AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 816 notes
Qu'en termes élégants ces choses là sont dites!
Cependant le brio et la finesse de l'écriture et des sentiments n'empêchent pas le dérangement de lire ce qui ressemble à un compte rendu détaillé d'une très longue psychanalyse du patient Mishima porteur de multiples névroses...
Car si le moi est détestable dans les conversations, "Le moi est haïssable en littérature" (dixit Gustave Flaubert)
Commenter  J’apprécie          122
Sur la quatrième de couverture il est écrit : "Mishima nous offre un récit torturé sur la frustration et le désir".
C'est exactement cela. Son écriture est soigné et percutante. Même s'il s'agit d'une traduction du texte en anglais. J'ai adoré chaque mot.
Il raconte son enfance et sa découverte de la sexualité dans les livres "d'images". Sa préférence pour les garçons et sa volonté acharnée d'entrer dans le moule conventionnel de la société contemporaine (1930-1940).
Son incapacité a aimer.
Il évoque aussi la mort et le suicide dans un style lyrique et prémonitoire.
C'est une oeuvre que je ne me lasserai pas de relire.
Commenter  J’apprécie          120
Ce livre parait incroyable. Premier roman d’un jeune homme de 24 ans, écrit dans un Japon qui sortait à peine de la guerre et qui ne s’était pas encore occidentalisé, il est d’une audace qui étonne encore de nos jours. Dans ce livre, il semble impossible de faire la part entre autobiographie et fiction, mais je présume qu’il s’agit pour l’essentiel d’une confession personnelle. L’auteur analyse avec une lucidité extraordinaire son état d’esprit pendant sa jeunesse. Ses premiers souvenirs, très précis, remontent au temps où il était un jeune enfant chétif, accaparé par une grand-mère possessive. Mais surtout il détaille les années où il était lycéen. Il commence par focaliser son désir sur Omi, un un jeune homme plus âgé que lui, avant de refouler ce sentiment. Peu à peu il découvre sa singularité. Il écrit: "La différence résidait dans le fait que les autres garçons semblaient trouver un sujet d’excitation extraordinaire dans le simple mot « femme ». Pour moi, au contraire, le mot « femme n’évoquait pas plus une impression sensuelle que « crayon », « automobile » ou « balai »". Mais, au lieu de conscientiser et d’accepter cette vérité intime, le jeune héros prend le chemin inverse et cherche à se persuader ("par auto-hypnose") qu’en réalité il est comme les autres; il s’oblige à contrôler parfaitement son comportement. Mais son esprit est très perturbé. Il avoue avoir des rêveries morbides et cruelles, qui sont le reflet indirect de son profond malaise. Devenu jeune adulte, le narrateur est rattrapé par la guerre qui entraine de graves destructions au Japon. En voulant jouer le jeu jusqu’au bout, il fait la cour à une sœur d’ami, Sonoko, et se trouve au final contraint de battre en retraite piteusement, incapable d’éprouver le moindre désir pour cette jeune fille. Sonoko se mariera rapidement avec un autre, mais ensuite rencontrera plusieurs fois le héros (inutilement).
J’ai trouvé ce roman d’une grande intensité, très authentique, cruel et lucide. La première moitié du livre m'a paru la plus forte. D'une manière générale, on sent chez l’auteur la volonté inébranlable de briser tous les tabous - mais sans ostentation particulière. De plus, son écriture est vraiment remarquable. Si certains passages m’ont semblé un peu lourds, d’autres pages sont écrites dans un style magnifique, audacieux et parfois somptueux. Un coup de maître pour cet écrivain alors débutant, qui obtiendra une célébrité mondiale par son œuvre littéraire et par son suicide final.
Commenter  J’apprécie          120
Le masque est l'identité extérieure de Kochan construite à l'image du mâle japonais idyllique qu'il présente au monde. Les confessions sont un aperçu de l'aliénation dont Kochan a souffert tout au long de sa vie alors qu'il construisait son personnage fictif.

