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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Cela lui vint comme un cadeau ; un grand oiseau gris s'envola à son approche en jetant un cri d'alarme. Tandis qu'il prenait de la hauteur et virait de l'aile pour s'éloigner au-dessus de la vallée, il émit un son flûté sur trois notes dans lesquelles Clive reconnut l'inversion d'une ligne déjà écrite de sa partition, destinée au piccolo. Quelle élégance, quelle simplicité. » (...) Il lui vint l'image d'une volée de marches se dépliant, glissant, s'abaissant – hors de la trappe d'un grenier, ou de la portière d'un avion léger. Une note planait sur les suivantes et les suggérait. Il l'entendait, il y était, et puis cela s'effaça. Il n'avait plus que la lueur d'une cruelle image rémanente, et l'écho fuyant d'un petit air triste. »

J'ai beaucoup aimé ce roman, la construction, la fin épatante, mais ce qui m'a le plus plu a été la description de la naissance d'une musique dans la tête d'un compositeur. J'ai pu approcher ce que ça doit être avec cette lecture car la plume de Ian McEwan est virtuose quand elle se met à décrire le génie qui vient enchanter l'âme, lui chanter le doux refrain qui lui fera découvrir la mélodie qui marquera les esprits durant des siècles. Enfin, ce qui m'a clouée, frappée : l'appendice avec la reprise du poème de William Blake, Un arbre empoisonné. Je ne le connaissais pas du tout et je fus statufiée pour ainsi dire, à me voir le lire et le relire sans pouvoir fermer ce livre avant encore une dernière lecture.

« J'étais en colère contre mon ami ;
Je lui dis mon courroux, mon courroux s'éteignit.
J'étais en colère contre mon ennemi :
Je lui dis mon courroux, lors mon courroux grandit. »
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Ian McEwan, mon écrivain anglais préféré, a fait beaucoup mieux que ce petit roman à l'intrigue efficace mais capillotractée et dont une semaine après la lecture j'ai déjà presque tout oublié.
Ils sont pourtant plutôt réussis ces deux portraits de baby boomers, amis à la vie et nantis de tous les défauts que l'on adore reprocher à cette génération : enfants bénis des dieux économiques portés au succès par la vague des trente glorieuses, égotistes jusqu'à l'écoeurement, Clive et Vernon, s'ils se sont choisi des voies différentes pour exprimer leur génies respectifs, ont néanmoins en commun trois choses : une amante, la sidérante Molly sur la tombe de laquelle s'ouvre le roman, une même capacité à tourner sans vergogne le dos à leurs idéaux de jeunesse, et enfin la même absolue incapacité à prendre le tournant du siècle. Ils ont eu beau signer un pacte pour éviter la honte d'une piteuse sortie de route, quand ça veut plus, ça veut plus.
Reste néanmoins la plume fluide acerbe de McEwan qui croque les travers des milieux de pouvoirs britanniques avec une méchanceté jubilatoire.

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Noir c'est noir....
Un décès, des amis, des cas de conscience...Ian McEwan nous plonge ici dans une histoire originale (comme souvent chez lui). On retrouve son écriture toujours brillante, ironique et remarquablement intelligente. Il s'agit d'un livre plus ancien (1998) qui m'a toutefois moins touché que ses oeuvres ultérieures. Il a été couronné du prestigieux Booker Prize.
Ma "note" s'explique par le fait que cela m'est apparu comme un McEwan un peu plus mineur, mais je l'ai lu avec plaisir et certaines scènes resteront gravées en moi. On retrouve sa capacité incroyable à s'immerger dans des domaines complexes, la neurologie, les robots, ou bien ici la musique "contemporaine" par le biais du personnage de Clive.
Quels sont les droits supérieurs des génies se demande notamment McEwan ? Je vous laisse découvrir la réponse...
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Ce roman, le premier que je lis de cet auteur, en dépit d'une narration fascinante et d'une écriture magnifique, m'a laissé perplexe, je ne sais pas trop quoi en penser, je crois qu'il peut y avoir plusieurs lectures, notamment selon l'âge du lecteur.

Personnellement, j'y ai ressenti, derrière l'écriture impeccable et raffinée, d'abord l'histoire, au minimum du déclassement de celui ou de celle qui vieillit et devient « has been » sans s'en rendre compte, au plus, du spectre de la déchéance et de la mort.
Mais on peut la lire aussi comme la critique féroce des nantis qui, ayant eu la chance de naître dans la période des « Trente Glorieuses », ont piétiné leurs idéaux, et vivent dans l'égocentrisme et l'hubris.

