié, d'intolérance, d'impuissance
Oui, finalement, même si j'ai parfois trouvé un peu le temps long, sauf dans le dernier quart du livre, c'est un bon livre.
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« À en croire les apparences, il n'était toujours qu'un garçon comme les autres. de mon âge à peu près, mais cette tranquillité solennelle qu'il affichait me faisait penser que dans son âme, il était âgé. Un garçon qui, dans sa boîte de crayons de couleurs, avait dû utiliser le noir plus que tous les autres. »
Lorsque le père de Fielding, treize ans, a fait publier son invitation dans le journal de la localité, cet été caniculaire de 1984, personne ne pouvait imaginer qu'il y aurait une réponse et encore moins une visite en personne. Car c'est au diable lui-même qu'était adressée l'invite, incarné dans le corps d'un adolescent à la peau noire, du même âge que Fielding, dénommé Sal (contraction des premières lettres de Satan et de Lucifer). L'arrivée du garçon constituera un point tournant pour la famille de Fielding et pour les habitants de la ville, rapidement fanatisés par l'un des leurs, Elohim, un homme blessé dans son orgueil et qui n'hésitera pas à rejeter tous les maux de la terre sur Sal.
Une allégorie sur les ravages de l'intolérance et du sectarisme qui se déploie lentement et dont on peut seulement apprécier la pleine mesure une fois la dernière page tournée.
C'est au tour de Betty de la même autrice de rejoindre le dessus de ma PAL.
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Après mon coup de coeur pour Betty, je me suis précipitée sur un autre roman de Tiffany McDaniel.

Dans l'Ohio, dans les années 80, Autopsy Bliss invite le diable à venir à Breathed, grâce à une petite annonce dans le journal.
Se présente alors un adolescent noir en salopette qui prétend être le Diable.
Le temps d'un été, Sal, ainsi qu'il décidera de se faire nommer, va devenir comme un frère pour Fielding Bliss, le narrateur et comme un membre à part entière de la famille Bliss.
Son arrivée va étrangement coïncider avec une vague de chaleur d'une troublante intensité et une série de drames.

Mais ces drames sont-ils à imputer au Diable ou à l'intolérance des habitants envers la différence ?

Tiffany McDaniel propose un roman tout à fait singulier, à la limite du fantastique. Ses personnages sont tout sauf manichéens et interrogent profondément sur les notions de bien et de mal. Racisme, homophobie, dérives pseudo-religieuses, elle traite de l'intolérance sous toutes ses formes pour interroger l'âme humaine et les ressorts de la peur. Elle chatouille et provoque le diable qui se terre dans chacun de ses personnages.

