Un one-shot rude, glauque et assez décousu. Les auteurs espagnols Herman Migoya au scénario et le duo
Bernardo Munoz et
Diego Olmos délivre une vision sans concession et profondément torturé de la guerre civile espagnole dans les années trente. Pour cela, leur tragédie est centré sur le point de vue d'une bonne soeur qui subit un viol par des miliciens communistes. Après avoir erré sans but dans la rue, elle trouvera l'occasion de se venger en s'infiltrant dans l'armée et pour cela, elle se fait passer pour un homme.
Alors, c'est une bd franchement glauque. C'est un parti pris dont la violence physique, psychologique et graphique surgit dès les premières pages avec l'acte du viol, la chute de la statue du Christ ou encore la présence d'un cadavre d'un mort-né. Les visages sont furieux, désespérés et vraiment antipathiques comme si le graphisme lisse ne parvenait pas à capter la moindre étincelle d'humanité chez les gens.
Personnellement, j'ai eu du mal avec le dessin de
Bernardo Munoz qui, a priori, se serait illustré auparavant dans une collection italienne de bd érotique ainsi que pour sa participation à la trilogie Fraternités, une petite fiction historique à l'aube de la révolution.
Malgré ce cv , j'ai pas vraiment adhéré à son trait réaliste que j'ai trouvé assez bancale, c'est expressif et en même temps, c'est lisse, les personnages sont parfois interchangeables. Alors, certes, c'est un one-shot qui mise beaucoup sur la violence graphique à coup de colorisation alertes, de souffrances. Graphiquement, cette bd ne donne aucun repos.
Alors, c'est un parti pris. Moi, cela m'a un peu dérangé car il y a beaucoup de bruit mais c'est mal assorti avec une narration assez brouillonne. le passage au travestissement est complétement passé au silence, une ellipse malvenue qui raccourcie radicalement le titre. de plus, les personnages ne sont pas marquants donc la vengeance se perd un peu de vue et, du coup, j'ai trouvé certaines situations confuse du genre " ah mais c'est qui lui déjà ? " devant la mort de tel ou tel personnage.
Bref difficile, très difficile de faire un one-shot de 58 pages pour une tragédie aussi dense car tout n'est pas à jeter dans cette
divine vengeance.
J'ai bien aimé le coté "profane " de cet album qui joue avec la désacralisation, le blasphème, il y a quelque chose de fort dans le portrait de cet ange déchu. de même, c'est un récit de guerre sans concession, une tragédie déshumanisante qu'on regarde avec appréhension et recul. Les auteurs ont parfaitement su véhiculer la dureté de cette période.
Il y avait donc de bonnes bases mais, sans une ossature correcte, tout tombe par terre.
Divine vengeance est une bd très médiocre dont la rudesse et l'ambiance blasphématrice n'éclipse pas la maladresse de la narration et la qualité relative du graphisme .