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sur 219 notes
Ce récit est un reportage éclairant sur l'Iran (essentiellement depuis Téhéran) vécu de l'intérieur par l'auteure Delphine Minoui, elle-même franco-iranienne.
Atteinte d' « iranite » à cause de son amour pour son grand-père libéral au grand coeur, l'auteure nous fait vivre les heures d'espoir et de tourments de ce grand pays de culture.
Il est bon ainsi de se remémorer la suite des évènements ayant concouru à la situation actuelle de la République islamique d'Iran. Ceci depuis la révolution de 1979.
Répression, contrôle de la pensée, islamisation de la pensée sont des processus lents, insidieux et violents qui n'ont de cesse de se renforcer.
La peur est permanente, et même ceux qui ont la possibilité de fuir le régime restent ou reviennent tant l'attraction du pays est irrésistible.
Combien d'espoirs d'ouverture et de démocratie ont été déçus.
L'emprise du religieux et de son guide suprême avec ses bras armés les gardiens de la Révolution est constamment croissante. Elle se renforce après chaque infime respiration démocratique qui accompagne les élections.
Tant que le religieux primera sur le politique, tant qu'il n'y aura pas séparation du religieux et de l'Etat, les révolutions récurrentes de velours seront à mon avis toutes vouées à l'échec.
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Delphine Minoui écrit une lettre posthume à son grand-père paternel iranien, c'est lui qui lui aura donner l'impulsion d'aller sur les traces de ses origines en Iran, de 1997 à 2009.
Là-bas, elle est immédiatement confrontée aux complexités de son pays. La politique est le premier sujet évident tant le régime politique est corrompu et les résultats des élections résultent de la fraude. Elle nous fait traverser avec beaucoup d'intensité les soulèvements du peuple qui sature et s'émancipe face aux bassesses politiques tout en défiant la police des moeurs via des soirées clandestines.

Sa quête des origines n'est pas sans risque, son métier de reporter l'amène à interroger le peuple, à intégrer des médias ce qui déplaît fortement à la police des moeurs, elle sera plusieurs fois convoquée et menacée. le retrait de sa carte de presse et l'expulsion du pays comme menaces premières. La censure dans les médias est chose commune.

L'autrice nous expose une population scindée en deux : celle qui se soulève et ne veut plus être opprimée et celle pour qui mourir en martyr est une raison de vivre. Les tensions n'en sont que multipliées au sein du pays.

Au delà des faits, Delphine Minoui évoque avec une tendresse infinie son grand-père. Son métier s'est transformée en admiration à mes yeux, il implique des risques, des dangers mais c'est un détail pour elle, la foi de porter son pays et de le comprendre est puissante. Son iranite est son moteur, elle nous la délivre avec une grande intimité. Je me suis sentie enrichie après cette lecture, préciosité de la littérature.
















Dompter
Course au nucléaire
Iranite
Le contrôle via les médias
La censure
Fraude électoral
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Delphine Minoui, grand reporter et correspondante du Figaro au Moyen-Orient nous embarque en Iran, cet Iran opaque où les barbus enturbannés ont pris le pouvoir, l'Iran de l'obscurantisme où le mot liberté n'existe plus et où la religion et la loi de la charia ont pris toute la place. C'est un voyage enrichissant et bouleversant, c'était une étape nécessaire pour l'autrice qui possède la double nationalité, -Française par sa mère, Iranienne par son père- et qui ressentait le besoin de marcher dans les pas de son grand-père, son babaï dont elle connaît si peu de son histoire.

Delphine Minoui avait aussi très envie de retrouver ses racines pour comprendre et ensuite transmettre. Avec ce témoignage, sous forme de lettre adressée à ce grand-père défunt qui lui manque tant, l'autrice nous ouvre les portes de l'Iran avec des moments magiques, et les heures les plus sombres de son histoire.

De l'Iran, l'autrice a des souvenirs de vacances, en Août 1978, la terrasse ensoleillée de la maison de ses grands-parents à Téhéran, des glaces à l'eau, une piscine gonflable pour se rafraîchir et patauger, des arbres à kakis, des jus de grenades, elle n'a que quatre ans. Puis il y a les premières manifestations contre le Chah réclamant son départ, la révolution est en marche. En janvier 1979, le Chah quitte le pays pour ne plus jamais y revenir et en février, l'ayatollah Komeiny rentre d'exil et prend le pouvoir.

En 1997, le grand-père de Delphine Minoui décède, en France, lui qui n'avait jamais voulu quitter son pays, c'est hors des frontières qu'il s'éteindra et reposera. La jeune femme, journaliste, s'interroge quelques mois puis saute dans un avion pour l'Iran, elle devait n'y rester qu'une semaine, elle y restera dix ans.

