« C'est bien à la littérature de faire revivre les morts, et à nous d'écouter ce que les fantômes ont à dire. » (p.414)
Londres, novembre 1888 : Jack l'Eventreur tue sa dernière victime, Mary Jane Kelly. Un meurtre horrible, une victime défigurée, éviscérée, mutilée et un coupable dont on ne connaîtra jamais l'identité.
Londres, durant le Blitz de 1940-1940 : le père d'Amélia Pritlowe, infirmière au London Hospital, vient de mourir. Elle apprend, dans une lettre qu'il lui a laissée, qu'elle est la fille cachée de Mary Jane Kelly. Amélia est bien décidée à découvrir le nom de l'assassin de sa mère, dont elle n'a aucun souvenir.
« Retour à Whitechapel » de
Michel Moatti est resté un petit temps dans ma PAL. Les commentaires, tantôt élogieux, tantôt très mitigés, que j'avais lus faisaient balancer mon coeur entre le « je le lis » et « je ne le lis pas ». Je l'ai finalement ouvert et je ne l'ai plus lâché !
Michel Moatti mène une véritable enquête qui nous lance sur les traces de Jack l'Eventreur, afin de découvrir l'identité du tristement célèbre tueur en série londonien. Une enquête et une fiction de plus sur le sujet ! me direz-vous... Sans doute... « Retour à Whitechapel » c'est un « ouvrage à dimension historique mais qui reste avant tout une création littéraire et une oeuvre de l'imaginaire » (p.394), comme le dit l'auteur lui-même mais, sous couvert d'une fiction tout à fait vraisemblable, l'enquête est menée avec beaucoup de minutie et de précision historique.
Michel Moatti a analysé les faits, s'est documenté, a recoupé différentes sources, tiré des conclusions et pointé du doigt le suspect pour lui idéal. Ce sont de réels arguments qu'il défend dans son roman et à la fin de l'ouvrage dans une note explicative de sa méthode. Et le coupable pointé du doigt tient la route, il faut le reconnaître (et n'en déplaise à certains qui trouverait cela un peu trop simpliste...)
La construction du roman est intéressante : elle alterne les extraits du journal intime d'Amélia Pritlowe et la narration des événements de 1888 sur base des témoignages de l'époque ou encore selon la perspective du tueur lui-même. Au lecteur de reconstruire le fil en assemblant toutes les pièces, comme le fait Amélia en menant l'enquête (j'adore ça !) Cette alternance permet aussi de faire le lien entre deux époques tourmentées de l'histoire de Londres où règne la peur : la peur d'un tueur qui rôde d'un côté, la peur de la mort qui tombe du ciel chaque soir de l'autre.
Et cette fois encore, un auteur m'a donné envie de me documenter, au delà du mythe, sur un fait historique dont je n'avais qu'une vague connaissance (ça aussi j'adore !).
Une bonne lecture donc que ce « Retour à Whitechapel » !