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EAN : 978B07NGPVL4K
379 pages
(11/02/2019)
4.75/5   2 notes
Résumé :
USA, 1989 : Ancien résistant, agent sous couverture en pleine guerre froide, « le Temps » est une légende de « l'Observatoire », une organisation secrète ayant pour but de combattre le communisme par tous les moyens. Officiellement avocat d'affaires, le vieil homme participe en réalité à une guerre souterraine où se mêlent intrigues mafieuses, géopolitique et jeux de pouvoir. Alors que l'union soviétique concède ses premiers signes de fébrilité, « le Temps » apprend... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Aujourd'hui je voudrais parler d'un livre: “La disparition du Singe Bleu”, un livre haletant et sans concession de Gabin Mitchel.

Les mots ont toujours une signification personnelle, en dehors du sens commun et contemporain, une signification liée a un vécu, une expérience, une sensibilité. C'est avec ses mots qu'un auteur écrit et que les lecteurs interprètent ce qu'ils ont lus, à leur manière, avec les forces qui sont en eux et en dehors d'eux. Avec Gabin Mitchel, ces mots prennent parfois une signification originale ou plutôt disons… qu'ils sont réinterprétés.

C'est le début de l'aventure, de la fin des années 30 à la chute du mur de Berlin, Gabin Mitchel lève pour nous le voile de nos illusions. Un texte rare, nourri d'aphorismes guerriers et provocateurs où chaque mot compte, où chaque erreur de langage pourrait coûter la vie à un des protagonistes.

Le personnage principal, Saint Andrew, homme d'âge mur, insaisissable, dominateur et peut être paradoxalement aussi homme perdu et joué de toutes parts nous sert de guide dans ce labyrinthe anxiogène et sous-terrain, inaccessible aux gens qui ne font pas partis des services secrets.

C'est avec lui que commence notre immersion dans le monde de l'espionnage, un monde obscure, mal connu où ce que nous appelons communément réel s'effondre rapidement sous les éclats de rire cynique de ceux qui en connaissent les ressorts, mais notre héros n'est pas en quête de vérité, ni peut être même de plaisir ou de pouvoir, sa quête est autre, c'est Saint Andrew qui se cherche, celui qu'il arrive à se cacher à lui-même à force de le dissimuler aux autres. Rien de révoltant à première vue, excepté que cet homme se trouve en position de pouvoir, ce qui pourrait le conduire à être décisif pour l'avenir du monde. Saint Andrew, c'est Ulysse qui a raté sa guerre de Troie et qui croit encore en son destin d'homme libre sauf qu'ici les dieux ne sont pas capricieux ou hésitants concernant son avenir, il est un homme maudit, plein de morgues et de ressentiments, puissant et impuissant, informé et ignorant, ambiguë mais sincère dans cette ambiguïté. Ce qui le rend sympathique, presque touchant. Il n'espère plus rien car depuis l'enfance, il sait que la vie est un film d'horreur avec de mauvais sous-titres, où chaque rôle est tenu sans réelle grandeur, sans réel impact, sans révolte possible qui pourrait emporter ce monde là et en faire découvrir un autre.

Saint Andrew, n'est pas James Bond, ni encore moins George Smiley, il est déjà presque un fantôme, ou plutôt, un spectre, dont la seule oisiveté pourrait se résumer à la lecture des mémoires de guerre d'un obscur Général qui aurait perdu ses batailles mais réussi à éditer ses excuses. Rien en lui cependant, ne trahit sa duplicité, c'est un homme malicieux, âpre dans ses discussions et déterminé dans ses actes. Il n'hésite pas, il joue de l'autre côté, pour un pays qu'il n'a jamais vu, une langue qu'il n'a jamais parlé et une idéologie dont il connaît simplement les mécanismes sans peut être même adhérer réellement en leurs justifications morales ou leurs nécessités éthiques. Au fond de lui, c'est un homme révolté mais calme, froid et méthodique, qui nuit le plus efficacement possible, sans s'encombrer des sentiments communs ni des remords habituels. Que trouvera t-il au bout du chemin, une fois que toutes les portes seront fermées sauf une qu'il lui faudra ouvrir seul et enfin confesser qui il était vraiment ?
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
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- Vous gênez beaucoup de monde… vous étiez ma cible et je ne rate jamais ma cible.
- Vraiment, alors pourquoi ne m’avez-vous pas tué ?
- J’ai juste compris en vous voyant que c’est moi que l’on ciblait.
- Et comment l’avez-vous compris ?
- J’ai appris que vous apparteniez au SOE ; disons que dans mon métier, les gens lents à comprendre sont rapides à partir.
- Je vois que nous faisons le même métier.
- Tuer n’est un plaisir pour personne et lorsque cela le devient, on sort du jeu très rapidement. On a essayé de me tirer dessus plus d’une fois mais j’avais déjà déposé le brevet. Moi, je ne sais compter que jusqu’à un et si je pense à aller jusqu’à deux, c’est qu’il y a déjà un problème.
- Alors pourquoi me parlez-vous ?
- Par nécessité davantage que par compassion. Je n’ai pas combattu le mal, le Singe Bleu, j’ai combattu le bien des autres car le mal, c’est Dieu qui me dira ce que c’est. J’ai vendu mes parts de marché à mes concurrents directs et j’ai lancé une OPA sur leurs contentieux. Il n’y a que les chiens qui profitent de la lumière d’un lampadaire, je préfère l’obscurité d’un bout de trottoir. Je laisse mes semblables se battre pour les territoires, ils se gagnent, se perdent mais le prestige, lui, reste.
- Non, Félix, le prestige se perd également et ne se retrouve plus. De plus, si vous faisiez vraiment partie du haut du panier, croyez-moi, je l’aurais su.
- Le « haut du panier » c’est là où l’on met les choses les plus fragiles mais pas nécessairement les plus précieuses…
- Que voulez-vous exactement ?
- Celui qui vit perché sur un arbre ne craint que la fragilité de la branche sur laquelle il s’est posé et plus il se déplace vers son extrémité, plus le doute s’installe avec les vibrations. Heureusement, il sait qu’un battement d’ailes le sauvera d’une branche cassée mais il devra à nouveau tout recommencer sur une autre branche.
- Les métaphores dans mon métier sont très nombreuses, tellement même que les gens ne savent plus ce qu’ils disent ni ce qu’ils font.
- Disons, le Singe Bleu, que les gens en dessous de moi sont difficiles à satisfaire et que les gens au-dessus sont difficiles à contrarier. Je ne souhaite plus qu’une chose, une nationalisation…
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Saint Andrew, qui souhaitait rencontrer son ancien compagnon de résistance dans le secret le plus absolu, l’attendait seul, mal habillé, assis à une table encore sale de la veille dans un bar anodin, alors que Philibert, drapé dans son orgueil, cherchant sans doute encore la reconnaissance d’un père, arrivait avec tous les honneurs de la République à un rendez-vous qui n’exigeait que sa discrète présence.
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