J'ai adoré ce livre... tant pour sa qualité d'écriture que pour le retour dans le temps que nous fait vivre l'auteure, au coeur des années 60.
Un livre qui nous décrit le petit monde intérieur d'une fillette qui vit avec sa famille au sous-sol d'une école où son père est concierge. Ses peurs et ses chagrins, comme lorsqu'elle perd son chien Fidèle, mais aussi sa découverte de cadre trop étroit qui l'entoure.
Ma seule réserve est la finale un peu trop rapide à mon goût; il me semble que l'auteure avait encore des tas de choses à nous raconter..
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Quand on est incompétent en tout, quand on ne sait rien faire, on devient concierge. Même si la majorité du personnel apprécie ses services, son amabilité, son sens de l’humour, sa capacité à dédramatiser les incidents (comme les pipis par terre), certaines institutrices le regardent de haut ou l’ignorent, tout simplement. Mon père est très sensible à cette condescendance. Une enseignante ne le salue pas, elle le snobe. La directrice de l’école oublie de le présenter à un inspecteur, elle veut l’humilier. Dans le regard et l’attitude méprisante de certains à son égard, il a l’impression qu’on le confond avec l’objet de son travail : la crasse, les ordures, la saleté.
Ma chienne, c’était plus qu’une chienne. C’était une compagne de jeu, une confidente, une consolatrice. Bref, une amie. On aurait dit qu’elle sentait mes peines. Elle s’approchait alors de moi, me regardait avec de grands yeux tristes, posait ses pattes sur mes genoux. Si je pleurais, elle gémissait comme pour mieux me montrer son empathie. Je m’assoyais par terre, elle sautait sur moi et me léchait les mains... sans doute une forme de caresse. Entre Fidèle et moi, ce fut une véritable histoire d’amour. Dans la balance qui pesait les péchés et les vertus, le côté des vertus pesait plus lourdement que l’autre. Et cela lui offrait sans doute son passeport direct pour le paradis.
La peur viscérale du regard des autres me paralysait. En groupe, je me taisais, n’affirmais jamais mes idées. En fait, je n’en avais pas. J’étais paralysée. Mon cerveau se figeait, mes idées gelaient. Je devenais cancre. Inutile de dire que j’ai toujours préféré travailler en solitaire. C’est dans la solitude que je pouvais donner le meilleur de moi-même.
C’était une époque de pieuserie. La religion, un amalgame de superstitions. Une police d’assurance. Dix Je vous salue Marie pour une bonne note en dictée. Un chapelet pour une poupée, à ma fête. Un rosaire pour être première de classe. Neuf messes en ligne, le premier vendredi de chaque mois, pour me garantir une place au ciel.
Le « comment » est aussi important que le « quoi ». Quand tu lis, remarque comment l’auteur raconte son histoire. Arrête-toi sur les mots qu’il utilise, leur précision. Il faut que tu prennes conscience de la manière dont il décrit les lieux ou les paysages. Comment il réussit à susciter l’émotion chez le lecteur...