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Reiko vient consulter un psychanalyste car elle n'arrive pas entendre la musique. La musique se révélera être en fait le symbole du désir sexuel, que Reiko ne ressent absolument pas. Très amoureuse de son petit ami, elle souhaite pouvoir enfin vivre une vie de couple épanouie. le psychanalyste, sous le charme de cette femme, devra louvoyer entre vérité et mensonges pour comprendre la terrible réalité que cache Reiko.
Ce livre est évidemment influencé par son époque (1964) : le désir féminin est encore très marqué par la vison de Freud, qui voit la femme frigide comme une malade "hystérique" et non comme un symptôme dû à un traumatisme. Cela crée régulièrement au cours de lecture une certaine crispation devant cette vision datée et condescendante. J'ai été particulièrement agacée par le dénouement qui nie totalement les traumatismes dûs aux violences sexuelles. Alors pourquoi, lire ce livre? Même imparfaitement et à sa manière, ce roman traite de violence faite au femme: viol et inceste marquent définitivement le psyché et physiquement les femmes qui les subissent. Rien n'est occulté et pourtant on ne ressent pas de voyeurisme: juste une description implacable de la sexualité et des violences. L'analyse psychanalytique est souvent juste et on voit qu'elle a été bien documentée. le personnage de Reiko est complexe, celui du psychanalyste légèrement amoureux (sous couvert de professionnalisme) fait sourire par son air candide.
Il faut reconnaître que la plume de Mishima est splendide, même sur un sujet aussi difficile. Elle est profonde, fluide, et même parfois ironique. Cet auteur est un écrivain iconique de la littérature japonaise et ce livre est assez étonnant dans sa bibliographie pour que l'on découvre.
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J'ai connu le Yukio MISHIMA décidant de mettre fin à ses jours en pratiquant le sepuku (1970), celui qui constitua une garde rapprochée afin de protéger l'empereur du Japon et de préserver ce qui restait des traditions de l'Empire du soleil levant, mais j'ignorais totalement son intérêt pour la psychanalyse et l'oeuvre de Freud.
Il dévoile dans ce roman, toute la sensibilité dont il est capable, beaucoup d'acuité sur une science encore en gestation dans le nouveau Japon. Mais il sait que son pays a besoin de se retrouver, de s'approprier à nouveau les racines du passé tout en faisant aussi le constat des erreurs commises.
Derrière l'analyste, le fameux docteur Shiomi, on imagine l'ombre de MISHIMA tentant de connaître la génèse de cette maladie qui hante les nuits de Reiko, sa patiente atteinte d'hystérie. Vingt ans après la mort de l'auteur du marin rejeté par la mer, l'OMS décidera d'exclure des troubles mentaux recensés chez l'homme, la notion d'hystérie. Cette mesure ne rend pas pour autant obsolète la musique, cette pièce où tous les acteurs doivent se ressourcer pour retrouver un fonctionnement sexuel normal. Un peuple ne peut pas vivre dans le mensonge, une utopie importée par des occupants, ce malaise d'une fracture ancienne s'avère trop dure à porter. Il faut s'y frotter, se confronter formellement pour s'affranchir du carcan de la souveraineté disparue.
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Le narrateur, psychanalyste, reçoit dans son cabinet une patiente qui "n'entend plus la musique". Par cette métaphore, elle lui signale qu'elle n'éprouve plus de plaisir sexuel, malgré la séduction qu'elle exerce sur son nouvel amant. L'analyste, pétri de culture freudienne, pense pouvoir la guérir aisément. Mais la jeune fille connaît aussi ses classiques et, à ce jeu, se montre plus rusée que lui. Elle parvient ainsi aisément à le manipuler et il se laisse prendre au piège. Heureusement, c'est un homme, et un homme de science, il est donc logique qu'il puisse finalement assembler les pièces du puzzle et parvenir à un diagnostic.
Ce livre m'attendait depuis longtemps, et nous nous sommes peut-être manqués. J'ai beaucoup aimé, autrefois, d'autres livres du même auteur, mais mes goûts ont dû changer, ou bien celui-ci est moins abouti, mais j'y ai surtout vu un couple improbable et une femme qui peine à échapper au pouvoir masculin. Signe des temps, peut-être.
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Le Dr Shiomi Kasunori est un psychanalyste jouissant d'une bonne renommée dans le Tokyo du milieu des années soixante, où cette pratique commence à devenir, sinon populaire, du moins courante. Il reçoit un jour à son cabinet la très belle Yumikawa Reiko, qu'il va d'ailleurs comparer à une apparition enchantée. Celle-ci lui a été adressée par un confrère médecin qui ne trouvait pas l'origine de ses troubles, parmi lesquels des tics nerveux qui intriguent le le Dr Shiomi. Ce dernier commence le traitement de sa patiente, ce qui va le mener de surprise en surprise. En effet, Reiko va passer son temps, consciemment ou non (et c'est toute l'ambiguïté de ce roman) à mentir au médecin, entretenant avec ce dernier un curieux jeu de séduction, alors même que le symptôme principal de Reiko, qu'elle tente d'abord de dissimuler en affirmant qu'elle « n'entend pas la musique », est la frigidité.
Le Dr Shiomi va devoir enquêter, avec son assistante et amante Akemi ainsi qu'avec le concours de Ryūichi, le malheureux petit ami de Reiko, pour découvrir l'origine des troubles de la jeune femme et réussir à l'en délivrer.

