Labor omnia vincit improbus
un travail opiniâtre vient à bout de tout
p210
Tiens , si tu avais le choix au moment des élections entre trois candidats: le premier à moitié paralysé par la polio, souffrant d'hypertension, d'anémie et de nombreuses pathologies lourdes, mentant à l'occasion, consultant une astrologue, trompant sa femme, fumant des cigarettes à la chaine et buvant trop de martinis; le deuxième obèse, ayant déjà perdu trois élections fait une dépression et deux crises cardiaques, fumant des cigares te s'imbibant le soir au champagne, au porto, au cognac et au whisky avant de perdre deux somnifères; le troisième enfin un héros de guerre décoré, respectant les femmes, aimant les animaux, ne buvant qu'une bière de temps en temps et ne fumant pas, lequel choisirais-tu? Servaz sourit.
_Je suppose que vous vous attendez à ce que je réponde le troisième?
_Et bien bravo, tu viens de rejeter Roosevelt et Churchill et d'élire Adolf Hitler. Tu vois: les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent.
Ils roulèrent alors à travers un paysage routier pétrifié de hautes sapinières impénétrables et de tourbières gelées prises dans les méandres de la rivière. Au-dessus d'eux se levaient, formidables et gris, les flancs boisés de la montagne.
Credo quia absurdum
Je le crois parce que c'est absurde
p167
Là-haut, à deux mille cinq cents mètres d'altitude, les glaciers sortaient de l'ombre, étincelant dans le soleil qui demeurait cependant caché.
… le mal n’était pas quantifiable, ni réductible à un principe scientifique, à des considérations biologiques ou à une théorie psychologique. Les esprits soi-disant forts prétendaient qu’il n’existaient pas; ils en faisaient une forme de superstition, une croyance irrationnelle pour les esprits faibles. Mais c’était simplement parce qu’ils n’avaient jamais été raturés à mort au fond d’une cave, qu’ils n’avaient jamais regardé des vidéos d’enfants violentés sur Internet, qu’ils n’avaient jamais été enlevés à leur famille, dressés, drogués et violés par des dizaines d’hommes avant d’être mis sur le trottoir d’une grande ville européenne, ni conditionnés mentalement pour se faire exploser au milieu d’une foule.
(p. 237)
- L'orgueil, répondit le psy. Quelqu'un dans cette vallée joue à être Dieu. Il se croit au-dessus des hommes et des lois, et il joue à manipuler les misérables mortels que nous sommes. Il faut pour cela un orgueil incommensurable. Un tel orgueil doit se manifester d'une manière ou d'une autre chez celui qui le possède - à moins qu'il ne le dissimule sous les apparences d'une extrême fausse modestie. p 237
Son adjoint estimait qu'à partir d'un certain taux de costards-cravates au mètre carré on entrait dans ce qu'il appelait la "zone de compétence raréfié", encore nommée par lui "zone des décisions absurdes", "zones de tirage de couverture à soi" ou "zone des parapluies ouverts".
"Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un coeur large ": Paul Gauguin
p370
Tout le monde presque sourit sur une photo. Tout le monde joue désormais, sous l'influence de la médiocrité médiatique globale, se dit Servaz. Beaucoup même sur-jouent leur vie comme s'ils se trouvaient sur une scène. L'apparence et le kitsch sont devenus règles.