"Reder-Mor", fils de l'homme et de la forêt vivante, est un bateau en bois.
Il est né-en-quille un jour de tout premier printemps.
Si tous les bateaux ont une âme, celle d'un marin péri en mer, cette fois-ci, c'est celle de Jobig, petit mousse d'un chalutier à voiles, mort d'avoir, par amour des beaux bateaux, voulu sauver un yacht en perdition, qui renaissait avec lui.
"Reder-Mor", en breton, veut dire "coureur de mer" ...
Cet original roman est fait d'un mélange entre le point de vue du bateau, les formules marines de Jobig et la manière d'écrire du "scribe".
Le "scribe" est
Jean-Merrien.
En 1953, il nous offre, avec "les mémoires d'un yacht", un roman inattendu, bien écrit, teinté d'humour et de poésie.
Le premier propriétaire de "Reder-Mor" est monsieur Jacques.
Il navigue avec le jeune François.
Et va remporter avec lui la course "Plymouth-La Rochelle" ...
De la naissance du bateau à sa triste mort,
Jean Merrien, prêtant au bateau les sentiments du mousse Jobig, va raconter le destin de"Reder-Mor".
Il se peut qu'il y ait mis un peu de sa propre vie.
Le livre est captivant.
Sa lecture est agréable.
Le style de l'écriture, tout en restant accessible à tous, est très amariné.
"Reder-Mor" est un yacht de plaisance dessiné par son premier propriétaire.
11,20 Mt de bout en bout, 9,40 Mt à la flottaison et 1,70 Mt de tirant d'eau.
Il a le coeur d'un buveur de cidre. Il est breton.
Cependant il faut bien préciser que le "Reder-Mor", dont parle ici
Jean-Merrien, n'a rien à voir avec le palangrier que, depuis 2010, une association de Morlaix a entrepris de restaurer.
"Les mémoires d'un yacht" est un excellent livre, tissé d'un sincère attrait de la plaisance, d'une fine écriture et d'un solide amour de la mer.
Pourtant il est possible qu'il se voit reprocher une faute de goût, celle d'avoir dénoncé monsieur Jacques lorsqu'il a jeté ses papiers et ses détritus par dessus-bord.
Autre temps, autres mauvaises habitudes ...
Mais cela est, depuis longtemps, pardonné.
Alors, Araok, Reder-Mor ! ...