Je dois dire que j'ai été déçue par ma lecture : je m'attendais à un thriller sur thème des violences faites aux femmes et non l'inverse.
A la lecture des premières pages, j'ai trouvé les chiffres statistiques intéressants et bien intégrés aux dialogues, de façon fluide. Et puis, au bout d'un moment, je me suis lassée. J'ai eu l'impression que
Louise Mey n'avait jamais eu l'intention d'écrire un thriller, mais de faire passer son message féministe uniquement. Attention, la cause m'intéresse, simplement le livre m'avait été présenté comme « un polar très réussi, au scénario impeccablement prenant »… Or justement, je n'ai pas été prise par le scénario. A la moitié du livre j'ai commencé à m'ennuyer, puis
Louise Mey a réussi à capter de nouveau mon attention avec un petit rebondissement page 400 (vers la fin donc). Par ailleurs, alors que j'avais noté au départ un petit travail sur le profil des personnages principaux (leur vie, leurs angoisses…), je me suis aperçue, vers la fin, que plus aucune référence à leur vie privée n'avait été faite depuis des dizaines de pages.
J'ai été très étonnée de trouver dans ce livre des données très précises concernant les violences faites aux femmes (enfin, qui paraissaient précises et crédibles), et des approximations juridiques terribles. La juriste qui est en moi n'a pu qu'être agacée par cet aspect, et ce dès le début du roman : l'histoire prend place à Paris, et nous avons un avocat qui débite du « Objection » à tout bout de champ durant un procès (jamais ça en France, non…), alors que, justement, l'auteur se moque quelques pages plus loin des gens qui se croient dans une série américaine (cf p59 le gardé à vue qui réclamait l'application du 5e amendement et exigeait l'assistance d'un avocat).
Je pourrais citer d'autres erreurs grossières, et notamment :
- p154 « le harcèlement en ligne, c'est du civil, je crois ». Perdu, c'est du pénal. Ce cyberharcèlement est, depuis 2014, prévu depuis et réprimé par l'article 222-33-2-2 du code pénal (français).
- p206 : on ne parle pas de faire homologuer par un huissier mais de faire constater par un huissier (ou un clerc habilité aux constats). Il n'y a ni frais de gestion ni débours pour un constat, simplement un tarif HT auquel on ajoute la TVA.
- toutes les fois où le préfet intervient… le préfet a des pouvoirs de police administrative, mais n'intervient jamais dans le cadre d'une enquête pénale. Alors, quand je lis que toutes les initiatives et autorisations passent par lui, notamment p421, je bondis. Non, cela ne peut passer que par un Procureur ou un juge d'instruction ! En revanche à Paris, il existe effectivement un préfet de police mais qui n'exerce qu'un pouvoir disciplinaire sur la police judiciaire…
…ou encore une douce rêverie : la protection policière à domicile !
Les recherches juridiques n'ont manifestement pas été très poussées, c'est peut-être dommage d'ailleurs, car on retrouve des éléments intéressants, concernant notamment le viol entre époux, l'aide juridictionnelle… - mais n'importe qui peut taper « aide juridictionnelle » sur un moteur de recherche et tomber sur les taux d'AJ en fonction des ressources… l'auteur n'explique d'ailleurs pas ce qu'est l'AJ à son lecteur. A cet égard, j'ai déploré que certaines notions ne soient pas expliquées par l'auteur (le PC circulation ou PC routier du 95, le FIJAISV…). J'ai cherché par moi-même et j'ai appris des choses.
On retrouve dans ce roman pas mal de notions intéressantes, mais personnellement, j'ai besoin que mes lectures soient crédibles, plausibles. Lorsque je ne connais rien à un sujet, je ne me rends probablement pas compte que l'auteur raconte n'importe quoi, mais malheureusement pour
Louise Mey, cette fois-ci cela ne passe pas.
Je lui attribue généreusement la note de 3 étoiles, car les sujets abordés sont d'actualité, intéressants, et car
Louise Mey a tout de même le mérite de s'attaquer à certains mythes encore trop répandus.