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EAN : 9782709672450
250 pages
J.-C. Lattès (06/09/2023)
4.64/5   111 notes
Résumé :
« Dans cette fiction sociale écrite par les bons pères de famille, les femmes et les enfants sont les éléments perturbateurs. Les patriarches tiennent le beau rôle, et les hommes violents ce sont toujours les autres, les monstres, les fous, les étrangers, les marginaux. Enfin, c’est ce qu’ils (se) racontent. »

Avec ce nouveau livre, à la force narrative impressionnante, Rose Lamy achève de s’imposer comme l’une des voix incontournables du féminisme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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« Je crois que c'est à ce moment-là que tout s'est connecté. Quand on m'a contrainte, par écrit à faire allégeance à un système qui place la moralité des bons pères de famille au centre, en niant mon vécu et celui de millions de femmes et d'enfants. » Dans cet essai percutant, Rose Lamy analyse les causes sociétales du silence assourdissant des violences intrafamiliales : pourquoi, alors que ces violences subies dans la sphère privée sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et des gendarmes, l'omerta continue de régner en France, protégeant ainsi les « bons pères de famille » au détriment des femmes et des enfants ?

Pourquoi lire En bons pères de famille ?
Les nombreuses références universitaires et les citations qui émaillent l'essai viennent parfois en perturber la lecture. Pourtant, sa construction argumentative dynamique éclairée par de nombreux exemples puisés dans les médias, nous invite à réfléchir de manière stimulante sur les rouages de ce fléau systémique, lequel s'appuie sur trois leviers principaux :

La DIVERSION : Rose Lamy montre comment la construction sociétale de mythes - le « monstre », « l'autre » - participe d'une stratégie, consciente ou non, de diversion qui empêche de combattre et condamner les vrais coupables. Son analyse lexicale minutieuse de la presse révèle la prégnance du halo mythologique qui entoure les violences intrafamiliales et contribue à entretenir une fiction de la violence : on comprend alors comment la stigmatisation de ces hommes hors-normes, aux antipodes des « bons pères de famille », à l'instar de Fourniret, Heaume, Georges, mais aussi de certains profils d'étrangers prétendument sexistes, leur assure l'apanage de la violence, tout en garantissant aux autres une certaine impunité.

La DÉCRÉDIBILISATION : L'autrice met en lumière la tendance à la décrédibilisation des discours féministes qui tentent de remettre en cause ce système dysfonctionnel, mais aussi de la parole des victimes : si l'on y réfléchit, ne seraient-elles pas en partie coupables de la violence infligée par leur conjoint ? Ne l'auraient-elles pas bien cherché ? le ton volontiers sarcastique permet de dénoncer avec efficacité la complaisance médiatique à l'égard des « bons pères de famille » qui continuent de punir celles qui auraient transgressé leurs règles.

La COHÉSION MASCULINE : Par le prisme de la question éculée mais toujours épineuse de la séparation de l'homme et de l'artiste, Rose Lamy analyse comment la peur que des grands peintres, écrivains et réalisateurs soient censurés permet d'occulter efficacement le débat sur les violences qu'ils ont pu infliger dans la sphère privée. Loin de la caricature de la féministe enragée qui chercherait à brûler toutes les opus incriminés, l'autrice s'inscrit dans le prolongement de la réflexion menée par Julie Beauzac dans son brillant et terrifiant podcast consacré à Picasso (#Vénus s'épilait-elle la chatte ? #Picasso, séparer l'homme de l'artiste). A une ère où l'idée que la culture occidentale est imprégnée de patriarcat devient un truisme, c'est bien contre le silence et le déni qui continuent de prévaloir dans le monde de l'art que s'indigne la militante ; elle démonte habilement la rhétorique fallacieuse de personnalités des mondes culturel et politique qui persistent à soutenir les hommes accusés de violences intrafamiliales pour faire prévaloir leur art. Si la violence d'un artiste est intimement liée à son art, cet aspect doit être mis en lumière !
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En bons pères de famille est une lecture à la fois incroyable et révoltante. Quand on aborde un nouveau texte féministe -pour simplifier la chose, on se dit qu'on a déjà tout vu ou tout lu. Mais non, ça ne s'arrête jamais. Il y a toujours quelque chose à dire, ou à détailler. Quelque chose à revoir, quelque chose qui doit toucher.

