Il faut un certain temps pour venir à bout de ce pavé de plus 700 pages, surtout en ne lisant pas que cela.
L'intérêt de ce journal intime quotidien réside dans son côté distrayant, car très bien écrit, et instructif sur la manière dont fonctionne un Gouvernement et ce qu'est - en vrai - la vie de Ministre (de la culture). Balloté de réunions interminable en déplacements, de conseil des Ministres en dîner d'Etat, d'inaugurations en conférences, de déjeuners en spectacles. Tout en gardant un peu de temps pour la famille.
C'est à se demander quand il a le temps de travailler, et c'est là que l'on comprend que c'est cela, "son travail". Mettre en relation des gens, essayer de faire changer d'avis un tel ou tel autre. Trouver des fonds. Arbitrer, lorsque que - rarement - quelque chose dépend de son pouvoir. Pour le fond, on repassera, il y a les services pour cela.
Une écriture très fluide avec un talent certain. Quelques pépites sur quelques-unes des personnalités qu'il a été amené à fréquenter, plus ou moins fréquemment, principalement la Sarkozie évidemment.
Une lecture agréable le soir avant de se coucher.
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On me l'a prêté, le l'ai lu, j'ai beaucoup aimé. Addictif. Comme l'écrit un Babélien dans sa critique du livre, c'est une excellente lecture pour le soir avant de s'endormir. Frédéric Mitterrand a une bonne plume et la lecture est aisée et assez souvent jubilatoire (il a des griffes le Rantanplan ! ) , même si j'ai retrouvé toutes les postures, les affects, les préciosités, qui chez lui m'insupportent .
"La récréation" c'est 720 pages de compte-rendus de trois ans de misère , oups...de Ministère de la Culture. Trois ans de coups fourrés, de chausse-trappes, de "Embrassons nous Folleville " . Ah décidément la politique c'est pas joli joli ma pauv'dame ! Mais qu'est-ce qui lui a pris au Frédo d'accepter ce poste de pion aux Echecs de la Politique , lui qui rêvait de la place du fou ou du cavalier ; foudroyer ses adversaires transversalement ,quelle classe ! Ministre de la Culture ? lui qui était si bien à la Villa Medicis.
Sous la trame du récit et sous la virevolte du style on découvre vite les blessures jamais refermées. Frédéric Mitterrand, né avec une cuillère d'argent dans la bouche comme disaient nos grand-mères sorties à peine dégrossies du 19e siècle, est un homme qui ne s'aime pas. le livre est baigné d'une douce mélancolie : accumulation de regrets , souvenirs d'une vie passée, culpabilité enfouie, et cette accumulation de discours sur les tombes de disparus...la mort qui rôde.
Plus que l'évènementiel au jour le jour de l'action du ministre (qui n'a pas démérité) c'est cette partie non dite du discours qui m'a profondément touché. Frédéric a envie qu'on l'aime ; et lui, a toujours envie d'aimer . Il s'échauffe vite au contact de quelque bel attaché d'ambassade, et les gendarmes attachés à sa sécurité ne lui sont pas indifférents. Tout cela dit sur un ton cru et détaché dont personne n'est dupe . "La mauvaise vie" plane...
Sinon "what else" ? La vie de ministre : une longue litanie de remise de décorations, de colloques, de commissions, de déplacements en province, de réceptions "rochers Ferrero " chez l'ambassadeur ,de combats dérisoires et vains contre les tentaculaires services de Bercy, contre les égos hypertrophiés des "élites" en place ( l'hypertrophie du moi de Olivier Py ! ) , une succession de luttes pour trouver trois francs six sous afin de sauver un vieil immeuble, un cinéma au Mali , sauver un musée de la France profonde dont tout le monde parisien se contrefout. Pas une sinécure le job ! Frédéric Mitterrand n'est pas dupe, tout cela c'est comédie, comédie , juste une récréation . Il est toujours le gamin qui donnait la réplique à Michelle Morgan et à Bourvil dans Fortunat. Peter Pan a grandi et il est devenu agaçant, mais tellement touchant. Cabotin ET cultivé, fou de cinéma et de musique, méprisant les élites auto-proclamées et dans le même temps badigeonnant de poncifs et de lieux communs ses discours obligés. Un Frégoli, un ludion triste, un Rantanplan dont le Lucky Luke s'appelle Sarkosy. Nicolas Sarkosy qu'il réussi même à nous rendre sympathique en faisant apparaître sous les gesticulations , l'enfant blessé, le petit Chose meurtri ; c'est dire :-).
Ah oui, tout de même un énervement : on ne peut s'empêcher d'être agacé par cette manie qu'il a d'utiliser uniquement les prénoms pour parler des gens qu'il côtoie. Il nous entretient de Jean Pierre, de Cédric, de Farida, de X, de Y...sans qu'il nous donne les repères pour les situer. Comme si cela allait de soi et que les lecteurs de la récréation étaient de ses connaissances. Règne de l'entre-soi...Mais je lui pardonne , je me suis trop amusé à la lecture de ce livre.
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Frédo tel qu'en lui-même : charmant et agaçant, ficelle et lin blanc, faux-cul et trash…Candide –ou Machiavel- au pays de Sarko On s'amuse surtout au jeu des portraits chinois (c'est qui ce salaud ? cette pimbêche ? ) et on essaie de démêler dans cette Récréation –son ministère, qui n'a pas été pavé de roses, quand même -la part de l'hagiographie et celle de la satire, la part du plaidoyer pro domo et celle du confiteor… Très bien écrit, savoureux, plein d'humour…et sans doute aussi de mauvaise foi ! Mais il lui sera beaucoup pardonné, à ce Rantanplan de la politique…
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intelligent, érudit, sincère, distancié
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Avec gourmandise je me suis jeté sur ce livre, souhaitant découvrir la face cachée du pouvoir racontée par F Mitterrand. Quelques anecdotes amusantes mais malheureusement, n'étant pas familier du milieu culturel ( ...surtout parisien), la plupart ne m'ont pas touchées puisque la grande majorité des personnes citées me sont parfaitement inconnues. du coup, ça semble long, très long ( oui je sais je termine toujours les livres que je commence).
Dans le même genre de chroniques, j'ai préféré de très loin "jours de pouvoir" de Bruno le Maire.
(critique du 24/12/2013)
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