AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 812 notes
Yukio Mishima de son vrai nom Kimitake Hiraoka est un écrivain japonais, né en 1925 qui s'est suicidé par seppuku le 25 novembre 1970. Il publia près de quarante romans, aussi bien des romans populaires qui paraissent dans la presse à grand tirage que des oeuvres littéraires raffinées, mais aussi des essais, des nouvelles et des pièces de théâtre. Il a obtenu les trois grands prix littéraires du Japon. Confessions d'un masque (1949) vient d'être réédité en poche dans une nouvelle traduction.
Roman autobiographique, Confessions d'un masque est le coming out de l'écrivain, le masque de l'auteur tombe et il confesse, secret de Polichinelle, ses penchants homosexuels.
Japon des années 1930. Kôchan, le narrateur (mais aussi diminutif du nom de l'écrivain), est un gamin à la santé fragile, tenu à distance de ses petits camarades par sa famille. Très jeune, et sans qu'à cet âge il en comprenne le sens véritable, ses premiers souvenirs engageant son avenir portent sur la vue d'un jeune vidangeur, une photo de Jeanne d'Arc ou l'odeur de sueur d'un bataillon de soldats qui passent. Il aime aussi se travestir avec les vêtements de sa mère. Mais une image plus forte encore le marquera à vie, celle d'un tableau, le Saint Sébastien de Guido Reni qui représente le martyr à demi-nu et percé de flèches, déclenchant chez lui une fascination pour la souffrance (goût du sang, torture) qui deviendra un thème récurrent dans son oeuvre. Plus tard au collège, son premier amour (secret et platonique) sera pour Ômi, un camarade plus mature, un genre de petit rebelle dans la classe. Kôchan pressent que cette attirance est d'ordre sexuel mais il n'en tire pas encore les conclusions qui s'imposent…
Disons qu'il s'agit là de la première partie du roman, tel que je l'ai compris. C'est aussi la moins intéressante ( ?) à mon goût. La seconde mérite toute notre attention, beaucoup plus subtile et troublante.
Kôchan a grandi, il a une vingtaine d'années et il a fait la connaissance de Sonoko, la soeur d'un de ses camarades, déclenchant une expérience amoureuse complexe et psychologiquement perturbante. Il va tenter avec cette jeune fille, d'être un homme « normal », un hétérosexuel classique ; expérience qui n'ira pas plus loin qu'un baiser (et c'était déjà pas mal pour l'époque) mais qui va le laisser froid comme un colin. Pour Sonoko il n'en est pas de même, elle aime ce jeune homme, et dans le contexte japonais d'alors, une procédure discrète d'approche du futur prétendant est entamée, tombant à l'eau quand Kôchan réalisera dans quel guêpier il s'est embarqué.
Cette partie du roman est véritablement réussie et touche parfois au magnifique. Kôchan vit à une époque et dans un monde qui ne lui permettent pas de comprendre véritablement ses pulsions érotiques et par là dévoile ses difficultés à être un homme.
Roman sauvé par sa seconde partie car je l'ai dit, je n'ai pas trop aimé le début du livre parce qu'aujourd'hui il m'a l'effet de « déjà lu ». Par contre tout le texte est très bien écrit et parfois, j'y ai vu quelque chose de Marcel Proust dans cette belle écriture classique, avec son héros à la santé fragile et son penchant pour l'introspection et les amours interdites, ou encore Jean Genêt (« A cette vue, et surtout à la vue d'une pivoine tatouée sur l'un de ses bras musculeux, le désir m'assaillit. »).
Un bouquin en partie intéressant, mais si vous n'avez jamais lu cet écrivain de talent, ce n'est pas avec celui-ci qu'il faudra commencer pour le découvrir. Or, et c'est là tout le paradoxe, il contient tout ce qui éclaire le reste de son oeuvre.
Commenter  J’apprécie          40
Confession d'un masque » n'est pas un livre qui m'a particulièrement intéressé en raison de son sujet (l'homosexualité cachée) et du caractère trop introspectif du style de Mishima.

On sent donc beaucoup de souffrance et d'errements dans la personnalité de l'écrivain et on est juste horrifié par ses fantasmes de tortures sur de jeunes corps masculins.

