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sur 791 notes
Carl Gustav Jung nommait « persona » ce masque que l'on porte en société pour se définir aux yeux des autres, répondre aux normes sociales, s'adapter au monde dans lequel on vit. Dans ce premier roman magistral, certainement l'un des plus connus de Yukio Mishima, l'auteur explore les tréfonds de ses propres fantasmes sexuels et de sa douloureuse « inversion » derrière le masque qu'il s'est contraint à porter. Au sujet de ce récit autobiographique, Mishima confessa l'idée suivante : « écrire cette oeuvre, c'est évidemment mourir à l'être que je suis, mais j'ai aussi l'impression, au fil de l'écriture, de recouvrer peu à peu ma vie. »

Enfant malingre à la santé fragile, Kôchan découvre au seuil de l'adolescence ses premiers émois sensuels en contemplant les éphèbes des livres d'art, et notamment la figure du saint martyr Sébastien peint par Guido Reni. Ce torse d'une blancheur incomparable percé de flèches, ces bras robustes de centurion ligotés haut à un arbre, et ces yeux grands ouverts emplis d'une paix profonde ancrent dans l'imagination du garçon des images d'une implacable voracité. Nous plongeons alors dans les vertiges intérieurs de Kôchan qui cède avec délice à « ses mauvaises habitudes » tout en invoquant en esprit des scènes d'un sadisme sensuel et troublant. Il est d'ailleurs bouleversant de constater combien les descriptions de ces fantasmes font écho à la mort que Mishima s'infligera le 25 novembre 1970 à l'âge de 45 ans, en se faisant seppuku, suicide rituel par éventration. Une prophétie autoréalisatrice sans aucun doute, l'aboutissement de son fantasme de mort.

Luttant contre lui-même, Kôchan grandit ainsi en portant un masque. Il se met à fréquenter la charmante et naïve Sonoko, pour laquelle il éprouve une étrange attirance cependant dépouillée de l'envie sexuelle, car ses pulsions intimes s'ancrent ailleurs. Jusqu'à quelle mascarade Kôchan est-il prêt dans son illusion de normalité ? Quelles douleurs consentira-t-il à infliger, à soi-même et à l'autre ? Pourra-t-il vivre toujours caché derrière son masque ?
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Roman autobiographique, "Confession d'un masque" nous fait découvrir la vie de Mishima depuis sa naissance jusqu'à son entrée dans la vie active. Plus qu'un récit événementiel, Mishima livre ici une vaste introspection. Il concentre plus particulièrement son attention sur ses tendances homosexuelles et sa lutte incessante pour revenir à une "normalité", plutôt que de persévérer dans sa "nature honteuse".
Dans ce roman apparaissent toutes les obsessions qu'on retrouve dans le reste de son oeuvre: sa fascination morbide pour la Mort grandiose, son penchant pour le corps masculin viril, ses pulsions perverses.

Le masque qu'il s'astreint à porter pour conserver un aspect "normal" lui sert également à s'illusionner. Tout au long des pages, il est tourmenté par la recherche du moyen qui lui permettra de revenir à la normalité. Ce, sur le plan sexuel mais également moral et mental. Introverti, il sait jouer un rôle dans cette vie plutôt que la vivre réellement.

Grande absente de cette autobiographie, l'écriture. A aucun moment Mishima n'évoque ses aspirations littéraires, alors qu'à 24 ans, il écrivait déjà depuis de nombreuses années et avait déjà publié des nouvelles.

Bien que de lecture assez ardue, ce roman force l'admiration quand on sait que Mishima n'avait que 24 ans à sa publication en 1949. Son écriture et la finesse psychologique de cette introspection démontre une profonde maturité. le récit prend également des allures prophétiques quand il annonce que pour lui, le but de sa vie est sa mort.
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Ce roman vient de me prouver que même les oeuvres japonaises pouvaient être insipides ... Jamais je ne l'aurais cru si on me l'avais dit. Pourtant ce roman existe !

