Adolescente, j'ai visionné le sombre Pacte des Loups de
Christophe Gans et en suis restée perturbée, à la limite du traumatisme (oui, je suis une petite nature et j'assume !) Alors, quand, des années après,
Florence Metge me propose de chroniquer son thriller à suspense consacré à la bête du Gévaudan, comment ne pas sauter sur cette occasion de me faire peur ?
Ici, l'autrice a choisi de centrer son intrigue dans un contexte contemporain et sur une jeune femme, Faustine, originaire de la région où a sévi l'odieuse bête. À la suite d'un changement radical de vie, auquel on peut s'identifier sans peine, la jeune femme retourne dans la maison secondaire où elle a passé tous ses étés. La parisienne redevient l'enfant du pays, mais non sans peine. Car, si la demeure a été rénovée pour accueillir des vacanciers, les mystères retenus dans ses vieilles pierres continuent de suinter, de préférence la nuit.
J'ai beaucoup apprécié l'arc narratif choisi par l'autrice qui se sert de l'insomnie de son héroïne pour nous faire basculer dans le passé. Comme si, avec la tombée de la nuit, les légendes du passé refaisaient surface pour hanter le présent. J'ai ressenti un certain plaisir mêlé de crainte, à la lecture de ces passages, à la manière d'une petite fille qui guetterait les ombres sur les murs de sa chambre. Car, après tout, la bête est-elle si différente du grand méchant loup qui peuple les contes pour enfants?
C'est donc l'occasion pour Faustine, aspirante romancière, de se plonger dans un livre relatant les méfaits de la bête du Gévaudan et détaillant tous ceux qui ont eu maille à partir avec elle, de près ou de loin. de ses premières victimes à ceux qui ont tenté, souvent sans succès, de l'empêcher de nuire. D'ailleurs, la bête n'est-elle vraiment plus de ce monde, alors que le cadavre d'une jeune fille atrocement mutilé a été découvert ?
Moi qui adore
L Histoire et d'autant plus lorsqu'elle se mêle au quotidien, j'ai été servie. On passe d'une époque à l'autre avec facilité, pour en apprendre davantage sur les dates, les faits et les protagonistes. Les enquêtes policières du dix-huitième siècle font écho à celles du vingt-et-unième, une boucle meurtrière qui ne semble pas avoir de fin.
Certain.e.s pourraient regretter ces sauts temporels, très documentés, qui coupent un peu le rythme du récit. En ce qui me concerne, je n'ai pas trouvé cela gênant.
Florence Metge a su leur insuffler assez de vie et de dynamisme pour ne pas donner l'impression d'être face à une avalanche d'informations scientifiques sans émotion.
À celles et ceux qui cherchent du gore ou du sanglant, vous en trouverez, mais juste un peu, du moins à mon avis. Habituée à des thrillers plus sombres, je n'ai pas particulièrement frissonné lors des passages relatant les meurtres. Mon malaise s'est vraiment manifesté lorsque, seule dans son lit, Faustine croit entendre des bruits étranges émanant de la maison où elle vit. Quand notre foyer devient une prison et le réceptacle de nos angoisses les plus ancrées...
Quelques sous-intrigues bien posées ainsi que la romance en filigranes, permettent de rester immergé.e dans la lecture et d'humaniser un peu les personnages dont on pourrait se distancier sans cela.
D'une manière générale, j'ai trouvé la plume de
Florence Metge efficace, et poétique, notamment lorsqu'elle décrit la faune et la flore régionales. À tel point que j'ai eu l'impression de réellement m'y trouver et de les visualiser. En revanche, un ton plus détaché par moments, ainsi que des phrases très courtes à certains endroits, m'ont parfois empêchée d'apprécier pleinement les protagonistes. le récit à la troisième personne n'est peut-être pas étranger à cette impression. J'ai, également, assez élucidé l'énigme principale grâce à des indices un peu trop évidents. Pour autant, cela ne m'a pas empêchée de poursuivre ma lecture jusqu'au dénouement final.
Ne serait-ce que pour le travail de recherches minutieux de l'autrice et l'ambiance toute particulière du roman, je vous invite à découvrir
Meurtres en Gévaudan. À moins que vous ne craigniez que le fantôme de la bête ne vienne peupler vos songes de cauchemars ?