L'autrice a une fois de plus amené de la poésie et des moments de grâce dans un roman très sombre (notamment une scène avec des roses qui cachent des ecchymoses, une séance de coiffure ou une scène avec des feuilles mortes). Pour autant, je n'ai pas retrouvé l'envoûtement que m'avait procuré la lecture de Betty.
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L'été où tout a fondu est un roman puissant et impitoyable qui déchiquette le coeur et nous renvoie comme le narrateur à nos démons. Un été caniculaire, une invitation et l'arrivée d'un jeune garçon noir étranger qui prétend être le diable peuvent t-ils expliquer à eux seuls le démembrement d'une famille? Reste à Fielding devenu un vieux solitaire taciturne les douleurs fantômes qui tiraillent aux souvenirs de cette famille ordinaire, un peu cabossée qui partageait un amour inconditionnel et intense. Quand la peur et le doute envahissent les esprits, la folie n'est pas loin. Quelques événements étranges, une chaleur insupportable, quelques « bonne âmes » qui attisent la haine, et elle se propage comme une maladie incurable.
Un récit à la fois éblouissant et inquiétant comme un feu qui hypnotise. Maitrisé, il est celui d'un foyer réconfortant mais libre et sans limite, il devient incontrôlable et conduit au pire. Une histoire poignante qui sonne malheureusement tellement vraie. A lire sans hésiter.
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Quelle idée de traiter d'un fait d'hiver en choisissant comme titre L'été où tout a fondu !
Oui, bien sûr c'est un mauvais jeu de mot pour un fait divers, mais pas tout à fait sans raison pour des coeurs glacés quand s'échauffent les esprits.
Et aussi un souhait d'inviter Tiffany Mc Daniel à venir réécrire l'histoire quand surviendra un nouveau fait divers impliquant une foule. Parce que ce n'est pas si simple de soulever un peu le tapis là où il semble ne rien se passer. Beaucoup de ce qu'on cache en société risque de re surgir en lave et on peut bien avoir l'impression qu'il suffira de peu pour que, près de chez nous, quelqu'un soit victime de manipulateur(s) plus ingénieux qu'ingénu(s).
En plus de l'aspect psycho généalogique de la trame Tiffany Mc Daniel sait conter et donne souvent envie de fermer les yeux pour apprécier les images issues des petits riens de la vie, de se boucher les oreilles tant elle nous fait percevoir les cris des explosions de sentiments.
Son but ne sera sûrement pas de nous faire ressortir apaisés. Cette description élaborée de tourments aux tournants de nos vies fait trembler et tremper dans toutes les émotions, en remerciant que la littérature sache faire battre nos coeurs.
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L'histoire se déroule en 1984 dans l'Ohio. Fielding, devenu vieux, vit à présent dans un mobil home délabré. Des décennies après, il nous raconte les événements de cet été là.
Fils du procureur Autopsy Bliss, il vient d'avoir 13 ans. La famille est heureuse. Autopsy est très aimant, entourant ses proches d'amour et d'attention. Il reste très attaché cependant aux valeurs traditionnelles et à la réussite de ses enfants. Grand, l'aîné est promis à un brillant avenir et voudrait devenir champion de baseball. Fielding encore bien jeune, fait tout ce qu'il faut pour satisfaire ses parents.
Stella la mère est fragile psychologiquement. Elle ne veut plus sortir de la maison depuis des années car elle a peur de la pluie, pour des raisons qui ne seront dévoiler que plus tard dans le roman. En attendant comme elle rêve de voyager, elle a décoré la maison d'une manière très originale, chaque pièce représentant un pays. L'ambiance dans la maison est donc très particulière.
Cet été là, Autopsy, hanté par le bien et le mal de ce siècle, défit le diable de venir à sa rencontre...et décide de passer une petite annonce dans le journal local en ces termes :
« Cher Monsieur le Diable, Sieur Satan, Montseigneur Lucifer, et toutes les autres croix que vous portez, je vous invite cordialement à Breathed, dans l'Ohio. Pays de collines et de balles de foin, de pêcheurs et de miséricordieux.
Puissiez-vous venir en paix.
Avec ma foi la plus sincère,
Autopsy Bliss »
Peu de temps après, c'est un jeune ado de 13 ans qui se présente, prétendant être le diable en personne. Bien sûr, personne ne le croit car il est noir, a de grands et beaux yeux verts, ne porte ni corne ni trident et ressemble à tous les ados de son âge. Il se nomme Sal.
Pensant que le garçon a tout simplement fugué, le Stella et Autopsy l'accueillent dans leur maison, comme s'il était leur fils, en attendant que le shérif local enquête pour retrouver ses parents. le garçon va peu à peu s'intégrer dans la famille et y vivre durant tout un été, tout en ne dévoilant toujours rien de ses origines. Il va partager la vie de Fielding et les deux ados vont devenir très proches et ne plus se quitter.
Tout se passe bien au début mais c'est sans compter sur la population de la petite ville de Breathed...
Au début ce sont quelques incidents bénins, qui attirent l'attention de la population sur Sal, puis d'autres plus graves attisent les rumeurs. L'intolérance fait place peu à peu à la bienveillance de départ. le jeune Sal se retrouve de plus en plus souvent montré du doigt comme étant le responsable de ces accidents.
Puis c'est autour de la famille du procureur d'être accusée, les gens rejetant sur eux les drames qui adviennent et jusqu'à cette chaleur insupportable et étouffante qui sévit cet été là dans la région...faisant fondre jusqu'à la raison des différents personnages.
Sal est-il ce qu'il prétend être ou un simple ado maltraité qui a trouvé refuge loin de chez lui pour vivre une vie la plus normale possible ?
Alors que des drames imprévisibles s'enchainent...Elohim, le voisin de la famille, aigri par sa vie, fait de Sal un coupable idéal et se transforme en gourou. Il va monter contre Sal toute une partie de la population qui va le suivre sans réfléchir, jusqu'au drame...