On va se le dire vite : j'ai mis 4 longs jours à lire 20 pages ... du jamais vu ! J'avais l'impression que chaque mot m'endormait. Oui, c'est une biographie ! MAIS, une biographie n'a pas pour objectif principal d'être une berceuse. Il y a des biographies très bien écrites et qui ne sont pas spécialement dynamiques qui parviennent à captiver le lecteur. Parce qu'il y a une raison à cette biographie. Il y a quelque chose à raconter.

À ce qu'il paraîtrait, celui-ci raconte aussi quelque chose. le problème c'est que ce quelque chose est arrivé trop tardivement et que l'auteur a eu le temps de me perdre en chemin.

C'est le problème lorsqu'on a des semaines éreintantes : on s'installe dans notre lit, on ouvre notre roman, et si on est pas captivé immédiatement on finit par lamentablement l'abandonner au profit d'une bonne nuit de sommeil.

Voilà : Morphée était plus captivant que Mishima !
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Dire que ce livre est courageux est un euphémisme. Mishima expose tout ce qui se passe dans la tête de ce personnage qui se comprend et se découvre homosexuel, et tente de faire comme si pas.
L'écriture est pleine d'analogies et de descriptions parlantes, originales et, probablement, justes.
J'imagine qu'il a dû et qu'il fera encore résonner les vécus et les tourments de bien des lecteurs concernés directement par le "sujet"...
Hyper intéressant pour le psychologue que je suis d'avoir ce déroulement et cette exposition directe dans le cerveau et l'âme de ce personnage.

L'écriture de Mishima touche par moments au sublime, tant elle peut parfois percuter.

Attention, attention, ceci n'est pas pour moi le chef d'oeuvre de l'auteur. C'est son premier roman, totalement réussi et je crois qu'il est pas mal judicieux de commencer avec lui. Ce qui n'a pas été mon cas. Car je crois que si vous aimez ce premier morceau, vous vous délecterez de la musique de ce génie.
(Le chef d'oeuvre pour moi reste La Mer de la Fertilité, en quatre tomes, à laquelle son seppuku a été la note finale.)
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J'ai été complètement subjugué par les talents d'écriture de cet auteur que je découvre.
Yukio Mishima nous livre une autobiographie très intime des 24 premières années de sa vie en se concentrant principalement sur la découverte de son corps, de sa sexualité, de ses désirs, de ses fantasmes et de ses premiers émois.
Sans filtre ni faux semblants, il met son âme à nue et partage tous les questionnements mais aussi le refoulement de sa vraie nature et de ses penchants sexuels. Il est à la recherche de la normalité sans vraiment réussir à savoir où celle-ci se situe. L'enfance, l'adolescence puis le début de l'âge adulte correspondent chacun à des découvertes, des remises en question et des rapports différents que l'auteur entretient avec lui-même et avec son entourage hommes et femmes. Les relations qu'il a avec ses camarades d'école puis d'université ainsi qu'avec les quelques jeunes femmes qu'il rencontre puis la jeune femme qu'il fréquente, se retrouvent biaisés par sa volonté d'accéder à la normalité quitte à refouler sa véritable identité.

L'auteur parle également de la transition que vit le Japon entre tradition et modernité à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale.

J'ai été bouleversée par cette confession sur l'identité de genre, par l'introspection à laquelle l'auteur s'est livrée pour écrire ce texte. La narration est puissante et élégante.
C'est un roman très riche et j'ai découvert une réelle intensité tant dans le thème traité que dans la manière de le traiter.

Je suis tellement heureuse d'avoir découvert un tel roman. J'ai l'impression d'être tombée sur une pépite méconnue. J'ai maintenant très envie de découvrir d'autres romans de l'auteur et de parcourir son univers en espérant y retrouver la même richesse.
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Au début du XXe siècle, le narrateur (qui est aussi l'auteur, car le roman est autobiographique) Kochan nous raconte son enfance.
Il nous présente sa famille, relativement aisée, et plus précisément sa grand-mère paternelle, qui l'a "kidnappé" pourrait-on dire, puisqu'elle s'est octroyé le droit de le garder chez elle et de l'éduquer, loin de ses soeurs et de ses parents.
De constitution frêle, le jeune Kochan se voit interdire tout jeu extérieur et activité avec des enfants de son âge. Il aime se déguiser plutôt avec des accoutrements féminins. Il adore regarder les livres d'images et sa préférence va aux chevaliers intrépides, l'épée levée dans des combats sanglants.
Il ressent ses premiers mois lorsqu'il voit une image du martyr romain Saint Sébastien, il a alors douze ans.

