Ce que j’ai gagné en empathie et même en amitié, je l’ai peut-être perdu en recul et en indépendance d’esprit. Peut-être, mais puisque rien ne se perd, je sais avoir beaucoup gagné. En me rapprochant d’eux, je gagnais en profondeur, en intimité. Les barrières tombaient et eux me confiaient, le plus souvent, le fond de leurs pensées. J’entends ici les esprits chagrins qui pensent qu’être embedded au sein d’une troupe, c’est vendre son âme au diable. Or, nous, journalistes ou photographes, sommes toujours les hôtes de quelqu’un, qu’il s’agisse d’un chef de milice bosniaque, qui accepte de me conduite à Gorazde à travers les lignes de front, ou d’un éleveur de rennes Dolgan de la péninsule de Taïmyr. Mais, curieusement, il ne m’a jamais été reproché d’être embedded de ceux-ci.
Ce livre est le résultat de mon expérience personnelle au sein du groupe 42, de la 4e section de la 2e compagnie du 21e RIMa. Il relate des événements que j’ai vécus directement ou qui m’ont été racontés par les soldats eux-mêmes. Mais il est aussi le reflet de ce que tous les soldats ayant été engagés en Afghanistan ont vécu, que ce soit en France, lors de leur préparation, ou en Afghanistan. C’est dans cet esprit que j’ai souhaité publier, en début d’ouvrage, une série de portraits en noir et blanc de quelques soldats sélectionnés au hasard.
Ce livre est un mélange de style, un patchwork de photographies, d’informations factuelles et de ressentis personnels. Je n’ai, en aucune manière, cherché à produire un travail d’analyse. J’ai seulement souhaité partager mon expérience – unique auprès de ces jeunes soldats, qui sont, sans même que nous en ayons conscience, des voisins que nous croisons quasi quotidiennement.
Ce livre est le résultat de mon expérience personnelle au sein du groupe 42, de la 4e section, de la 2e compagnie du 21e RIMa. Il relate des événements que j'ai vécus directement ou qui m'ont été racontés par les soldats eux-mêmes. Mais il est aussi le reflet de ce que tous les soldats ayant été engagés en Afghanistan ont vécu, que ce soit en France, lors de leur préparation, ou en Afghanistan.
La peur, ils n’en parlent pas. Par pudeur, par fierté, mais aussi parce que c’est une émotion qu’il ne vaut mieux pas partager.
Entre 2001 et 2014, cinquante mille soldats français auront combattu en Afghanistan. Combien sont-ils désormais, engagés sur le terrain au Mali ? D'aucuns y ont trouvé la mort. D'autres, confrontés à un événement dramatique, ont développé un syndrome de stress post-traumatique (SPT). Au coeur du parc du Mercantour s'élève une longue bâtisse austère. le Centre de ressources des blessés de l'armée de terre y accueille ces combattants. Hommes ou femmes, le temps de quelques jours, ils vont tenter de mettre des mots sur leurs maux, de rompre la spirale descendante de l'isolement, d'imaginer l'avenir. En 2012, le photoreporter Nicolas Mingasson publiait Afghanistan. La guerre inconnue des soldats français. le récit du quotidien, un an durant, d'une unité de combat. L'âpreté des assauts, la peur qui tenaille, les copains qui meurent, le sens de leur engagement. Sans doute a-t-il mesuré alors, au fil de leurs questionnements, leur possible désarroi quand viendrait le retour.
Rare, sinon premier film à évoquer le SPT chez les soldats français, le documentaire qu'il signe à présent alterne, sans commentaire, témoignages individuels, discussions de groupe, entraînements collectifs et champêtres.
Jouissant visiblement de la confiance des vétérans, le réalisateur fait émerger des paroles crues, rendant visibles les souffrances tues, rendant palpables les tourments dans lesquels ces jeunes hommes et femmes se débattent. Ici aussi au péril de leur vie.
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