Elle loge chez sa grand-mère et fait des piges pour radio-France. Les rapports avec cette grand-mère « sa mamani » qu'elle a du mal à comprendre sont parfois compliqués. Delphine se nourrit des rencontres qu'elle fait et en apprend un peu plus chaque jour de ce pays qu'elle commence à aimer et dont elle ne peut bientôt plus se passer, même s'il faut se rendre dans des soirées clandestines pour faire la fête, pour boire, danser et risquer de se faire arrêter par la police des moeurs. Même s'il faut se couvrir la tête d'un foulard où rien ne doit dépasser. Même s'il faut être prudente quand elle rédige des articles de presse et malmène un peu le pouvoir en place en relatant des faits réels. Elle nous parle de ses amis(es) qui sont des intellectuels, des étudiants, des anciens révolutionnaires, des écrivains, des journalistes, elle fréquentera même un bassidji, défenseur extrême du pouvoir Islamique et se liera d'amitié avec son épouse.

J'aime beaucoup ce panachage de populations, les rencontres de l'autrice, cet attachement qu'ont les Iraniens pour leur pays qui pourtant se délite petit à petit sous la dureté et l'obscurantisme du pouvoir Islamique, les références aux poètes Perses dont Hafez, le plus grand et le plus connu. Je trouve ces gens attachants ils ont un idéal, ils sont cultivés, ils rêvent de liberté et sont prêts à y laisser leur vie.

On pourrait ne pas comprendre pourquoi l'autrice s'attache tant à un pays où on est constamment tenu en laisse et muselé, où il faut en permanence être sur ses gardes, où on doit se sentir parfois étriqué, où on doit manquer d'air tant l'ambiance doit être pesante. En tant que journaliste elle est surveillée, elle sera même convoquée plusieurs fois par les services du renseignement, j'avoue que j'ai tremblé pour elle ! Je me suis demandé si sa double nationalité ne pesait pas dans la balance. Certains de ses amis journalistes ont été emprisonnés.

l'Iran fascine autant qu'il fait peur. Pour l'occidentale que je suis, c'est le pays de la répression et du manque de liberté, c'est le retour au moyen-âge où la religion prime, c'est un peu caricatural mais il me semble que c'est comme ça qu'on voit ce pays. Delphine Minoui le voit avec les yeux de l'amour, parce que ce sont ses racines et qu'elle ne réduit pas ce pays à la carricature que l'occident s'en fait. il y a l'art, la poésie et la littérature persane, il y a la mythologie, les coutumes et les traditions. Il y a un patrimoine mondial très riche, de merveilleux paysages qui s'étendent entre mer, désert, montagnes.

C'est un pays chargé d'histoire, Delphine apprend à nager en eaux troubles, à trouver les bons contacts, à rédiger habilement, à informer véritablement, à se faufiler un peu partout, sans se faire repérer, jusqu'au moment où, découverte et en danger, elle doit précipitamment quitter le pays avec son époux, journaliste lui aussi.

J'ai adoré ce roman qui m'a totalement dépaysée et m'a appris tellement sur la société Iranienne. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère qui s'en dégage et la belle écriture de l'autrice. J'ai eu beaucoup de mal à refermer ce livre et je sais d'ores et déjà que le lirai certainement d'autres ouvrages sur ce pays.


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J'ai adoré ce livre… La passion, toujours plus grande tout au long du récit, de Delphine Minoui pour l'Iran de son grand père, et pour ce peuple avide de liberté et d'une vraie démocratie, m'a aidé à mieux comprendre ce pays et l'actualité qui malheureusement se répète aujourd'hui encore…
Neda, tuée par le tir d'un bassidji lors des manifestations de 2009, a été remplacée par Mahsa Amini, en septembre 2022, arrêtée, elle, par la police des moeurs iranienne qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de cette République islamique.
Et puis… les manifestations, la répression… l'Histoire se répète, toujours au détriment du peuple iranien.
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"Le flambeau a maintenant changé de main
Que vive cette course
Nous courons
Les yeux remplis de larmes
Vers la liberté"

Quelle claque ! Sous forme d'une lettre posthume à son grand-père alors décédé, Delphine Minoui, journaliste franco-iranienne, lui raconte ses années passées en Iran. Comment, d'une jeune femme occidentale avide de découvrir son pays, elle est finalement devenue militante, manifestante, engagée pour un pays dont elle s'est irrrémédiablement éprise.