J'ai apprécié le récit de cette enfance difficile à vivre dans une société très rigide, qui n'autorisait aucun écart des règles strictes établies (pas même une paire de chaussettes colorées!) et le trouble du narrateur lorsqu'il se rend compte de son homosexualité. J'ai partagé sa peine lorsque sa culpabilité le pousse à refouler son véritable moi.

En revanche, j'ai eu plus de mal avec ses fantasme de torture, de douleur et de sang versé!
Bref une lecture intéressante quoique un peu malaisante parfois.
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La confession d'un masque est celle de l'auteur japonais, Yukio Mishima, qui tel un acteur joue à l'hétérosexuel dans une société et en des temps qui étaient loin de se prêter au coming out.

J'ai ressenti Mishima très respectueux des traditions nippones. Son attirance sexuelle lui apparait donc incongrue. La normalité voulant qu'un garçon s'intéresse au sexe opposé pour amener un jour mariage et enfants dans sa famille. Alors, bien que préférant les éphèbes, il va s'essayer à donner le change à tous pour aimer les femmes. Aimer pour avoir le désir sexuel, l'attirance chimique de l'excitation. Mais il se leurre, même si parfois il se demande ce qu'est vraiment l'amour. Comprenant ses préférences sexuelles, il portera alors le masque de la « normalité », ne pouvant révéler ce qu'il ressent à son entourage.

Ce roman est intéressant par son aspect autobiographique, car il offre au lecteur la réflexion intérieure et les questionnements de celui qui cherche sa sexualité, dans un Japon des années 30 et 40 encore plus codifié qu'il ne l'est probablement aujourd'hui. Si le thème en est proche, nous ne sommes pas dans la même atmosphère que celui décrit dans la Confusion des sentiments de Stefan Zweig.

C'est un très bon roman, très bien traduit (sans cela, je n'en aurai pas profité), je le conseille. Je remercie ma fille de me l'avoir conseillé.
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Confession d'un masque est le premier roman de l'auteur. Avant de le commencer, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, je ne savais pas que ce livre était en partie autobiographique. Dès son plus jeune âge, le narrateur commence à ressentir intensément les choses. L'observation d'un livre d'images d'Histoire donne lieu à de forts sentiments.
J'ai été intéressée par les sentiments du narrateur qui découvre sa différence : il n'est pas comme les autres garçons qui s'intéressent aux filles mais il veut donner l'impression d'être normal. Toutes ses paroles et ses gestes sont mesurés, rien n'est laissé au hasard. Il arrive à se convaincre de sa normalité, il fait même la cour à la soeur de ses amis. La séduction est en marche cependant les sentiments qu'il « devrait » avoir sont absents. Il imagine des scènes de mort qui le glorifie pour oublier sa lâcheté. Ces confessions sont touchantes parce qu'elles parlent d'une société, le Japon des années 40, pendant la Seconde Guerre Mondiale, où l'homosexualité n'est pas acceptée, d'un homme torturé qui souffre de sa différence.
J'ai découvert un auteur avec une verve exceptionnelle et un peu complexe, il m'a parfois fallu plusieurs passages pour la comprendre. Un roman vraiment puissant, je n'hésiterai à relire Mishima.
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Arrêt de la lecture 100 pages avant la fin. Roman trop intimiste d'introspection pour ce jeune japonais face à ses difficultés sociales et à son homosexualité. Pas accroché, pas sentie concernée malgré les critiques élogieuses qui m'ont donné envie de le lire. Cette autobiographie parue en 1949 au Japon devait être avant-gardiste à l'époque, aujourd'hui je pense que non.
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Qu'en termes élégants ces choses là sont dites!
Cependant le brio et la finesse de l'écriture et des sentiments n'empêchent pas le dérangement de lire ce qui ressemble à un compte rendu détaillé d'une très longue psychanalyse du patient Mishima porteur de multiples névroses...
Car si le moi est détestable dans les conversations, "Le moi est haïssable en littérature" (dixit Gustave Flaubert)
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