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Citations sur Solaire (51)

Une semaine plus tard, après qu'elle l'eut introduit en cachette dans sa chambre, et au son de Sergeant Pepper sur l'électrophone de marque Dansette, qu'il avait réparé l'après-midi même avec son fer à souder fumant, ils devinrent enfin amants. Il trouvait désormais odieuse l'expression "fille facile", qui sous-entendait que Maisie appartenait à tout le monde. Cette dernière était néanmoins bien plus libre et audacieuse, inventive et généreuse en amour que les autres filles qu'il avait connues. Elle savait aussi faire la tourte au steak et aux rognons. Il décida qu'il était amoureux.
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Il commençait à comprendre que, les accidents mis à part, rien ne changeait dans l'existence. On l'avait trompé. Il avait toujours cru qu'à l'âge adulte arriverait un moment, une sorte de pallier où il aurait appris tous les trucs pour s'organiser [...]. Mais peu après la naissance de Catriona, à l'époque de sa rencontre avec Darlene, il crut pour la première fois entrevoir la vérité : le jour de sa mort, il porterait des chaussettes dépareillées , aurait des mails en retard ...
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A trois ans, Catriona était déjà le genre de fillette à se soucier, en ouvrant un cadeau, des sentiments de celui qui lui avait offert. Comment un esprit si neuf pouvait-il être si à l’écoute ? Elle refusait de priver son père du plaisir qu’il espérait lui faire.. Comment un esprit si neuf pouvait-il être si à l’écoute ?
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Melissa tentait de le dissuader d'apporter des cadeaux [à sa fille] -- "C'est de TOI qu'elle a besoin" -- mais il ne pouvait se défaire de son éternelle habitude d'attendrir les femmes par des surprises enfouies dans du papier multicolore. Sans cadeau, il arrivait nu, exposé à des requêtes imprévisibles, incapable de justifier ses absences, contraint de payer inconfortablement de sa personne, de se découvrir.
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A son âge, sans enfant, et sur le point de divorcer pour la cinquième fois, il pouvait se permettre une pointe de nihilisme. La terre n'avait besoin ni de Patrice ni de Michael Beard.
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L'âge de pierres n'a pas pris fin à cause d'une pénurie de cailloux.
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Le reste du temps, il écoutait et il buvait. Après deux ou trois verres de blanc, le rouge descendait aussi facilement que de l’eau, du moins au début. Il y avait différents thèmes, certains se répondant en canon, d’autres se mêlant, comme la déception et l’amertume : le siècle venait de se terminer et le changement climatique restait une préoccupation mineure. Bush avait mis en pièces les modestes propositions de Clinton, les États-Unis tourneraient le dos à Kyoto, les espoirs nés voilà longtemps à Rio étaient morts. Succédant à la déception, l’inquiétude finit par dominer. Le Gulf Stream allait s’arrêter, les Européens mourraient de froid dans leur lit, l’Amazonie deviendrait un désert, certains continents seraient la proie des flammes, d’autres noyés sous les eaux, et dès 2085 la banquise disparaîtrait l’été et les ours blancs avec elle. Beard avait déjà entendu ces prédictions et n’en croyait pas un mot. De toute façon, il n’était pas homme à s’inquiéter de l’avenir de la planète. À son âge, sans enfant, et sur le point de divorcer pour la cinquième fois, il pouvait se permettre une pointe de nihilisme. La Terre n’avait besoin ni de Patrice ni de Michael Beard. Même si elle se débarrassait des humains, la biosphère se maintiendrait contre vents et marées, et dans dix millions d’années à peine elle grouillerait de nouvelles créatures, dont peut-être aucune n’aurait une intelligence anthropoïde. Qui regretterait alors que Shakespeare, Bach, Einstein ou la colligation Beard-Einstein soient tombés dans l’oubli ?
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- Au fait, Chef, avec moi tu peux parler franchement. Dis-moi, c'est vrai que la planète se refroidit ?
   - Quoi ?
   - Tu répètes sans arrêt qu'il n'y a plus de discussion possible, mais si. On n'entend que ça. La semaine dernière, une femme professeur d'études atmosphériques, ou quelque chose comme ça, en parlait encore à la télé.
   - Quoi qu'elle prétendre être, elle se trompe.
   - On en parle aussi beaucoup dans les milieux d'affaires. Ça fait de plus en plus de bruit. Les scientifiques se seraient trompés, mais refuseraient de l'admettre. Trop de carrières et de réputations en jeu.
   - Où sont les preuves ?