Il souligne la nature déterministe de la condition humaine. le texte laisse le lecteur avec un jeune homme dont l'avenir sombre et ambigu n'est rien sinon enchaîné au destin.
Commenter  J’apprécie          112
Confession d'un masque est sans aucun doute le récit fondateur de Mishima, et de ce point de vue, sa lecture est un plaisir nécessaire pour mieux cerner l'écrivain, son oeuvre et son parcours de vie.
Sous couvert de roman, à l'âge de 24 ans l'auteur procède à une introspection particulièrement transparente et profonde de ses années d'enfance puis d'adolescence, tiraillé entre pulsions homosexuelles et conventions morales et sociales, qui le conduisent quant à elles à tenter d'aimer le sexe opposé.
Le récit se déroule pour grande partie à la fin de la 2nde guerre mondiale, la défaite est proche, la résignation (ou même l'aspiration) à la mort aussi. Cette mort qui sera cruellement et méthodiquement mise en scène près de 20 ans plus tard, tel l'aboutissement suprême.
Mais, pour revenir au présent livre, dans cette période de renversement sociétal, d'implosion des valeurs militaristes, la description d'une société passéiste, de non dits, moralisatrice et conservatrice à l'extrême est particulièrement oppressante.
Penser que ce livre n'est paru que 4 ans après la fin du conflit est la marque d'une grande liberté d'esprit, plus même que d'un courage. Liberté d'esprit, mais aussi nécessité de poser toutes les bases d'un esprit nourri de contradictions (mettre en accord la chair et l'esprit) que Mishima s'efforcera de dompter tout au long de sa vie en traçant une voie qui lui sera propre et permettra de délivrer des textes profonds d'une grande originalité.
Commenter  J’apprécie          100
Ce roman aux échos autobiographiques nous emmène dans l'enfance et l'adolescence du narrateur, Kochan (diminutif de Kimitake, véritable prénom de l'auteur). Il y relate la naissance de ses désirs envers les corps masculins – l'odeur de la sueur, le choc de la rencontre avec les représentations de Saint-Sébastien… –, la lutte contre ses inclinaisons et ses tentatives de nouer une relation romantique avec la soeur d'un de ses amis. Il y a un côté très analytique dans ce roman où il détaille et décrypte son homosexualité, son « inversion », ses objets de désirs, ses réactions, les différences et les relations entre ses camarades et lui.
C'est le récit d'un homme torturé, en lutte contre lui-même, du fait d'émotions totalement taboues pour l'époque et la société dans laquelle il vit. L'envie de mort est présente tout au long du roman, il fantasme la sienne et met en scène celle d'autres jeunes hommes dans ses rêves érotiques. Haïssant sa « lâcheté », son être intérieur, il souhaite disparaître, s'évaporer sans laisser de traces. Et en parallèle, la pulsion de vie persiste, lui apportant soulagement lors de son exemption de s'engager dans une Seconde Guerre mondiale agonisante. L'homme qui se fera seppuku n'est pas encore là, mais se dessine en filigrane.

C'est aussi un aperçu du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment lorsque celle-ci s'apprête à toucher à sa fin : la possibilité de mourir sous les bombes à tout moment et celle d'être appelé à la guerre, les alertes aériennes, l'état d'esprit de la population…

De l'enfant maladif à l'aube de l'âge adulte, le désir de conformisme, les faux-semblants, l'impossibilité à prétendre totalement des sentiments qu'il n'éprouve pas, le mal-être sont omniprésents dans ce roman introspectif parfois perturbant. le discours de Mishima m'a parfois choquée, mais sa détresse m'a touchée, attristée. Un récit très sensible et intimiste, intelligent et franc, déroutant mais intéressant.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
Commenter  J’apprécie          102
Comme le titre magnifique l'indique, Mishima se livre entièrement. Il dépose son corps sur les pages, erre en décalage complet avec les "normaux". Il traverse les périodes sombres de la guerre à Tokyo à la façon d'un spectateur distant, fait part de ses premiers émois et de ses premières pulsions suicidaires. La recherche de la beauté est forcément macabre et honteuse pour le jeune bourgeois, féru de littérature occidentale. La poésie nait de la sincérité profonde. Une oeuvre qui balaye presque toutes les misérables tentatives biographiques et auto-analysantes de nos piètres auteurs contemporains.. (blanche)
Commenter  J’apprécie          100
Ce roman autobiographique est une invitation intime, où on suit les états d'âmes du jeune Kochan, qui relate la façon dont il a grandit à travers sa quête de la compréhension de l'amour ; amour qu'il distingue du désir, car entravé par la découverte de son homosexualité qu'il enfouit et déni dans son envie d'une relation dite normale.
Cette relation il tentera de l'établir avec Sonoko - la soeur d'un ami -, mais ce sera une lutte interne permanente que d'essayer de s'épanouir en allant à l'encontre de ses réels sentiments.

À travers la période de guerre durant laquelle le jeune homme grandit, ses doutes et ses émotions seront exacerbés, prenant même un certain sens, car permettront soit la fuite la plus extrême (la mort possible) ou des éclats de pure lucidité.

Dans ce livre, on peut apprécier la puissante et passionnante introspection que Yukio Mishima mène sans tabou ; ses pensées morbides, son mal-être, mais aussi l'intelligence qu'il met pour analyser sa propre évolution donnent beaucoup d'ampleur à sa confession, nous permettant d'avoir les éléments nécessaires afin de mieux comprendre l'être contradictoire et torturé qui se dévoile de page en page.

