Une dessinatrice, alter ego dessiné de
Catherine Meurisse, s'installe au Japon en résidence d'artistes pour quelques mois dans le but de « peindre la nature ». Elle croise la route d'un tanuki facétieux « à grosses roubignolles », mais aussi celle d'un peintre japonais qui souhaite peindre une femme mais qui en panne d'inspiration, ne parvient qu'à composer des
haïkus. La dessinatrice, elle, passe plus de temps à observer la nature qu'à la peindre. La rencontre des deux artistes avec la mystérieuse Nami pourrait bien leur ouvrir de vastes horizons.
Sous la forme d'un conte philosophique, inspiré autant par Hokusai et Miyazaki que par ses deux séjours au Japon,
Catherine Meurisse raconte son envie de dessiner la nature. Après
Les Grands Espaces qui représentait son Poitou, elle souhaitait renouveler sa « banque d'images mentales ».
Lors de son séjour en résidence d'artistes en 2019, elle découvre aussi une nature japonaise plus violente, plus tourmentée alors que le typhon Hagibis frappe de plein fouet le pays. de ses expériences mais aussi de sa lecture d'
Oreiller d'herbes de
Natsumé Sôseki, elle livre non pas un portrait fantasmé de la nature japonaise ou une simple réécriture du livre de Sôseki mais bien le regard d'une artiste fascinée par la nature, par les différentes perceptions de celle-ci et par l'inspiration, parfois à retardement, qu'elle peut inspirer.
On découvre des planches alliant le trait léger de son personnage à des décors au fusain et à l'aquarelle dignes d'estampes traditionnelles japonaises. C'est un mariage surprenant mais efficace. Plus qu'un plaisir de lecture, c'est un vrai régal pour les yeux et une porte d'évasion vers un ailleurs.
Cet ailleurs n'est pas la vision d'une occidentale prétendant dresser un portrait objectif de la nature japonaise mais ne servant que des visions fantasmées. Il s'agit plutôt d'un ailleurs vers le rêve, alliant les images de la banque mentale de l'autrice renouvelée par ses séjours au Japon mais aussi par son imaginaire.