En plus d'écrire divinement bien et de nous tenir en haleine tout au long de la lecture, l'auteure nous emmène avec elle au coeur de l'Iran du début des années 2000 où les illusions et les désilllusions politiques s'enchaînent. On y découvre la soif de liberté et de vie de la jeunesse iranienne mais aussi la combativité de toute une nation pour récupérer ce qui leur est de plus cher: leur pays.
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Delphine, journaliste franco-iranienne est en quête du pays d'origine de son père. Elle va vivre à Téhéran et en Iran de 1997 à 2009. Elle découvre les ouvertures, les replis, les espoirs et les déceptions du peuple. Elle attrape « l'iranite ».
La lecture n'a pas été facile car l'écriture n'est pas très fluide. le rythme est parfois un peu lent. Mais le livre se lit. La journaliste a souvent la naïveté de l'occidentale qui découvre un pays oriental et en plus islamiste. Ce livre m'a permis de découvrir la culture perse qui permet de lutter culturellement contre l'islamisme. Ce livre doit être mis dans les mains de ceux qui veulent imposer le communautarisme et le port du voile en France.
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Un livre à lire pour tous ceux qui s'intéressent à l'Iran. L'auteure nous montre les côtés sombres du régime, la répression, l'hypocrisie, et en cela elle confirme ce qui se dit déjà en Europe. Mais elle nous montre également l'immense espoir qui existe dans ce pays et les attentes de la jeunesse. Elle montre également les risques immenses que prennent tous ceux qui résistent au régime, que ce soit par un engagement politique ou par des petits gestes de défi au quotidien.
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« Je vous écris de Téhéran » n'est pas une biographie, ni un road trip, ni un livre d'histoire. Ce n'est pas un simple témoignage parmi d'autres même si au début de ma lecture, j'ai beaucoup pensé aux récits de Armin Arefi qui a notamment écrit « Dentelles et tchadors : la vie dans l'Iran des mollahs » et qui montrait déjà l'envers du décor de la République islamique.
Ce récit est d'une autre nature. Il mêle l'intime à l'actualité, alternant des parcelles de vie familiale et des investigations journalistiques.
Après la mort de son grand-père paternel, qu'elle connaissait finalement si peu, la journaliste Delphine Minoui va se rapprocher de son histoire et sa moitié iranienne mise en sourdine pendant de nombreuses années. Quand elle annonce à son père, qui a quitté son pays il y a de nombreuses années, son souhait d'aller vivre quelques temps en Iran, il ne comprend pas. Elle pensait y passer quelques semaines, elle y est restée dix ans. Son récit, Delphine Minoui l'envisage comme une lettre ouverte à son grand-père, à qui elle fait partager son quotidien et ses découvertes. Elle nous prend comme témoin et nous emmène avec elle sur ses pas.
Et ce sont ces dix ans, de la fin des années 1990 au 25 juin 2009 où elle est forcée de quitter le pays qu'elle raconte ici.
Comme à chaque fois que l'on évoque l'Iran, tout est compliqué. On le sait, la révolution a renversé une monarchie au profit d'une République islamique, les Etats-Unis pratiquent un embargo qui étrangle économiquement le pays. le peuple vit dans cet entre-deux à mi-chemin entre résignation et révolte.
Au fil des pages, l'auteure découvre la vraie nature d'un pays qu'elle ne connaît pas. Elle a nécessairement un regard occidental et c'est cela qui rend le récit frappant. Ce sont deux visions du monde qui s'affrontent et deux modes de vie.
Durant ses dix ans passés en Iran, elle a été la témoin privilégiée de nombreuses élections, de nombreux mouvements d'espoirs et d'ouvertures, mais elle a également vu les conséquences des attentats du 11 septembre et elle a expérimenté la suspicion, les surveillances et les interrogatoires.
Ce n'est pas qu'un récit de plus sur l'Iran. C'est le récit sincère d'une jeune femme qui a voulu combler un vide et comprendre d'où elle venait.
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Une citation de ce livre peut en résumer le contenu :
"...je réalisais plus que jamais que ce n'était pas seulement toi, énigmatique grand-père, que j'étais venue chercher en Iran, mais aussi un peu de moi-même.".
Il s'agit de ma seconde lecture d'un ouvrage de Delphine Minoui. J'ai apprécié "Les passeurs de livres de Daraya", tout comme celui-ci.
Le périple journalistique de son introspection iranienne nous permet de découvrir un pays pour lequel nous sommes nombreux à avoir des aprioris. J'en ressort avec l'image d'un peuple iranien fier et cultivé débordant d'une soif de liberté et de démocratie. Même si la situation actuelle de ce pays est toujours précaire et compliquée, le message d'espoir de ce récit des années 2000 reste tout de même d'actualité.
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Delphine nous entraîne à la recherche de son passée, à la rencontre de son grand-père mais surtout à la découverte de son origine. de mère française et de père iranien, elle décide, à la mort de son grand-père d'aller à la rencontre de l'Iran, le pays de cet aïeul aimé de loin.
Delphine quitte la France pour l'Iran qu'elle ne quittera qu'une douzaine d'années plus tard. Elle va découvrir un pays complexe où radicalisation religieuse côtoie l'envie de liberté et de démocratie.
Entre le témoignage journalistique et le journal intime, Delphine nous fait entrer dans sa vie à la rencontre de nombreux personnages plus ou moins touchant. Ce récit est aussi celui de son pays de coeur, l'Iran, un pays complexe où lutte la liberté (démocratie, place des femmes, occidentalisation) est un combat de longue haleine.
J'ai toujours été fascinée par ce pays et je dois dire que Delphine aura réussi à me faire apprécier son Iran.
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