Deux amis, ou qui croient l'être, se retrouvent lors des funérailles de celle dont ils furent tous deux amants, Molly Lane, une femme libre et pleine de vie, mariée à un vieil homme, George Lane, en apparence insignifiant, mais qui se révélera en fait un grand manipulateur. Molly Lane, grande critique gastronomique, a sombré dans la démence sans réaliser son état, et de ce fait, sans avoir pu demander le suicide assisté dont, quand elle était en bonne santé, elle avait le projet dès qu'elle aurait compris qu'elle était condamnée à mourir.

Il y a Clive Linley, un compositeur vieillissant, qui se débat avec la composition du final de sa Symphonie du Millénaire, une oeuvre qui lui a été commandée en prévision du passage à l'an 2000. Un homme peu sympathique, imbu de lui-même, tout imprégné de la valeur de l'ensemble de l'oeuvre qu'il va laisser à la postérité, égocentrique et gagné par l'hubris.

Il y a aussi Vernon Halliday, directeur de la rédaction d'un journal en perte de vitesse, aux rubriques vieillottes, et qui espère le relancer en publiant des photos à scandale.

Ces deux-là ont une bien étrange amitié, qui se mêle d'aversion voire de haine réciproques, et d'une peur commune de la déchéance qui les amène à sceller un terrible pacte. Mais ils ont aussi en commun la détestation d'un autre ancien amant de Molly Lane, John Garmony, un politicien réactionnaire, opposé à l'IVG et partisan de la peine de mort, actuel Ministre des Affaires Étrangères, mais qui se verrait bien Premier Ministre.

Tandis que nous découvrons, quasiment de l'intérieur, et c'est remarquable, l'évolution de la création de l'oeuvre symphonique d'un Clive tantôt inspiré et fiévreux, tantôt abattu et cherchant à se ressourcer dans une randonnée montagnarde (des pages superbes), Vernon reçoit du mari de Molly Lane plusieurs photographies intimes prises par Molly, et compromettantes de John Garmony. Il perçoit tout le profit qu'il peut tirer de leur publication pour relancer les ventes de son journal. Demandant l'avis de son ami Clive, il rencontre une opposition farouche de ce dernier qui lui objecte le respect dû à la mémoire de leur ancienne maîtresse.

