En férue de manga sportif, il m'était impossible de passer à côté du nouveau titre annoncé par Mangetsu à grand renfort d'images percutantes totalement ravageuses où on sentait les joueurs exploser sur le terrain. C'est exactement ce que je recherche dans ce genre de titre. Cependant, je ne pensais pas avoir droit également à une petite originalité avec un héros souffrant d'un trouble qui va grandement compliquer son ascension. Entre classicisme et nouveauté, Deep 3 est parti pour nous faire vibrer !
Dans une édition impeccable où seule peut-être la police d'écriture choisie dans les pages me dérange, Mangetsu nous propose d'aller à la découverte de la création de
Mitsuhiro Mizuno et
Ryosuke Tobimatsu, deux auteur/dessinateur qui se sont bien trouvés, le premier ayant lui-même pratiqué le basket et en étant un grand fan et le second sachant le dessin de manière vraiment percutante, à couper le souffle. Ensemble, ils imaginent un objet qui happe et capture le lecteur avec une grande facilité.
Sous ses allures de shonen sportif archi classique, se déroulant encore dans le cadre du sport lycéen avec ses clubs et ses tournois, nous allons à la rencontre d'un jeune métis, qui ignore qui est son père mais le fantasme en
Earvin Johnson, c'est-à-dire Magic Johnson, ancienne star des Lakers dans les années 80. Tout comme lui, il rêve de jouer pour la NBA et il a un talent certain, mais sa vie bascule au cours d'un match clé et rien n'est plus pareil depuis. Il souffre désormais de yips : une contraction et des tremblements involontaires des muscles lors de l'exécution d'un geste sportif entraînant une gêne et une diminution de la qualité du jeu avec une anxiété répétitive de la peur de l'échec. Son parcours va être plus compliqué que prévu.
J'ai beaucoup aimé le mélange de shonen sportif classique qu'on retrouve dans le titre et de thématiques plus complexes apportées par les auteurs qui lui apportent de l'originalité. La question du métissage dans ce Japon encore si raciste m'intéresse, surtout avec une mère célibataire et un père inconnu. de même, j'espère que la question de l'apport des joueurs d'origine étrangère dans les équipes lycéennes afin de faire grimper le niveau de jeu sera plus développé. Enfin, le trouble dont souffre le héros va induire une toute autre dynamique dans le développement de l'intrigue, qui ne peut qu'enrichir celle-ci.
Dans le cadre de ce basket lycéen, on prend plaisir à découvrir petit à petit l'équipe de Damian dans ce premier tome. Passant de joueurs qui semblent un brin mesquin au début, à joueurs compréhensifs qui vont épauler ce dernier afin qu'il retrouve sa place au sein de l'équipe, j'ai trouvé ceux-ci intéressante pour le peu qu'on en a vu, notamment leur capitaine et celui qui est entré dans l'équipe car il admirait Damian avant. Cependant, c'est vraiment celui-ci qui est au coeur du récit pour le moment, c'est normal pour un premier tome, mais il est à espérer qu'ensuite cela s'équilibre, car pour le moment les adversaires qu'on rencontre déjà ont plus de charisme qu'eux...
Cependant, j'ai beaucoup aimé suivre le début du parcours de Damian, de ses heures de gloire, à sa blessure, son trouble, sa descente puis le début de sa remontée. C'est émouvant de voir un héros vaciller puis remonter peu à peu à la seule force de son mental et de l'aide de son équipe. Certes, c'est un ressort classique du shonen mais ce sont toujours des valeurs qui font mouche et ici c'est narré à la perfection. On enchaîne les matchs qui font grandir le héros dès ce premier tome, chose rare. On ne perd pas de temps à construire l'équipe, elle l'est déjà. On se concentre plutôt sur le but du héros : pouvoir jouer en NBA malgré son trouble et tout écrit dans ce but. Ce ne sera pas l'histoire d'une équipe qu'on suivre mais l'histoire d'un joueur. Cela peut ne pas plaire à tous, mais moi, je trouve que ça change et j'aime.
En plus, graphiquement
Ryosuke Tobimatsu envoie du lourd. Il maîtrise dès ce premier tome les codes du manga sportif et rend chaque action percutante et dynamique. On sent qu'il a dû bien faire son travail préparatoire et observer pas mal de matchs car les postures des basketteurs font très réalistes. Il n'y a pas de faute comme on en voit souvent dans les placements ou les gestes. En plus, comme sur la couverture, c'est tout feu tout flamme et très explosif aussi bien dans les gestes sportifs que dans les échanges entre joueurs où on sent une vraie tension. Même le trouble de Damian est très bien rendu avec ce corps qui se fige brusquement et empêche le basketteur d'agir comme il l'aimerait avec son corps. C'est excellent ! Et je ne parle pas du design des personnages auquel personnellement j'adhère totalement tant je les trouve classe comme les vrais joueurs de NBA et surtout plein de variété.
Après, ce premier tome est surtout une vaste introduction à l'univers, réussie certes mais également fort classique dans sa mise en place. Il y a certes l'originalité de la particularité du héros, mais le reste est vu et revu, avec des adversaires au jeu différent, d'autres surpuissants par rapport à eux mais qui remarquent le héros, une équipe qui soutient ce dernier et lui permet de briller, etc. Ce sont des éléments forts classiques des mangas sportifs, ce qui rend l'ensemble un peu lisse et formaté. Il faut donc espérer que les éléments originaux perçus seront encore plus développés par la suite car c'est quand même fort accrocheur.
Après Ao Ashi, voici le second shonen sportif que je découvre chez Mangetsu et force m'est de reconnaître que nous avons les mêmes goûts avec celui qui les choisit chez eux. Tout comme lui, j'aime les titres qui sous couvert de mise en scène classique me font vibrer par l'intensité de la passion de leur héros. Ici, avec en plus un focus original sur les yips, le titre sort du lot, et les dessins de
Ryosuke Tobimatsu soignent en plus le lecteur en lui offrant des scènes magiques. Un très beau début !
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