Un mouvement n'existe qu'en périodes de combat, de revendication, d'assaut où de défense. Aujourd'hui, il n'y a plus que des individus. Et tu sais que quand un mouvement perd son élan, les défauts individuels deviennent apparents, prennent une importance démesurée; comme apparaissent dans un fleuve, en période de basses eaux, les carcasses et les débris qui encombrent son lit.
La France était une trappe dans une plus grande trappe européenne en train de se refermer. Et Marseille était un piège à rats.
Le cours Belzunce et la Canebière, le centre et les quais avaient perdu cette ambiance bon enfant faite de laisser-aller et de franches plaisanteries qui donnait à la ville une certaine chaleur humaine, malgré un arrière-fond sordide.
La couleur de gaîté avait disparu, et du même coup les accents se faisaient crapulards, les odeurs aigres, les teintes sombres.
Le temps était venu pour les discours aux médaillés et les combines à verres fumés.
Inutilité des principes, si ceux-ci ne sont pas constamment nourris et vérifiés par l'effort de connaissance.