Mais où est donc passé
Deon Meyer ? Je parle de celui qui a créé Benny, politiquement engagé, opposant à l'apartheid, qui a écrit
L'Année du lion,
13 heures,
La proie et tous les autres... Une fois de plus, ma crédulité m'a perdue car bien qu'étonnée que le sud-africain ponde un nouvel opus si près du précédent et qu'il soit d'une taille inhabituellement si modeste, j'ai foncé tête baissée. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre cette supercherie éditoriale fréquemment utilisée :
La femme au manteau bleu a été écrit en 2017... Edité ? Pas édité ? Traduit ? Pas traduit ? Peu importe, un éditeur vénal s'est dit comme de nombreux autres que les confinements sont utiles pour faire les fonds de tiroirs, la claustration imposée étant propice à la lecture.
Quelques dizaines de pages où l'on croise tout au bout de l'Afrique des femmes xhosas qui chantent durant un paragraphe ou deux des psaumes autour d'un cadavre esthétiquement exposé ; un tableau de Carel Fabritius – celui qui a peint
le Chardonneret - miraculeusement découvert par un afrikaaner reac prompt à proférer quelques clichés moralisateurs sur l'histoire et la culture sud-africaine ; une experte londonienne en authentification d'oeuvres d'art évoquée en 3 ou 4 lignes ; une histoire saucissonnée se déroulant à Delft qui semble avoir été ajoutée après (mauvais) coup pour créer artificiellement un fil conducteur ; une enquête résolue comme par magie en deux temps trois mouvements, sans aucune recherche ni investigation. Mais Benny, qu'es-tu venu faire dans cette galère ? A part offrir un diamant à ta copine...
Pourtant, il y avait de quoi réaliser un grand roman en conformité avec l'immense talent de l'auteur : j'ai vaguement espéré une étude sur la couleur bleue, de Delft au manteau bleu du tableau, ou sur le siècle d'or de la peinture hollandaise, ou encore sur les techniques de détection d'oeuvres fausses. Mais à l'arrivée, rien de tout cela mais seulement un pense-bête, premier jet, synopsis, embryon, canevas, résumé, scenario, aide-mémoire, guide dont l'auteur a dû abandonner l'élaboration pour des motifs qui lui appartiennent, mais qu'un éditeur cannibale a récupéré pour en faire un roman de quelques pages. Pas cool ! Et enfin, pourquoi mais pourquoi avoir mêlé
Donna Tartt à ce brouillon ?
Rendez-moi Deon Meyer... Rendez-moi Deon Meyer...