Quand on connait le parcours de Mishima, il est intéressant de voir la vision qu'il avait de lui-même et comment il pouvait se bafouer en toute conscience. Une dualité permanente entre ce qu'il était et ce qu'il aspirait à être.
Commenter  J’apprécie          90
C'est le roman qui a révélé le talent de Mishima. On y suit le parcours des vingt premières années de vie d'un héros qui ressemble comme un frère à l'auteur. L'écriture en est à la fois limpide et affectée, les termes et les temps utilisés sont variés, mais le tout révèle une grande maitrise et, pour le dire, un énorme talent.

Avant, pendant et après la guerre, nous suivons les tourments du héros qui cherche comment vivre sa particularité, c'est à dire, clairement, son homosexualité. Pas de revendications ou de plaidoyer dans cet ouvrage, seulement la description d'un jeune homme qui, épouvanté et fasciné à la fois par ses désirs intimes, en vient à se construire un masque de normalité afin de tenter de vivre. On y suit, dès l'enfance, puis à l'adolescence, les efforts désespérés du héros pour nier, puis contrer la nature de ses désirs. Un homme qui veut passionnément aimer les femmes, et se désespère de voir que ces dernières n'éveillent en lui aucun désir, alors que les jeunes garçons font flamboyer son imagination…

La rencontre avec la soeur d'un ami, la belle Sonoko, va lui permettre de se fondre dans le masque qu'il s'est construit, d'en affecter en être la représentation, mais cette illusion, cette méprise où s'entremêlent une simple amitié, la volonté de séduire, le désir ardent de la normalité et l'amour sincère de la jeune femme à son égard le conduira à l'inéluctable dénouement où tombera le masque.

C'est un joli roman sur le thème de la difficulté à assumer son identité. Certes, le Japon des années 40 et 50 est un milieu particulier, mais les difficultés du héros restent d'actualité.

Ce roman n'a rien d'une oeuvre militante, d'une plaidoirie : c'est avant tout une oeuvre littéraire, un roman qui raconte magnifiquement l'histoire d'un homme qui essaye de se construire et de se comprendre. Toutefois, c'est peut-être aussi une lecture classique à conseiller à ceux qui pensent encore que l'homosexualité résulte d'un simple choix conscient ou l'assimilent à une maladie : cette « confession » leur apportera un cinglant démenti.

Lien : https://litteraturedusoleill..
Commenter  J’apprécie          90
Lecture qui me laisse un sentiment étrange…

Peut-on aimer un texte sans être intéressé par ce qu'il raconte?

Apparemment oui. Car j'ai aimé ce roman, même si dans le fond, la succession de souvenirs que Mishima relate ne m'a pas captivée.

Ce qui m'a captivée en revanche, c'est son style flamboyant, sa plume délicate et sensible. C'était beau à lire et rien que pour ce plaisir-la, j'y revenais avec envie.

Mishima déploie un magistral talent d'écrivain, tant dans la description des personnages, du décor, du contexte historique (le Japon au début du XXEME et notamment la période de la seconde guerre mondiale) que des émotions. Son style est sublime, irréprochable et il insuffle avec brio à ce qu'il écrit une tension narrative qui m'a faite frissonner à plusieurs reprises.

« j'entendis le bruit que faisait […] la neige qui fondait déjà. C'était la lumière même qui tombait - voilà la seule image qui me vint. La lumière, poussant soupir après soupir, se jetait dans les flaques formées sur le béton maculé par la boue des semelles, pour y mourir.»

Mishima explore ici la normalité de façon intéressante. Comment se construit-on quand on se sent en permanence coupable d'avoir des pensées jugées immorales, notamment aux périodes charnières de l'enfance et de l'adolescence ? Comment s'épanouir quand on joue en permanence un rôle pour masquer son moi profond ?

J'aurais pu m'attacher à ce personnage chétif, élevé par une grand-mère oppressante et autoritaire, et qui ne sait comment trouver sa place dans ce Japon codifié des années 40-50, mais je suis malheureusement restée à distance, indifférente à la mise à nu de ses fantasmes et ses pensées profondes. Sans doute le côté autobiographique, presque journal intime, qui n'est pas un genre que j'affectionne, m'a tenue en retrait.

J'en garde malgré tout le sentiment d'une belle découverte qui me donne envie d'approfondir l'oeuvre de cet auteur et je vous encourage également à le découvrir pour vous faire votre propre avis.
Commenter  J’apprécie          92




Lecteurs (2141) Voir plus



Quiz Voir plus

Mishima

Quel est le vrai nom de Yukio Mishima ?

Yukio Mishima évidement !
Kenji Matsuda
Kimitake Hiraoka
Yasunari Kawabata

15 questions
98 lecteurs ont répondu
Thème : Yukio MishimaCréer un quiz sur ce livre

{* *}