Un vrai coup de coeur cette BD! Prise au hasard à la bibliothèque, parce que c'était une auteure, je découvre un bijou, tout en finesse, affection, douceur, un humour aimable et un sens de l'observation subtil.
L'auteure, Catherine Meurice, que je ne connaissais pas du tout... raconte comment lui est venu son goût, son envie de dessiner.
C'est le récit de son enfance à la campagne, dans un petit village, dans une maison, véritable ruine que ses parents acquièrent pour s'y installer avec leurs 2 filles.
L'amour pour les murs, les pierres, les traces du passé, du présent dont elles vont faire leur musée avec des clous, des vieilles pierres, des traces de présence (des crottes d'animaux!), tout cela fait leur bonheur!
La littérature est l'autre amour de la famille, on cite Loti - pour son musée -
Zola qui mélange les saisons des fleurs!,
Proust,
Rabelais.... . On y croise
Louis XIV et un nain de jardin qui a un avis sur les jardins, des poules qui meurent en courant,
Ségolène Royal et des roumains. On y joue à Mme Butterfly et à l'histoire revisitée par façon Puy du Fou.
Après la découverte des grands espaces, l'auteure nous entraine au musée du Louvre. Elle découvre les peintres de paysages, elle sera Courbet, au moins.
Subtilement, par petites touches, elle montre aussi la transformation de la campagne, l'étalement pavillonnaire, le remembrement et la disparition de la biodiversité, des politiques de transformation de nos paysages ruraux, faut que ça bouge, que ça devienne moderne. La dessinatrice jette un regard aiguisé et perspicace sur son environnement, mais toujours sensible
Elle parle aussi de ce qui fait racine, ce qui se transmet dans la famille, une plante héritée qui passe de génération en génération, laisse une trace de nous dans et sur la terre.
Les dessins des personnages, des animaux sont enfantins et pleins de vie. Les paysages, les fleurs, les bâtiments sont superbes, lumineux.
A la fin, les notes des toutes les citations du récit, c'est fort civil!