Au vue du récit apporté, Mishima était assurément 110% homosexuel et n'a fréquenté les femmes que de manière platonique sans doute par convention sociale à tel point qu'on peut même douter de la profondeur de ses sentiments à l'égard de Sonoko.

Peu de poésie donc ou de splendides descriptions mais plutôt une ambiance de gymnases, de casernes et de dortoirs d'adolescents cherchant maladroitement leur sexualité.

Et bien entendu, la mort planant déjà au dessus de tout, comme une délivrance au fardeau de l'existence trop lourd à porter pour un homme tourmenté et seul.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          60
Comme le titre magnifique l'indique, Mishima se livre entièrement. Il dépose son corps sur les pages, erre en décalage complet avec les "normaux". Il traverse les périodes sombres de la guerre à Tokyo à la façon d'un spectateur distant, fait part de ses premiers émois et de ses premières pulsions suicidaires. La recherche de la beauté est forcément macabre et honteuse pour le jeune bourgeois, féru de littérature occidentale. La poésie nait de la sincérité profonde. Une oeuvre qui balaye presque toutes les misérables tentatives biographiques et auto-analysantes de nos piètres auteurs contemporains.. (blanche)
Commenter  J’apprécie          100
Me voici de nouveau devant ce texte de Mishima lu il y a tant d'années ! Un jeune homme de vingt-quatre ans nous livre ce texte dense, difficile, douloureux et d'une beauté somptueuse. On voit passer l'enfant maladif et isolé, l'écolier, le collégien, l'étudiant qui veut se conformer à ce qu'on attend de lui mais sait intérieurement qu'il ne le peut. On le voit face à ses contradictions. Très jeune, il a le goût de la beauté masculine, de la jeunesse, de la force et de la mort brutale et héroïque. Très vite, il rencontre lé désir et la transgression, la dissimulation et la clairvoyance. La société voudrait qu'il aime Sonoko et l'épouse...Il aime, sous la peau des jeunes hommes, le sang qui circule et peut si vite affleurer...les blessures, la mort...
Très beau texte qui me confirme dans mon admiration pour ce très grand écrivain !
Commenter  J’apprécie          80
Qu'en termes élégants ces choses là sont dites!
Cependant le brio et la finesse de l'écriture et des sentiments n'empêchent pas le dérangement de lire ce qui ressemble à un compte rendu détaillé d'une très longue psychanalyse du patient Mishima porteur de multiples névroses...
Car si le moi est détestable dans les conversations, "Le moi est haïssable en littérature" (dixit Gustave Flaubert)
Commenter  J’apprécie          122
Magnifique, sensible, de l'enfance à jeune adulte la découverte de l'homosexualité du héros.
Aucune vulgarité, La question se pose qu'est ce que l'amour ? la sexualité ou la complicité ?
A LIRE ABSOLUMENT
Commenter  J’apprécie          60
Désir ou pulsion, plaisir ou amour, inversion ou normalité, imaginaire fantasmatique et pulsion tactile? « Peut-on envisager un amour qui ne s'enracine pas dans le désir physique? Et celui-ci ne relève-t-il pas purement et simplement de l'immoralité? » (211)

Cette oeuvre créée en 1949, traduite par Gallimard à partir de l'oeuvre originale (Dominique Palmé), reste actuelle tant par les propos du discours que l'écriture peu commune. Yukio Mishima est auteur remarquable, duquel j'ai eu le plaisir de lire plusieurs oeuvres romanesques. Celle-ci est à la hauteur du génie littéraire. D'aucuns se souviendront qu'en novembre 1970, il s'est donné la mort au cours d'un hara-kiri (seppuku) spectaculaire; cet événement a frappé l'imaginaire des gens à l'époque.