La construction de cet essai, qui mélange expériences personnelles et faits publics, facilite la compréhension de tous les points abordés. Chaque sujet décortiqué dispose de son chapitre, aussi il est aisé de partager le ou les point(s) pertinent(s) à nos proches pas forcément fans de lecture.

Pour ma part, je l'ai lu d'une traite. Chaque chapitre se terminant par une interrogation, elle-même le sujet du chapitre suivant, j'ai systématiquement voulu en savoir plus.

De plus, je suis aussi "contente" de pouvoir rayer certains "artistes" de mon paysage culturel. Comme je souhaite que cette critique reste correcte, je n'utiliserai pas de grossièretés. Cependant, certaines personnalités abordées dans le livre mériteraient de sacrés noms d'oiseaux -hommes pour la très grande majorité, bien que certaines femmes du paysage politique français devraient également rougir. Les prises de positions de ces personnes sont rétrogrades et scandaleuses.

Enfin, il me parait nécessaire de noter que livre recoupe différents combats. C'est triste à constater, mais j'espère que cette lecture éveillera les consciences, en rappelant que de sexisme à racisme, il n'y a qu'un pas -et surtout, des bons pères de famille derrière.
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Essai tout à fait passionnant qui explique comment la société excuse des violentes faites aux femmes quand elles se passent dans un contexte particulier. Comme par exemple, les violences conjugales, qu'on a tendance, surtout les médias, à banaliser puisque cela se passe dans une sphère privé. Mais comme il est dit dans le livre, ces violences familiales sont une des premières raisons d'interventions de la police, tout acte confondus. Je pensais être assez informée sur le sujet, mais cet essai m'a énormément fait réfléchir. Je ne penserai plus "drame familial" quand un mari tue sa femme, mais uniquement "meurtre". J'ai réfléchi aussi d'avantage à la séparation de l'homme et de l'artiste. C'est tout à fait passionnant.
Merci à JC Lattès et Netgalley pour cette lecture.
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Quel plaisir de retrouver Rose Lamy.

Après Défaire le discours sexiste dans les médias que j'avais dévoré, décortiqué, annoté de partout, j'avais hâte de découvrir ce nouvel essai et je peux crier, fière et le poing levé, MERCI.

Une fois de plus, elle décortique le discours sexiste mais cette fois en analysant le mythe du "bon père de famille".

Mais c'est quoi être un "bon père de famille" ?

« Un "bon père de famille", c'est un personnage fictif dont les actes seront comparés à ceux des membres de la société pour déterminer s'ils sont en faute ou non. Il est la norme, le neutre universel à partir duquel on structure la société. Comme l'écrit si justement Alice Coffin, les hommes "ont fixé des normes à leur mesure et s'enorgueillissent ensuite d'être les seuls à y correspondre". »

Vous la voyez la domination ? Merci monsieur Bonaparte d'avoir intégré cette suprématie patriarcal dans le code civil, il a fallu une loi de 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes pour permettre de changer le terme de "en bon père de famille" par "raisonnable" ou "raisonnablement" mais dans les faits et dans l'inconscient collectif, ce terme à la vie dure, c'est ce que nous démontre ce livre.

En France, les violences intra familiales sont en train de devenir le premier motif d'interventions des policiers et gendarmes avec plus de 400 000 interventions par an, avouez que c'est flippant quand même. C'est à travers sa propre expérience d'un père violent, mais "bien sous tout rapports" et de divers exemples d'affaires de violences sur les femmes qui ont fait les gros titres que Rose Lamy nous ouvre les yeux et nous livre une fois de plus une belle réflexion sur notre société.

