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EAN : 9791039901178
213 pages
Syllepse (16/03/2023)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Les femmes sont désormais presque aussi nombreuses que les hommes dans le monde du travail.
Leurs aspirations à l’autonomie et à sortir de l’enfermement de la sphère domestique sont une constante depuis les années 1960. On a ainsi assisté au mouvement, continu et irréversible, de leur accession à l’emploi salarié.
Les nouvelles figures du salariat précaire sont en grande partie féminines : femmes de chambre de l’hôtellerie, agentes d’entretien, a... >Voir plus
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Droits propres et continuité des droits dans la discontinuité de l'emploi

« Les femmes sont désormais presque aussi nombreuses que les hommes dans le monde du travail. Leurs aspirations à l'autonomie et à sortir de l'enfermement dans la sphère domestique ont été une constante depuis les années 1960. On a ainsi assisté à un mouvement de fond, continu et irréversible, d'entrée de celles-ci dans l'emploi salarié ; et ceci a été associé à des évolutions rapides des modes de vie : augmentation du nombre de femmes vivant seules, séparées ou divorcées, vivant en famille monoparentale ou recomposée, élévation de l'âge de la procréation. »

Dans son introduction, https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/28/introduction-au-livre-dodile-merckling-femmes-chomage-et-autonomie/, publiée avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse, Odile Merckling rappelle que les femmes ont toujours travaillé, « Les critères de définition de la population active ont varié à plusieurs reprises et ont longtemps conduit à sous-évaluer leur participation », que le soi-disant plein-emploi des « Trente Glorieuses » fut un plein-emploi masculin, « la majorité des femmes étant encore classées « inactives » », que les travailleurs pauvres « sont aujourd'hui très majoritairement des travailleuses ».

Elle aborde aussi le temps partiel – instrument de flexibilité, l'occultation de certaines catégories de travailleuses « renvoyées aux marges du salariat », l'emploi « déqualifié, parcellisé, ubérisé, la pluriactivité, les horaires fragmentés, pour des millions de femmes et une partie des hommes », l'autonomie impossible, la condition précaire, « Il est donc indispensable de genrer les approches de la précarité et d'observer les formes spécifiques qu'elle revêt ».

L'autrice discute, entre autres, des contre-réformes du droit du travail et de la protection sociale, de la destruction des mécanismes de solidarité, de la promotion des assurances privées, de la conception « familialiste et patriarcale des droits sociaux »..

Elle y oppose la construction d'un « système de sécurité sociale universel », le respect des droits des femmes en tant que travailleuses, le refus de la ségrégation des emplois. Avant de conclure sur des alternatives possibles, « le droit à un revenu de remplacement, qui doit être assuré à tout individu en situation d'incapacité de gagner sa vie, quelles qu'en soient les raisons – chômage, maladie, maternité, invalidité, vieillesse – est une question décisive pour l'ensemble de la classe laborieuse ».

Odile Merckling propose des analyses très détaillées des mesures publiques et de leurs conséquences sociales, en particulier pour les femmes. Comment les politiques publiques construisent-elles l'emploi précaire, l'« emploi en miettes » et les formes de précarité spécifiques aux femmes ? Comment s'imbriquent le chômage et l'emploi précaire ? Telles sont les questions qui sont abordées dans le premier chapitre.
L'autrice poursuit avec les réformes de l'assurance-chômage et leurs effets discriminatoires, la ségrégation aggravée des emplois, le déni d'un droit à un « emploi décent » pour les femmes, les effets dés-humanitaires de la digitalisation, les déclassements structurels, la négation des droits sociaux et la privation de parole pour les demandeurs et les demandeuses d'emploi.

