AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 37 notes
5
10 avis
4
10 avis
3
8 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En lisant le titre, j'ai immédiatement pensé à Mathias Malzieu et à sa version de "La Femme Chocolat".

Celle de Gib I. Mihăescu est bien antérieure, elle est très différente et tout aussi jolie. En effet, nul besoin pour Eleonora de se gaver de chocolat car sa peau est déjà chocolatée. Il n'en faut pas plus pour allumer le désir des hommes. Mihăescu ne se revendique d'aucun style et pourtant depuis ma "perspective" naïve et intuitive, son roman m'a semblé empreint de romantisme et de réalisme fantasmagorique.

Par certains aspects, son héros Negrişor m'a rappelé "l'enfant du siècle" De Musset, mais dans son désir d'absolu, c'est Raphaël de Valentin dans "La Peau de Chagrin" De Balzac qu'il m'a évoqué.
Negrişor est un obsessionnel déchiré entre l'amour et la mort. Il semble prêt à tout pour sa déesse de chocolat, qui ne joue pas innocemment de ses charmes. Ses pérégrinations oscillent entre hallucinations morbides étrangement "réelles" et tentatives de conquérir la vie en goûtant le chocolat tant convoité. Lequel de ces Negrişor va l'emporter sur l'autre ? Ou bien est-ce "La Femme chocolat" qui finalement décidera de son sort ?

Extrêmement poétique et sombre le roman de Gib I. Mihăescu, tel un envoûtement, entraîne le lecteur dans les circonvolutions et autres tourbillons de l'esprit de Negrişor, plus fascinant pour moi que "La Femme chocolat". Pris au piège du grand talent de l'auteur, on finit par être happé par ce roman court mais intense.

C'est la première fois que j'ai l'occasion de lire et d'apprécier un auteur roumain, ceci grâce à l'excellente traduction de Gabrielle Danoux qui a permis à tous les amateurs de bonnes lectures de pouvoir enfin déguster cette "Femme chocolat" en France.

Merci de tout coeur à Tandarica pour m'avoir offert cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          6015
Effectivement bref : quatre-vingts pages. Le narrateur autodiégétique, Negrișor est une sorte de mentaliste. Imaginez que dans cette étrange nouvelle série, il tournerait, au lieu de Teresa Lisbon, autour de Madeleine Hightower. Inconcevable, pensez-vous. Vous aurez alors saisi à quel point l'auteur était novateur dans la Roumanie des années vingt-trente. Quant au prix, si l'on parlait à Mihăescu de l'encre électronique, il arborerait sûrement un sourire inquiétant...


Commenter  J’apprécie          500
Si certains écrivains vêtent la réalité de mots légers , touchants et lumineux , telles des lucioles , Mihaescu les surpasse par une écriture qui transpire une imagination inouïe .

Et pourtant , si l'on s'arrête quelques instants sur l'histoire en elle-même , elle semble simple comme bonjour . Elle parle d'amour , d'un amour gourmand dont Lucian ne sait plus se passer à en devenir extravagant .

Voilà pourquoi , dès le départ , j'ai tiré doucement la ficelle de la serinette qui jouait une musique bien étrange . Elle semblait venir d'une fenêtre : " Negrisor découvrit au fond rectangulaire de l'abîme de bitum une scie mécanique au cri déchirant. "
L'obsession vire à la folie sérieuse , celle qui transforme Lucian Negrisor en un pantin ,bouffe et imprévisible , qui se complaît dans un monde irréel .

Un bourdonnement vient perturber le refrain d'amour , il s'appelle Modreanu et lui aussi est fou de la belle . Ce troisième larron veut s'interposer entre Lucian et Eleonora .
Pourtant , il ressemble à un avorton et notre ami est bien plus joli et drôle que lui ; il réussit si souvent à faire rire son petit morceau de sucre avec qui il s'emmêlerait pour la vie .
" Ah , ces mêmes cheveux détachés , partagés avec lui comme un nid commun pour leurs têtes , leurs deux visages recouverts par ces cheveux , les jeux de cache-cache dans l'obscurité , les bras dénudés enlacés autour du cou de Negrisor , les seins qui se débattent comme des oiseaux capturés dans cette étreinte , dans cet écrasement , les yeux , vagues gouttes de soleil dans les profondeurs de la forêt . "

Les paroles de ce galant sont sibyllines pour la dulcinée qui le trouve drôle dans ses divagations , et , en même temps la choquent .
Il est morbide quand il dit qu'il se tuerait pour elle pour qu'elle l'aime vraiment .

Plus d'une fois , j'ai essayé de cesser d'écouter cette litanie où il monologue , fasciné par la scie qui pleure .
" Dis la vérité , Negrisor , aurais-tu sauté . "
Mais l'auteur est un magicien qui transporte sa philosophie à travers une poésie colorée d'objets animés telle la scie , l'horloge , qu'il personnifie pour nous expliquer ce mal-être érotique qu'il ressent , mêlé à la hantise de la femme mythique .

Joie , honneur , perplexité , émerveillement , je n'ai pas assez de termes pour remercier Gabrielle Danoux pour cet étrange et savoureux bonbon dont elle m'a gratifiée .