Je pense avoir surligné à peu près 70% du livre tellement le sujet est une fois de plus passionnant.

Un grand merci aux @editionsjclattes de m'avoir permis via @netgalleyfrance de découvrir ce livre.

Il sort aujourd'hui 6 septembre et franchement, ne le loupez pas.
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Pour ma part,


Préparez vous pour la bagarre _En bon père de famille, en voilà un titre qui a de la dégaine se dirait- on de prime abord. Pour moi qui ne connaissais pas l'oeuvre de Rose Lamy, après coup, je peux dire que cet essai m'a marquée de façon déterminante : j'en ai surligné pratiquement la moitié, c'est vous dire.

L'auteure y raconte son expérience personnelle avec son père, un homme violent qui se cachait derrière le masque du "bon père de famille". Elle analyse comment cette figure juridique et sociale protège les hommes qui commettent des violences envers les femmes et les enfants, et comment elle empêche la reconnaissance et la réparation des victimes :
"Il n'y a rien d'accidentel ou d'affectueux dans un continuum d'actes qui menacent des corps résistant à la domination des bons pères de famille. On ne souhaite pas forcément détruire les femmes et les enfants, on veut les assigner à un rôle subalterne, les dominer, grâce à l'exercice de la violence. La nuance est importante."

Elle décrypte aussi les stéréotypes qui entourent les hommes violents, qui sont souvent présentés comme des monstres ou des exceptions, alors qu'ils sont en réalité des hommes normaux, issus de toutes les classes sociales et de toutes les origines : que l'on soit une célébrité richissime ou de modeste condition, quelque soit l'endroit sur Terre, il se trouve que le système profite toujours aux "bons pères de famille".

Rose Lamy nous invite à remettre en question le système de domination patriarcal qui produit et maintient ces violences, et à chercher des moyens de le transformer.

"Ce livre n'est pas une étude exhaustive ou statistique sur les auteurs de violences intrafamiliales, mais une réflexion sur les secrets et les silences, et la force de ces vies qui cherchent à dire et à écrire."

C'est un livre courageux, lucide et nécessaire, qui mêle intime et politique avec brio que je recommande sans réserve à toute personne s'intéressant au féminisme et à la sociologie du genre.

+ À lire absolument : Engagé, nuancé et percutant, cet essai contribue au débat féministe contemporain.