Ce roman était déjà paru en 2019 chez Joëlle Losfeld et est aujourd'hui épuisé. Il s'agit donc d'une réédition, Gallmeister ayant décidé de le republier dans une nouvelle traduction de François Happe pour cette rentrée littéraire.
C'est le premier roman écrit par l'auteur bien avant "Betty, présenté ICI", un roman dur mais que j'avais beaucoup aimé, et qui avait été largement primé.
Le lecteur y retrouve les grands thèmes qui ont fait la force et le succès de "Betty" : le racisme, l'intolérance, la religion et ses croyances, le poids de la rumeur dans les petites villes et villages mais aussi la pression familiale et les non-dits.
Les noms de certains personnages et lieux ne sont pas dus au hasard. le procureur Autopsy, a un nom qui vient du grec "autopsia" qui signifie : "action de voir par soi-même" ; leur nom de la famille "Bliss" veut dire "bonheur" ; et Elohim veut dire "Dieu". Quant à Sal c'est un nom conçu à partir de Satan et Lucifer.
C'est un roman d'apprentissage étrange et dérangeant. Il est noir très noir même, et même parfois oppressant. Bien entendu, il est avant tout question du bien et du mal et de la religion, des croyances ou des superstitions qui poussées à l'extrême peuvent mener au fanatisme et à la perte de son libre-arbitre. Mais il est aussi question de l'innocence perdue, du passage de l'adolescence à l'âge adulte, de la découverte de la noirceur du monde qui nous entoure.
L'histoire est surprenante et en lisant les premières pages, je me suis demandée où l'auteur allait m'embarquer. Mais ayant beaucoup aimé "Betty", je lui ai fait confiance et je n'ai pas été déçue.
J'ai aimé la manière dont l'auteur traite de ces sujets sensibles, racisme et homophobie en particulier mais aussi maltraitance, fanatisme, traumatismes. Par contre certains passages sont éprouvants pour le lecteur et d'une rare violence, surtout à la fin du roman.
Le roman alterne entre l'été 1984 et le présent alors que Fielding devenu vieux, tente de survivre seul dans son mobil home avec comme rare compagnon, un petit garçon habitant seul avec sa mère dans le mobil home à côté.
Les personnages sont attachants (ou détestables) et d'une grande fragilité émotionnelle. Ils tentent tous d'oublier des éléments de leur passé comme Fielding tentera d'oublier les événements de cet été là car sa vie ensuite ne sera plus jamais la même.
Sal qui est au centre du récit, se trouve être un ado terriblement troublant, réaliste, sincère, très mature, et un poète qui s'ignore. Ces actes et réflexions sont d'une grande sagesse pour son âge. Il sait mettre de la poésie dans la vie quotidienne de ceux qui souffrent. Bien entendu, il faut voir dans le personnage de Sal un symbole, le diable étant l'étranger, celui par qui le mal arrive, ce qui donnera bonne conscience à ceux qui ne l'aiment pas, tout simplement parce qu'il est différent.
La société américaine de l'époque est très bien décrite. Les années 80 ont été marquées par la découverte du SIDA, stigmatisant la population gay, rejetée par les conformistes et les bien-pensants, mais aussi par le racisme. Cette ambiance est remarquablement bien restituée par l'auteur qui a une plume magnifique, inoubliable, emplie à la fois de douceur et de tendresse, émouvante de sincérité et de justesse ce qui donne à ce roman une force incroyable.
A noter enfin, les chapitres démarrent systématiquement par une citation du "Paradis perdu" de John Milton.
C'est donc un roman dur sur la noirceur de l'âme humaine, la peur de l'autre et les ravages de la foi.

Un livre à découvrir d'autant plus qu'il vient d'obtenir le Prix Livres Hebdo des Libraires 2022 dans la catégorie "Romans étrangers".
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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