Mishima présente ce roman, paru au Japon en 1965 sous le titre « ongaku » (Musique), et traduit chez Gallimard en 2000, comme un « compte rendu » scientifique rédigé par le Dr Shiomi au sujet d'un cas particulièrement complexe de frigidité. Toutefois, il est surtout l'occasion, pour Mishima, outre de mettre en lumière le Tokyo des années soixante, ses quartiers plus ou moins reluisants et sa faune insolite ; d'explorer les méandres de la sexualité féminine, plus ou moins guidé de par les pères de la psychanalyse. Nous sommes  tout de même très loin d'un savant exposé : le Dr Shiomi, trop sensible au charme de sa belle et froide cliente, va devoir entreprendre une vraie enquête policière, fertile en rebondissements, qui est l'occasion pour Mishima de souligner les contradictions des passions humaines.
Mishima présente ce roman, paru au Japon en 1965 sous le titre « ongaku » (Musique), et traduit chez Gallimard en 2000, comme un « compte rendu » scientifique rédigé par le Dr Shiomi au sujet d'un cas particulièrement complexe de frigidité. Toutefois, il est surtout l'occasion, pour Mishima, outre de mettre en lumière le Tokyo des années soixante, ses quartiers plus ou moins reluisants et sa faune insolite ; d'explorer les méandres de la sexualité féminine, plus ou moins guidé de par les pères de la psychanalyse. Nous sommes  tout de même très loin d'un savant exposé : le Dr Shiomi, trop sensible au charme de sa belle et froide cliente, va devoir entreprendre une vraie enquête policière, fertile en rebondissements, qui est l'occasion pour Mishima de souligner les contradictions des passions humaines.

Plusieurs critiques, confirmant la quatrième de couverture des éditions Folio, soulignent l'humour de l'histoire. Je n'ai pas trouvé ce roman à l'écriture précise et limpide particulièrement amusant, ni présentant un caractère humoristique marqué. Bien au contraire, il offre l'occasion de plonger en profondeur dans les ressorts qui animent un personnage féminin, car Reiko est « la » véritable star du roman, héroïne ballottée entre ses mensonges incessants, ses dissimulations et son passé trouble (Mishima a souvent réalisé de superbes descriptions de personnages féminins — voir « après le banquet » ou « l'école de la chair », par exemple).