   - Il paraît qu'une hausse de zéro degré sept depuis l'ère préindustrielle, c'est-à-dire sur deux siècles et demi, est négligeable et ne dépasse pas les fluctuations habituelles. Et que les températures de ces dix dernières années ont été plus basses que la moyenne. Ici, on a eu quelques hivers assez rigoureux, ce qui n'aide pas nôtre cause. Il paraît aussi que trop de gens espèrent s'enrichir grâce aux subventions d'Obama et aux crédits d'impôts, pour dire la vérité. Et puis il y a tous ces professeurs, dont celle que j'ai citée, qui ont signé le rapport de la minorité sénatoriale - tu as dû voir le document.
   Beard hésita, puis commanda une autre bouteille. Le problème avec ces vins rouges californiens, c'est qu'ils se buvaient facilement, comme de la limonade, alors qu'ils titraient à seize degrés. Il ne put s'empêcher de trouver cette conversation indigne de lui. Elle le fatiguait autant que les discussions pour ou contre la religion, les cercles de culture ou les ovnis. " On en est à zéro degré huit, dit-il, ce n'est pas négligeable sur le plan climatique, et ça s'est produit pour l'essentiel au cours des trente dernières années. Par ailleurs, dix ans ne suffisent pas pour établir une tendance. Il en faut au moins vingt-cinq. Certaines années sont plus chaudes, d'autres plus fraîches que la précédente, et, si on traçait une courbe des températures annuelles, elle serait en zigzag, mais ascendante. En prenant pour point de départ une année exceptionnellement chaude, on peut facilement conclure à une baisse, du moins sur quelques années. C'est un vieux tour de passe-passe : on appelle ça de l'écrémage. Quant aux scientifiques qui ont signé ce document contradictoire, ils représentent une minorité de un pour mille, Toby. Ornithologues, glaciologues, épidémiologistes et océanographes, pêcheurs de saumons et opérateurs de remontées mécaniques : le consensus est écrasant. Certains journalistes à petites cervelles écrivent des articles critiques en croyant faire preuve d'indépendance. Et un professeur qui prend position contre le réchauffement climatique fera toujours parler de lui. Il y a des scientifiques incompétents, de même qu'il y a des chanteurs nuls et de mauvais cuisiniers."
   Hammer semblait sceptique. " Si la planète ne se réchauffe pas, on est foutu. "
   En remplissant son verre, Beard s'étonna qu'en tant d'années de collaboration ils aient si rarement discuté du problème à grande échelle. Il s'étaient toujours concentrés sur l'aspect financier, les problèmes qui se présentaient. Il prit également conscience qu'il était pratiquement soûl.
   " Les bonnes nouvelles maintenant. D'après les estimations de l'Onu, il y a déjà trois-cent cinquante mille personnes par an qui meurent à cause du changement climatique. Le Bangladesh est en train de sombrer parce que les océans se réchauffent, se dilatent, et que leur niveau monte. La forêt amazonienne connaît des périodes de sécheresse. Le permafrost sibérien libère du méthane dans l'atmosphère à haute dose. La glace fond sous la banquise du Groenland, mais personne ne veut en parler. Des plaisanciers ont emprunté le passage du Nord-Ouest. Il y a deux ans, on e perdu quarante pour cent de la banquise arctique d'été. Maintenant c'est le tour de l'Antarctique. L'avenir est là, Toby.
   - Mouais, possible
   - Tu n'es toujours pas convaincu ? Prenons le pire scénario. Imaginons l'impossible : les mille personnes ont tort et une seule a raison ; les données ne sont pas fiables ; il n'y a pas de réchauffement. Les chercheurs ont des hallucinations collectives, ou bien il s'agit d'un complot. Dans ce cas, il reste les arguments de toujours : sécurité énergétique, pollution atmosphérique, pic de la production pétrolière.
   - Personne ne va nous acheter des panneaux sophistiqués simplement parce qu'une pénurie de pétrole interviendra dans trente ans.
   - Qu'est-ce qui t'arrive ? Des problèmes conjugaux ?
   - Pas du tout. C'est juste que je me démène, et ensuite des types en blouse blanche viennent dire à la télé que la planète ne se réchauffe pas. Ça me fait flipper."
   Beard posa le main sur le bras de son ami, preuve certaine qu'il avait bu plus que de raison. " Écoute, Toby. La catastrophe est imminente. Détends-toi !
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J'ai découvert en premier lieu que, lors d'une crise grave, on comprend, parfois trop tard, que la cause du problème ne se trouve ni chez les autres, ni dans le système, ni dans la nature des choses, mais en nous-mêmes, dans nos égarements et nos hypothèses fantaisistes. Et, en second lieu, qu'à certains moments, de nouvelles informations nous obligent à réinterpréter radicalement la situation.
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Les épistémologistes avaient beau se persuader du contraire, la physique échappait à toute souillure humaine ; elle décrivait un monde qui continuerait d'exister même sans les hommes, les femmes et leurs malheurs. Il rejoignait Einstein sur ce point.
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