Odile Merckling discute des aides sociales et de la protection sociales, des mécanismes renforçant la domination des hommes sur les femmes, des lacunes des « minima sociaux », des vecteurs d'inégalités, de la remise en cause de l'autonomie des femmes, « L'acquisition de droits propres aux femmes suppose avant tout la mise en place de dispositifs permettant une solidarité envers les défavorisé·es, et l'instauration d'un montant minimum décent – pour les pensions de retraite, comme pour les allocations-chômage », du retour à « la naturalisation des rôles sexués et ethnicisés ». L'autrice revient sur les évolutions législatives pour les intermittent·es du spectacle.
Elle poursuit avec les travailleuses de services à la personne, le multi-emploi et la flexibilité totale, les horaires indéfiniment extensibles, la limitation des droits, « la France n'est pas signataire de la convention n°189 de l'OIT sur les droits des travailleuses domestiques, qui prévoit notamment le respect du droit de syndicalisation », les « relations » avec Pôle-Emploi, le travail informel ou le travail dissimulé, la nécessité de structures collectives et d'emplois de qualité…

Disséquer les politiques et leurs effets ne peut suffire. Odile Merckling développe des alternatives « Vers un statut de vie sociale et professionnelle », la question des droits fondamentaux, un système de sécurité sociale véritablement universel, la création de droits attachés à la personne (et non à l'emploi), le partage du travail équitablement entre toutes et tous, la création d'un continuum de droits, la réduction radicale du temps de travail, l'individualisation de l'impôt sur le revenu et la suppression du quotient familial, la création d'un service de petite enfance de qualité, la garantie d'un revenu personnel décent, l'allocation d'autonomie pour les étudiant·es…

« La population travaillant en contrats précaires est principalement constituée de femmes de tous âges, ainsi que d'hommes de moins de 30 ans. Les femmes sont majoritaires dans les contrats courts ; de plus, beaucoup cumulent les désavantages de contrats courts, du temps partiel et de bas salaires. Elles sont aussi les plus fortement pénalisées par les régressions de la protection sociale et par la dégradation des services publics ». En conclusion, l'autrice insiste, entre autres, sur « la constitution de « droits propres », par opposition aux droits dérivés et familialisés ».

L'autrice fait bien ressortir les mécanismes mis en place qui combinent régression de la protection sociale et dégradation des services publics, leurs effets sur les figures – en majorité des femmes – les plus précaires du salariat. La question de l'autonomie et de la sortie de l'enferment de la sphère domestique nécessitent la mise en place d'une sécurité sociale universelle, intégrant la dimension chômage.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les femmes sont désormais presque aussi nombreuses que les hommes dans le monde du travail. Leurs aspirations à l’autonomie et à sortir de l’enfermement dans la sphère domestique ont été une constante depuis les années 1960. On a ainsi assisté à un mouvement de fond, continu et irréversible, d’entrée de celles-ci dans l’emploi salarié ; et ceci a été associé à des évolutions rapides des modes de vie : augmentation du nombre de femmes vivant seules, séparées ou divorcées, vivant en famille monoparentale ou recomposée, élévation de l’âge de la procréation
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La population travaillant en contrats précaires est principalement constituée de femmes de tous âges, ainsi que d’hommes de moins de 30 ans. Les femmes sont majoritaires dans les contrats courts ; de plus, beaucoup cumulent les désavantages de contrats courts, du temps partiel et de bas salaires. Elles sont aussi les plus fortement pénalisées par les régressions de la protection sociale et par la dégradation des services publics
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Le droit à un revenu de remplacement, qui doit être assuré à tout individu en situation d’incapacité de gagner sa vie, quelles qu’en soient les raisons – chômage, maladie, maternité, invalidité, vieillesse – est une question décisive pour l’ensemble de la classe laborieuse
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L’acquisition de droits propres aux femmes suppose avant tout la mise en place de dispositifs permettant une solidarité envers les défavorisé·es, et l’instauration d’un montant minimum décent – pour les pensions de retraite, comme pour les allocations-chômage
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la France n’est pas signataire de la convention n°189 de l’OIT sur les droits des travailleuses domestiques, qui prévoit notamment le respect du droit de syndicalisation
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