"Retour à Whitechapel" trônait dans ma gargantuesque PAL depuis le jour de sa sortie. En effet, l'histoire de Jack l'éventreur et l'époque victorienne me fascinent depuis toujours.
L'auteur nous propose ici une version romancée de ses recherches personnelles sur Jack l'Éventreur. Il nous présente sa théorie sur l'identité de ce célèbre tueur, encore aujourd'hui non identifié avec certitude. Pour cela, nous suivons l'histoire d'Amelia Pritlowe, fille cachée de Mary Jane Kelly, dernière victime de "The Ripper". Lors de la mort de son père, elle reçoit une lettre posthume de ce dernier, lui révélant l'identité de sa mère. Amelia va donc rejoindre "La filebox society", une société savante, qui tente de percer le mystère de ce mythe sanguinaire. A travers de nombreux documents d'archives, de séances d'hypnose et de l'aide de l'un de ses confrères, Amelia va dénouer peu à peu les secrets de Jack l'Éventreur et ainsi découvrir son identité.
L'histoire avait un potentiel énorme, sur fond de faits réels et de véritables archives. Mais pourtant, je ne peux ressentir qu'un sentiment mitigé à la fin de cette lecture. Je m'explique.
Pour le côté positif, l'auteur nous évoque bon nombre de recherches. Sa théorie est plutôt convaincante. Il y a un gros travail de reconstitution de la société de l'époque, de la pauvreté, de la misère, de la prostitution. le petit carnet qui accompagne ce livre nous montre les documents originaux de l'affaire. Parmi eux, une incroyable et choquante photo de l'une des victimes de Jack. L'auteur est précis, et nous livre avec minutie le déroulement des meurtres des cinq victimes reconnues de Jack l'Éventreur. Les chapitres sont courts. Ils alternent les notes d'Amelia Pritlowe dans son journal intime écrit en 1941, et le déroulement de l'enquête en 1888. C'est un travail remarquable, passionnant, un bon livre enquête.
Néanmoins, pour le côté négatif, je ne peux m'empêcher de souligner le manque d'émotions. Cette froideur, ce tempo linéaire qui se dégage de ces pages ont plus le côté documentaire que roman, comme on a su nous le présenter en quatrième de couverture. Amelia Pritlowe est insuffisamment développée pour que l'on puisse s'y attacher. Hormis son travail d'infirmière (et encore, qu'elle exécute tel un robot), on ne sait que peu de choses sur sa vie personnelle, qui semble bien ennuyeuse, voir inexistante. C'est vraiment dommage parce que, malgré une bonne intention,
Michel Moatti n'a pas su trouver le juste équilibre entre documentaire et roman, registres que l'on nous promet en quatrième de couverture.
En conclusion, cet ouvrage, bien qu'intéressant, et aux recherches riches et passionnantes, souffre d'un cruel manque d'équilibre entre les faits, et les personnages. Cela manque de rythme, d'émotions, de suspense, pour véritablement tourner les pages à toute vitesse. C'est dommage car la théorie présentée est très intéressante. Mais on assiste plutôt au récit d'une succession de faits, plutôt qu'un véritable roman. A réserver aux passionnés du genre.