#Enbonspèresdefamille#NetGalleyFrance



Lien : https://www.aikadeliredelire..
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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
14 septembre 2023
Rose Lamy [...] revient avec un nouvel essai court, mais percutant, qui risque bien de ne laisser aucun·e lecteur·ice de marbre.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
« Le nombre d'interventions de la police et de la gendarmerie pour violences intrafamiliales reste très élevé : plus de 400 000, soit quarante-cinq interventions par heure. » Quarante-cinq interventions par heure, c'est une intervention toutes les minutes et trente secondes - 1 080 interventions en vingt-quatre heures. Il précise: « Il ne se passe pas une journée sans que le GIGN ou le RAID aille libérer une femme ou des enfants pris en otage...» Avant de conclure :
« [Les violences intrafamiliales] sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et gendarmes. » Et pour ces sta-tistiques, combien de femmes et d'enfants qui n'ont pas encore composé le numéro des secours ? Qui ne le feront jamais, comme moi, parce qu'on leur a confisqué leur histoire ?
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Les bonnes mères de famille, dont on sait pourtant qu'elles gèrent principalement l'éducation des enfants et toute la charge émotionnelle et mentale des cellules familiales, n'existent pas dans le référentiel patriarcal. Elles sont, en creux, ramenées à l'excès, au chaos, à l'hystérie. Dans cette fiction sociale écrite par les bons pères de famille, les femmes et les enfants sont les éléments perturbateurs.
Les patriarches tiennent le beau rôle, et les hommes violents, ce sont toujours les autres, les monstres, les fous, les étrangers, les margi-naux. Enfin, c'est ce qu'ils (se) racontent.
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Quand des militantes féministes s'opposent au principe voulant qu'on sépare l'homme de l'Artiste, elles demandent simplement de ne pas oublier les crimes et les délits de l'homme au nom de la qualité des œuvres. C'est logique, cela relève du bon sens, puisque quand on consomme les œuvres de l'artiste, on enrichit l'homme, en capital social et économique, c'est-à-dire en influence et en argent. Celui-ci dispose alors de davantage de moyens pour assumer le coût financier de sa défense et son impunité grandit avec le soutien qu'on lui apporte.
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J'ai ressassé cette histoire quelques années avant de comprendre une chose importante.
Blaguer, ironiser, rire des violences conjugales ne consiste pas seulement à déshumaniser les femmes et les enfants. Le processus permet également de rendre sympathiques des hommes violents, qu'on considère comme de lointains copains gaffeurs, à qui on met une tape dans le dos avec fraternité. On prend de la distance avec leur comportement sans jamais dénoncer leurs violences, jugées secon-daires, ou légitimes.
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Les hommes violents ne sont ni des monstres affreux, ni les héros d'un roman national inventé pour les dédouaner de leurs responsabilités. Ils sont là, parmi nous, exactement dans la norme sociale, au cœur de nos foyers, ce sont nos pères, nos maris, nos compagnons, nos fils, nos cou-sins, nos amis. Et tant que la société n'aura pas accepté cet état de fait, nous ne saurons pas mettre fin aux violences domestiques.
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Videos de Rose Lamy (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rose Lamy
A l'occasion des 6 ans du mouvement #MeToo et pour la sortie du livre #MeToo l le combat continue aux éditions du Seuil, Mediapart a organisé une soirée spéciale le 19 octobre 2023 à la salle Olympe de Gouges dans le 11ème arrondissement de Paris.
#MeToo : À quoi servent les médias ?
- Rose Lamy, autrice de « Défaire le discours sexiste dans les médias » - Valence Borgia, avocate et membre de la force juridique de la Fondation des femmes - Alexis Levrier, historien des médias et maître de conférences à l'Université de Reims - Laure Heinich, avocate - Camille Aumont Carnel, autrice et animatrice de @Jemenbatsleclito
00:00:00 - 00:09:35 : Introduction par Lénaïg Bredoux co-directrice éditoriale de Mediapart, et présentation des invités par Marine Turchi journaliste au pôle Enquêtes de Mediapart.
00:09:35 - 00:17:53 : A quel moment la presse a-t-elle commencé à s'intéresser aux questions de violences sexuelles et sexistes ? avec Alexis Levrier.
00:17:53 - 00:27:31 : Comment percevez-vous le mouvement Metoo ? avec Rose Lamy.
00:27:31 - 00:37:15 : Quel est le rôle des médias et des réseaux sociaux dans ces affaires de violences sexuelles et sexistes ? avec Camille Aumont Carnel.
00:37:15 - 00:43:45 : Les médias accompagnent-ils le mouvement de libération de la parole et de l'écoute ? avec Valence Borgia.
00:43:45 - 00:50:15 : L'utilisation par les médias du langage judiciaire dans ces affaires, et la question de la présomption d'innocence, avec Valence Borgia.
00:50:15 - 01:00:25 : Comment voyez-vous le rôle des médias ? Quelle place pour que chacun et chacune puisse raconter son récit ? avec Laure Heinich.
01:00:25 - 01:08:15 : Présomption de culpabilité et tribunal médiatique, avec Laure Heinich.
01:08:15 - 01:15:50 : Quand est-ce qu'apparaît l'expression de "tribunal médiatique" ? Pourquoi cette expression est-elle un piège ? avec Alexis Lévrier
01:15:50 - 01:19:08 : Quid des "carrières brisées" ? Est-ce que les médias ne se trompent-ils pas d'analyse lorsque de nombreux mis en cause sont toujours invités sur les plateaux et les victimes mises au ban ?
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