Vouloir de nouveau se confiner avec
La Vallée, est-ce que ça peut être du masochisme ? Bien sûr que non, car cela n'a rien à voir ! Pour ce dernier thriller,
Bernard Minier nous demande de suivre son enquêteur hors cadre donc sans limite, le commandant Martin Servaz, mis à pied en attendant son second conseil de discipline. En décrochant en pleine
nuit son téléphone, il entend l'appel au secours de Marianne, son ancienne compagne et mère de son fils Gustav atteint de AVB (atrésie des voies biliaires) dont il n'a plus de nouvelle depuis huit ans. Laissant celui-ci en urgence à un couple ami , Servaz débarque dans un monastère pyrénéen sur les traces de la mère de son enfant.
Au cours de son enquête, Servaz retrouve son ancienne équipière, Irène Ziegler (
Glacée), elle-même préoccupée par deux meurtres inexpliqués aux corps horriblement suppliciés. Ils vont de nouveau faire équipe même si Servaz ne devrait pas à être officiellement présent. de plus, un éboulement va isoler
la vallée, obligeant flics et autorités à gérer une situation complément inédite. Accident fortuit ou délibéré, lorsque d'autres crimes suivent, le doute n'est plus permis…
Le récit démarre le matin du vendredi et finit le mardi suivant 10 h au sein d'une vallée qui abrite le village d'Aiguesville dans les Pyrénées natales de l'auteur.
Bernard Minier fait le le lien entre ses précédentes aventures en replaçant dans son théâtre romanrsque ses personnages habituels. Trois préludes signent l'horreur et la terreur inhérentes à l'enquête que Servaz et Ziegler doivent résoudre.
Le commandant Martin Servaz évolue vers une maturité qui lui sied bien. du haut de ses cinquante ans, il s'implique toujours autant en suivant son intuition sans se préoccuper des dégâts collatéraux, avec comme toujours une difficulté avec l'esprit d'équipe et ses dépassements éthiques réguliers. Mais sa nouvelle compagne et son jeune fils semblent lui donner une certaine sagesse et lui permettent de devenir moins l'objet d'une violence aveuglée. Il s'arrête, réfléchit et anticipe même si proche du but, le naturel revient en force.
Au fil de ce polar, je me suis demandée comment
Bernard Minier travaillait pour l'écriture de ses romans. A-t-il un mur remplit de post-its façon FBI des séries américaines ? Place-t-il des fils de laine entre les noms de ces personnages pour signifier les liens et les dates ? Fait-il un immense calendrier qui court sur huit jours avec comme éphéméride les situations à décrire ? Tout ceci pour expliquer la complexité de son intrigue. Les éléments sont distillés au fur et à mesure au grès du récit.
Pour ce confinement forcé vécu par les habitants de
la vallée,
Bernard Minier analyse justement leur défiance vis à vis des élites, leur peur de perdre leur travail et le manque d'éléments des autorités pour faire baisser leur inquiétude. Ses positions s'énoncent au fil des pages et dessine un auteur au ressenti social et politique attentifs.
La quatrième de couverture présente le (ou les) tueur(s) comme justicier suprême à la place de Dieu. Évidement,
Bernard Minier répond en permettant à ses héros d'arrêter l'horreur et le mal. Des réflexions mystiques ponctuent les pages renforcées par la présence d'une abbaye et ses moines et du secret confessionnel. Son prieur s'interroge sur la non-reconnaissance du péché, la déresponsabilisation et la déculpabilisation sociales actuelles. Et, du coup,
Bernard Minier nous susurre que ce que les gens d'église ne peuvent plus faire, la police en a encore les moyens à condition, peut-être, de ne pas être trop académique !
Le « Bookbuster » de l'après-Covid assume parfaitement son rôle. Bientôt devrait venir le film tellement le style se prête aux images.
Bernard Minier utilise nos peurs et nos frayeurs en les malaxant pour nous embarquer dans
La Vallée où l'horreur rattrape. Maître du thriller,
Bernard Minier confirme sa position de leader français et même la sienne à l'étranger .
C'est ici
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