Enfin, un personnage secondaire, Hanai, nous renvoie à l'auteur lui-même : il apparaît seul, sur un rocher, en pull-over noir, face à la mer, empli d'interrogations, image de la force virile, mais fragile au point de songer au suicide pour échapper à ses difficultés avec les femmes : comment ne pas y voir l'image de Mishima lui-même tel qu'il se décrit dans une scène de « confession d'un masque » ? Mishima s'amuse d'ailleurs à lui faire rédiger une « lettre de menace » reprenant une idéologie et une phraséologie nationalistes qu'il ne connaissait que trop bien.

La traduction de Dominique Palmé (assisté de Claude Pamé-criset et Kyôkô Satō), est précise, mentionnant plusieurs mots que Mishima a volontairement laissés en anglais, peut être pour souligner le côté « occidental » de l'approche du Dr Shiomi, qui par ailleurs utilise aussi des termes allemands, cette langue étant celle par laquelle la médecine moderne a pénétré au Japon (par l'entremise d'un personnage qui sera le héros du roman que je suis en train d'écrire, et qui sera mon quatrième ouvrage de fiction sur le Japon). Toutefois, une formulation maladroite en début d'ouvrage laisse entendre que Mishima a « inventé » les ouvrages de référence listés à la fin, ce qui n'est pas le cas, car ils existent réellement.

L'édition Folio de ce roman compte 314 pages, imprimé sur un papier de qualité modeste (comme tous les folio) et a été imprimée en Espagne, sans doute pour réduire les coûts, bien qu'elle atteigne 8 €10.

Au final, un roman intéressant, qui démontre que Mishima pouvait écrire sur tous les sujets et raconter une histoire simple d'apparence, en se documentant dans un domaine « technique », tout en ne faisant pas l'impasse sur la profondeur des sentiments humains. C'est aussi une peinture vivante du Tokyo des années 60, très éloigné de la mégalopole actuelle.
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J'avais beaucoup aimé "Confessions d'un masque", du même Mishima. Je suis moins enthousiaste sur cette Musique qui, si elle est bien construite, repose sur une vision de la psychanalyse plutôt farfelue. Certes le ton du livre penche vers l'ironie, donc tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, mais quand même on voit bien que Mishima se soucie comme d'une guigne de cette discipline. le livre reste divertissant et pas désagréable.
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J'avais lu 2 ou 3 livres de Y.Mishima il y a bien longtemps, et en avais gardé le souvenir d'un univers difficile d'accès et plutôt rasoir.
J'entends souvent parler de psychanalyse dans mon environnement immédiat et suis tombé sur "La musique", qui m'a beaucoup plu. La lecture est facile ; il s'agit d'une enquête, presque au sens d'un roman policier, avec des rebondissements, des contre-pieds, une réalité aux contours flous, des manipulations, un suspens final.
Je vais retenter les romans que j'ai lus il y a quelques décennies. (.... et ouais !)
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« La musique » sort des écrits habituels de Mishima.

L'auteur y démontre son intérêt pour les théories psychanalytiques des allemands Freud, Jung et Heidegger, émergentes dans les années 60 au Japon pratiquement en même temps qu'aux Etats-Unis alors qu'on aurait pu penser les japonais plus pudiques et moins enclins à livrer à la science occidentale leurs tourments psychiques.

Le sexe plane fortement sur le récit, mais est approché de manière déviante et pathologique au travers de la frigidité d'une jeune femme ou de l'impuissance d'un jeune homme.

On a donc affaire ici à une sexualité complexe, douloureuse, meurtrissant la vie des protagonistes jusqu'à l'altérer complètement.

Bien qu'intéressant, sinueux, bien construit et sans doute novateur en son temps, l'exercice est pour moi un peu trop classique pour un livre de Mishima.

Sans doute pas le meilleur Mishima, mais mention honorable tout du moins.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Si comme moi, vous vous êtes ennuyé à lecture de ce récit pourtant dense et riche en émotion, comment expliquez-vous que la magie n'aie pas opéré ?