Kôchan, le narrateur présent, et personnage principal, rapporte les expériences sensuelles de son enfance jusqu'au début de sa vie d'adulte. Peu à peu, il découvre que sa pulsion sexuelle indiciblement cachée est tournée vers les éphèbes, en commençant par ses camarades d'étude. Il est « séduit » par la beauté esthétique des jeunes athlètes au torse galbé. Dans une société japonaise, fin des années trente et début des années quarante, voir la 2e guerre mondiale, ce désir dit d'inversion est interdit, proscrit, marginalisé, occulté. Il est impossible à Kôchan d'exprimer, d'exposer, de projeter ce désir interdit. Cette situation renvoie au chef d'oeuvre de Yukio Mishima, « Les amours interdites ». Habité par des pulsions homosexuelles, Kôchan ne peut faire fi du désir sensuel qu'il ressent pour la soeur d'un de ses camarades de classe. Un jeune homme peut-il entretenir une relation d'amitié hétérosexuelle, pleine de sensualité, alors que la pulsion dominante projette vers les éphèbes masculins?

Encore une fois, j'ai été « séduit » par une oeuvre littéraire de Mishima, écrit hors du commun. le récit est soutenu, fabriqué de confidences presque intimes. Sans verser dans la vulgarité ou l'obscénité, Mishima décrit avec moultes détails sa pulsion et ses désirs. Oeuvre littéraire remarquable, elle demeure vigoureuse soixante-dix après sa création, elle s'inscrit dans le débat social actuel sur les genres et transgenres.
Commenter  J’apprécie          80
Déception.

Je n'ai pas du tout accroché à ce roman de Mishima dont j'avais pourtant déjà apprécié l'oeuvre.

Mishima fait ici le récit (autobiographique parait-il) d'un jeune homme qui repousse d'abord inconsciemment puis consciemment ses pulsions homosexuelles et sa fascination pour le sang et la mort, dans le Japon des années 30 et 40.

Ce n'est qu'introspection, égotisme, nombrilisme j'ai même envie d'écrire. Certes on peut y trouver peut-être une longue méditation sur l'amour, mais moi cela m'est passé bien au-dessus de la tête.

Je retiens juste quelques beaux passages, malheureusement trop peu nombreux, comme celui du contact de la main du jeune homme aimé sur la peau du protagoniste ou celui du ciel de Tokyo les soirs de bombardement.
Commenter  J’apprécie          335
Roman autobiographique ou autobiographie romancée, au style élégant mais un rien trop cérébral, Confessions d'un masque raconte principalement comment le narra(u)teur se démène avec ses penchants homosexuels jusqu'à les accepter, mais passe aussi sur le culte des apparences à tous les niveaux, de soi-même à la société, ainsi que le rapport étroit – dans la vie de Mishima du moins – entre désir, violence (en particulier le sadisme) et beauté, rapport qui se concrétise dans la scène clé du roman où le narra(u)teur s'adonne pour la première fois à ce qu'il va nommer par la suite ses « mauvaises habitudes » devant le Saint-Sébastien de Guido Reni.


Lien : https://lemondedurevelecteur..
Commenter  J’apprécie          03
Quelle âme tourmentée habitait Yukio Mishima ? Sa vie, sa mort et son Oeuvre nous montrent un homme tourné vers l'introspection et vers la nature morbide et sombre de l'être humain. « Confession d'un masque », l'un de ses premiers roman d'Après-guerre nous le prouve et contient déjà le style et les thèmes de prédilection de l'écrivain japonais. Encore une fois, il nous livre un récit « coup de poing » dont le lecteur ne peut sortir indemne.


Ce roman est d'autant plus violent qu'il possède les accents de la réalité. Nul doute qu'il soit grandement autobiographique et que son auteur expose au lecteur les pensées et l'état d'esprit qui le hantaient à l'époque de sa jeunesse. Il est en grande partie question de son homosexualité et sa recherche de la conformité. de ce côté, Mishima s'exprime de manière crue, avec énormément de talent, quitte à être provocateur et rebelle. Il faut aussi une bonne dose de courage pour écrire et publier un tel livre dans les années 40, dans un Japon où la différence était souvent mal perçue.


« Confession d'un masque » est un petit bijou de la littérature nippone. Pas forcément facile d'accès mais d'une richesse infinie. du grand Mishima !
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (2132) Voir plus



Quiz Voir plus

Mishima

Quel est le vrai nom de Yukio Mishima ?

Yukio Mishima évidement !
Kenji Matsuda
Kimitake Hiraoka
Yasunari Kawabata

15 questions
96 lecteurs ont répondu
Thème : Yukio MishimaCréer un quiz sur ce livre

{* *}