Commenter  J’apprécie          4520
Un superbe roman roumain de l'entre-deux-guerres, bref, mais chargé de beaucoup d'émotion. Dans l'ensemble, la littérature roumaine est bien souvent à découvrir, c'est encore le cas ici. Gib Mihăescu est mort jeune, beaucoup disent sans donner la pleine mesure de son talent. La structure est pourtant maîtrisée : le héros, amoureux d'une femme à la peau chocolat, oscille aux frontières du réel, le fantastique rend ses tourments amoureux et cohabite donc avec le roman psychologique, non sans un peu d'humour. La traduction est très pertinente, surtout si l'on considère le prix du livre, étonnamment bas.
Commenter  J’apprécie          430
Sceptique au départ, j'ai demandé de l'aide pour découvrir ce format. Depuis qu'on m'a montré le texte sur Kindle et installé le fichier en quelques clics sur mon PC, il faut bien avouer, je suis doublement conquise ! Plus besoin d'attendre la commande, même en librairie, celles du coin ayant de moins en moins de stock, et que le chocolat fonde. J'utilise même la tablette un peu n'importe où, en cas d'attente, et je peux choisir mon livre entre les gratuits que j'ai téléchargés et je n'aurais jamais achetés, faute de place !
Commenter  J’apprécie          350
La version électronique présente l'avantage, par rapport à la version papier déjà commentée, de son prix, à la limite de la gratuité, sans compter sans doute les promotions périodiques. La typographie est soignée, comme l'orthographe, ce qui est loin d'être toujours le cas, y compris dernièrement chez les éditeurs les plus réputés.
Commenter  J’apprécie          240
La couverture ne rend pas forcément justice à ce texte qu'on peut se procurer somme toute assez facilement. Encore aujourd'hui, il est lu par les Roumains et une version française existe sous le titre "La Femme chocolat".
Commenter  J’apprécie          210
Je n'aurais sans doute jamais entendu parler de ce court roman (ou de cette longue nouvelle, ça dépend des points de vue) si Gabrielle Danoux, sa traductrice, ne m'avait pas proposé de le lire.
Et je la remercie chaleureusement par le biais de cette modeste critique pour cette belle découverte, car Mihaescu est un auteur fascinant !

La Femme chocolat nous raconte une histoire assez classique : celle d'un triangle amoureux entre Negrişor (le personnage principal, amoureux fou de la "femme chocolat"), Eleonora (la femme chocolat, surnommée ainsi du fait de la couleur de sa peau et de ses cheveux) et Modreanu.
Toute l'originalité de l'oeuvre réside dans la façon dont Mihaescu traite l'histoire d'amour dont il nous parle. Ainsi, les sentiments et pensées de Negrişor m'ont un peu rappelé "La Faim" de Knut Hamsun : j'y ai retrouvé la même souffrance et, parfois, le même délire, mais pour des raisons différentes. Car, chez Hamsun, c'est le manque de nourriture qui fait délirer le personnage principal, tandis que chez Mihaescu, c'est l'amour.
Jalousie, soupçons, inquiétude, le pauvre Negrişor passe par tous les affres de la passion et va même jusqu'à se croire coupable de la "mort" de Modreanu. Il avoue d'ailleurs ses doutes à ce sujet à Eleonora.
Certains éléments du récit rappellent également la littérature fantastique. Je pense notamment aux passages parlant de la scie à bois ou des moments passés chez Şari, lorsque Negrişor s'interroge sur le passage du temps et sur les théories d'Einstein et de Newton.

J'ai beaucoup apprécié cette découverte d'une littérature que je ne connaissais pas. le style de l'auteur est très agréable et sa grande culture transparaît à plusieurs reprises dans le récit, comme le souligne Gabrielle Danoux dans une note qui nous dit :
" En lecteur avisé, l'auteur distille dans ses romans une intertextualité subtile et discrète. "


En adresse web, je me permets d'insérer la page sur laquelle vous pouvez trouver les traductions de Gabrielle Danoux, qui traduit bénévolement les chefs-d'oeuvre de la
littérature roumaine, afin de permettre aux francophones de découvrir ces pépites. Allez y faire un tour, ça vaut franchement la peine !
Commenter  J’apprécie          190
Un petit livre déroutant, navigant entre poésie et drame. L'histoire d'un homme - Negrisor - amoureux transi d'une femme couleur chocolat. On ne distingue pas vraiment la part d'onirique dans ce récit parfois sensuel, qui relate les affres de la jalousie et de l'incapacité de cet homme à se déclarer auprès de cette bachelette - mot découvert à l'occasion de cette lecture.
Merci à la traductrice, Gabrielle Danoux, de nous permettre d'accéder à l'oeuvre de cet auteur roumain peu connu.
Commenter  J’apprécie          60
Très belle traduction de la nouvelle d'un des prosateurs roumains assez méconnus.
La trame psychologique de la narration ainsi que les tournures des phrases nous poussent à tourner les pages. Si vous aimer découvrir les engrenages subtiles de la prose, ce livre est pour vous.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (72) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5267 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}