A l'issue de cette lecture on ne peut plus enrichissante, vous serez de nouveau au clair avec les notions si chères à maître Freud et que Reiko, la patiente au centre de toutes les attentions de cette narration, sait manier et manipuler avec dextérité.
Un jeu de dupes qui simulent l'innocence, une enquête quasi policière dans les tréfonds de l'âme humaine, un secret de famille étouffant dont la "musique" se fait entendre plus fort qu'il ne faudrait.
Après ce roman, vous ne verrez plus jamais vos ciseaux sous le même angle, votre fratrie sous le même jour et vos propres désirs sous le même angle...

Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman une réussite qui réconcilie le ying et le yang, l'Orient et l'Occident, le ça et le surmoi, mais dont le contenu n'a pas réellement su me transporter. Pourquoi ? C'est un mystère que je ne m'explique pas.
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Mishima, cet écrivain aux multiples facettes s'est glissé dans la peau d'un psychiatre, à étudié la question comme il tiens à le faire savoir en publiant la liste des ouvrages dont il s'est servi, et en à conçu un livre très différent de se qu'il avait l'habitude d'écrire. On ne retrouve ni le style, ni les obsessions, ni la noirceur dont il nous avait habitué dans ce roman, qui est beaucoup plus léger même si le le récit s'intensifiera progressivement.

Un psychiatre le docteur Shiomi Kazumori nous fait un compte rendu et une étude de cas d'une patiente qui là particulièrement marquée au point de dépasser la cadre de la consultation et d'entrer dans sa vie privé. Dans cette enquête psychologique le praticien s'investira personnellement et n'en ressortira pas indemne.

Ce roman est facile à lire mais est loin d'égaler en intensité dramatique les autres oeuvres de Mishima.
Ecrit en 1965, il n'a pas vieilli et on se dit qu'il aurait pu êtres écrit la semaine dernière, lorsque l'on apprend dès la page 15 que l'argent fait parti intégrante de la cure analytique... Comme quoi ce cliché, s'il en est un, ne date pas d'hier !
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La musique  se présente comme un compte-rendu d'un cas psychiatrique : le narrateur est le Docteur Shiomi, éminent psychanalyste, raconte comment évolue la thérapie de l'une de ses patientes. Il s'agit de Reiko, venue le consulter pour divers troubles (nausées, perte d'appétit) et en particulier le fait qu'elle est incapable "d'entendre la musique".
Le médecin, à force de patience, usant des stratégies analytiques dont il a l'habitude, permet à Reiko de progressivement dire la vérité : elle ne ressent aucun plaisir sexuel, se revendique "frigide" pour mieux cacher ... Quelque chose, mais quoi ?
Le docteur Shiomi suivra Reiko pendant des mois, lira et écoutera nombreux mensonges, pour enfin aider sa patiente à arracher la vérité de son mal-être.
Si le personnage de Reiko m'a parfois exaspéré par ses stratégies de dissimulation, de déformation, et ses auto-analyses, le roman lui-même m'a beaucoup intéressé. Et amusé aussi, parce que l'auteur y glisse souvent des remarques bien misogynes : ce que nous, pauvres femmes, pouvons être simples finalement...
le narrateur est passionnant, il explique ses stratégies d'analyses, les méthodes sur lesquelles il base ses séances. Ce qu'il livre de sa vie même apporte au récit une base solide de "réalité" : il s'adapte, s'interroge, note ses états d'âmes et ses faiblesses avec honnêteté.
La musique a été publié pour la première fois en 1965, je n'ai ressenti aucun décalage en le lisant : il pourrait avoir été écrit hier. Les sujets tels que les traumatismes, les blocages, la recherche du plaisir, le "laisse-aller"... sont intemporels. Ce roman est une sorte d'enquête, une "chasse au trésor", pour mettre le doigt sur la blessure originelle, celle qu'il a fallu cacher à toute force pour que Reiko survive, mais qui l'empoisonne.
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