La Vallée

Les foules aiment les réponses simples. Les mots comme justice, liberté,. Les slogans. Elles préfèrent l'irréel au réel, les croyances aux faits, la désobéissance à l'autorité, la colère à la raison, la simplification à la complexité. Les revendications d'une foule peuvent être légitimes et souvent elles le sont. Mais les travaux de Le Bon, de Freud, de Festinger, de Zimbardo sur la psychologie des masses établissent que la plupart des individus présents dans une foule ont beau être sensés, raisonnables, dès qu'on les plonge dans un collectif il perde le sens commun, leur indépendance d'esprit et bien souvent leurs valeurs personnelles. En psychologie sociale, on appelle ça la désindividuation de groupe. Les foules aiment le sang, les guillotines, les incendies, les lapidations, les destructions, les boucs émissaires... Aujourd'hui les réseaux sociaux plongent les individus naguère autonomes et autoconscients dans une désindividuation permanente, un bain de faits et de fantasmes constamment alimentés par le ou les groupes avec lesquels il restent connectés.

Je les vois.
Tous. S’agitant comme un troupeau affolé.
Je les vois se dire que tout ça ne fait que commencer, que ça va empirer.
S’ils savaient, ils seraient terrifiés. Encore plus qu’ils ne le sont déjà.
Il est facile de leur faire peur, de les atteindre.

-Parce que, au fond le vrai défi, c’est de s’aimer soi-même (…), c’est de ne pas avoir peur ou honte de ce qu’on est, Mathis, mais d’en faire au contraire une force. (p. 503)

Ta vie sera ce que tu en feras, tu comprends? dit-il, en se demandant s'il s'adressait au gamin ou à lui-même. C'est ça, le vrai défi... Tu vas traverser des années très difficiles, mais un jour tu sortiras. Et tu recommenceras à vivre, à jouer, à grandir, à apprendre...Tu rencontreras peut-être d'autres gens mauvais dans cette vie, des gens comme Valentin, comme Benjamin, - mais tu rencontreras aussi plein de gens formidables. Tu devras apprendre à les reconnaître parce que, quelquefois, les gens mauvais se font passer pour des gens biens...et les gens bien peuvent se montrer désagréables...

C’était désormais comme ça partout : à force de vouloir se prévenir des critiques et tenir compte de tous les avis, ne froisser aucun groupe ni aucune minorité et éviter tout commentaire négatif, plus personne n’osait bouger le petit doigt dans ce pays.

Malgré tout, quelqu’un avait comparé ces grands aéroports modernes et inhumains à nos sociétés actuelles pour expliquer les maux de ce dernier.
Selon ce penseur, les législateur avaient voulu bâtir des démocraties trop normatives, dans l’idéal de perfection se heurtait à deux écueils : d’un côté, des élites elles-mêmes insuffisant vertueuses, quand elles n’étaient pas tout simplement corrompues
, de l’autre un homme du peuple trop imparfait, pas assez idéaliste pour adhérer à ses modèles rigide exigeant trop de chacun

Carl Rogers a dit que la majorité d'entre nous ne sait pas écouter. Selon lui, nous nous sentons obligés de juger, parce qu'il est trop risqué d'écouter.

"Le Dr Dragoman est quelqu'un qui peut avoir, reprit-il, des opinions très tranchées sur un certain nombre de sujets.C'est une personne brillante.Mais ce n'est pas quelqu'un qui doute. Ni qu'on peut faire changer d'avis... Et j'ai toujours étouffé au milieu des gens pleins de certitudes."

...elle n'avait pas tardé à se rendre compte qu'au cours de ces années la France avait changé. Elle était devenue plus dure, plus intolérante, infiniment moins insouciante [...] frappée de découvrir à quel point on y cultivait désormais la haine de l'autre, l'injure, l'intransigeance, le sectarisme et la violence.

Toute cette sagesse millénaire. Que pesait-elle aujourd’hui ? Dans un monde où, d’un côté, on uniformisait l’opinion, on abolissait la vérité, on hygiénisait la pensée et où, de l’autre, on encourageait la haine et on laissait se produire les crimes les plus monstrueux, quelle place y avait-il encore pour une quelconque forme de sagesse et d’autonomie ? Que l’humanité fût devenue folle, il n’en doutait pas un instant. Que le Mal fût partout à l’oeuvre, et surtout chez ceux qui voulaient imposer aux autres leur vision du Bien, encore moins. Il était trop vieux, trop las pour ne pas voir que le combat était perdu. L’Occident était en route vers un nouvel âge des ténèbres.