La suite du récit est faite de rebondissements inattendus, jusqu'à une fin dans la ville d'Amsterdam, je ne vous dis pas pourquoi, une fin en forme de farce tragique et cruelle, qui illustre toute l'illusion dans laquelle l'un et l'autre vivaient. Mais dont le sens m'est apparu alambiqué, d'ailleurs y en a-t-il un?
Ceci dit, il y a une façon de raconter fascinante, d'une ironie distanciée, féroce, sans équivalent à tout ce que j'ai déjà lu.
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Le premier chapitre donne le ton: deux amis attendent la fin de l'incinération de Molly, amie ou maîtresse. L'un est compositeur, l'autre journaliste, l'hypocrisie des condoléances ne laisse aucun doute. Leur point commun: l'inimitié envers un autre amant de la défunte, ministre des Affaires étrangères. Lorsque le journaliste sort des révélations fracassantes, il est loin de se douter que rien ne se passera comme prévu. le compositeur, imbu de lui-même, n'est pas le plus sympathique des personnages. Ian McEwan ne montre aucune indulgence: hypocrisie, vanité, opportunisme... y a t-il une amitié qui résiste à l'intérêt?
L'intrigue est machiavélique, le roman est cynique et le final... diabolique.
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J'ai adoré le roman de Mc Ewan sauf la fin qui a gâché tout le bien que je pensais de ce livre. L'auteur y développait portant des thématiques très intéressantes et qui sont terriblement d'actualité avec une grande intelligence dans la psychologie des personnages.
Ce roman parle la moralité de la vie publique, des médias et du côté outrancier possible de leur Une pour vendre du papier. Il parle également de la lâcheté de l'homme, qui n'hésite pas en pleine création artistique à sacrifier une femme. Il parle de nos sociétés dans lesquelles chacun ne pense qu'à soi et où l'altruisme n'existe plus que ce soit à titre individuel ou dans la vie publique. Beaucoup de questions sont posées : faut-il sacrifier un être humain au profit de l'argent ou de la création, jusqu'où peut aller le concept de la liberté de la presse, l'artiste peut-il être différencié de son oeuvre. Entre l'affaire Griveaux et Polanski , ce livre écrit en 1998 est terriblement actuel.
Seule l'épouse de Julian Garmony me semble être un être humain digne de ce nom.
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Bref, efficace, bien construit. Au début j'ai aimé la note vintage et à la fin la satire et le dénouement tragicomique.
Un extrait :
« Cette maison concrétisait l'histoire d'une vie adulte : évolution des goûts, extinction des passions et croissance de la fortune. Les couverts de bazar du début occupaient toujours dans la cuisine le même tiroir que l'argenterie ancienne. Des tableaux d'impressionnistes anglais et danois étaient accrochés à proximité d'affiches panées des premiers triomphes de Clive ou de concerts de rock mémorables – les Beatles au Shea Stadium, Bob Dylan à l'ile de Wight, les Rolling Stones à Altamont. Certains de ces posters valaient plus cher que les tableaux. » P74
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Ce résumé est mauvais mais comment dire en peu de mots le vrai sens de l'histoire sans dévoiler tout le contenu de ce roman d'Ian McEwan ? le décès de Molly n'est que le prétexte pour l'auteur de nous introduire dans la vie de deux amis, je dirai plutôt des connaissances de longue date qui ont, à un moment de leur vie, partagé le lit de Molly.
L'ambiance est assez particulière : nous évoluons dans un univers très masculin dans la peau de deux hommes obnubilés par leur carrière professionnelle. Clive est un artiste solitaire, qui ne vit que pour sa symphonie ; Vernon, lui, dirige un journal en déclin et cherche tous les moyens pour booster le chiffre d'affaires. L'auteur met surtout l'accent dans ce roman sur les choix moraux et les raisons avancés par les deux protagonistes pour justifier leurs gestes : faut-il, par peur de laisser échapper l'inspiration, détourner les yeux face à une personne en danger ? Et pour Vernon, va-t-il détruire la vie personnelle et professionnelle d'un politicien pour sauver son journal ?
L'auteur met le doigt sur les travers humains, sur les mécanismes d'autojustification pour masquer la honte et pour libérer la conscience d'avoir fait une action injuste. Chacun met un masque bienveillant mais en dessous se cache des choses bien vilaines, des choses qu'on ne souhaite pas que les autres voient, des monstres d'égoïsme et d'indifférence qui se tapissent et qui se barricadent derrière tel ou tel justification. Je suis sortie de ce livre satisfaite car j'aime ce genre de lecture tortueuse qui nous renvoie le miroir cruel de la société actuelle. Ce n'est pas joli à voir mais ça pourrait bien être l'un de nous, l'un de nos voisins, collègues, ami(e)s ou famille…
Le style d'écriture est limpide, clair, fluide et très agréable à lire. La fin est assez originale, mais sans suspens pour moi. Je me doutais qu'ils allaient en arriver là.
A lire ? Of course !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Deux amis de longue date se retrouvent pour la délicate cérémonie de crémation d'une femme brillante, morte le cerveau en capilotade, et qu'ils ont aimé chacun à leur heure. le cérémonial a lieu sous le regard de Cerbère du dernier amant en date, qui a accompagné la défunte dans sa dernière maladie. Clive Linley est un compositeur qui a le vent en poupe et qui sacrifie toute considération éthique à son art. Vernon Halliday est le directeur de rédaction d'un journal dont les ventes stagnent. L'opportunité de révéler les moeurs particulières d'un ministre réactionnaire en vue qu'il exécre, grâce aux photos fournies par le dernier amant de la disparue, montrant le politicien dans des poses suggestives, se présente à lui. Loin de lui l'idée de laisser passer l'occasion de faire exploser les ventes du quotidien grâce au scandale. Les deux amis ne s'embarrassent donc pas de déontologie pour faire triompher leurs intérêts.  À l'inverse, ils sont tout aussi  prompts à relever ce travers chez l'autre, ce qui entraîne une dégradation soudaine de leurs rapports.

Pour Ian McEwan, l'ambition que requiert notre vie trépidante n'est pas sans danger pour les amitiés les plus solides. Priorisation des intérêts, manque de temps, malentendus, rancoeurs recuites, il n'y a qu'un pas entre la camaraderie et la lutte fratricide. Amsterdam ne dément pas l'aptitude de l'auteur à bien se documenter à propos des univers qu'il souhaite aborder, à construire habilement une intrigue, déroulant gentiment sa petite musique qui captive le lecteur. 
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Le nom de l'auteur me disait q.q.chose ...il a écrit le magnifique roman "Expiation" dont Joe Wright à fait un film.

J'ai trouvé "Amsterdam" un peu déroutant, c'est-à-dire qu'on a aucune idée ou on s'en va .... ça s'imbrique peu à peu et on fait des liens .... Intrigue diabolique !
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