Comme beaucoup d'auteurs,
Michel Moatti s'est intéressé de près au mythique Jack l'éventreur.
Le dernier livre que j'ai lu sur le sujet était long, ennuyeux, et présentait une idée tout faite sur l'identité du tueur, écartant d'un revers de main les preuves qui contredisaient sa théorie.
Michel Moatti nous évite le documentaire lourd et ennuyeux en choisissant de nous présenter sa théorie au travers d'un roman.
Ainsi, un personnage fictif va, 50 ans après les meurtres, chercher à identifier le tueur. C'est à travers ce personnage, fille cachée de Mary Jane Kelly, que l'auteur nous présente documents d'époque et interrogations, ceux-là même qui lui ont permis de se forger une opinion quant à l'identité du tueur.
Amelia, notre personnage principal, est une infirmière de plus de 50 ans, qui exerce dans un hôpital londonien pendant la seconde guerre mondiale.
Le roman alterne entre la période des assassinats, qui permet de nous faire connaitre les minutes du jury d'enquête présidé par le coroner Roderick McDonald ainsi que les théories de différents médecins dont plusieurs réfutèrent l'idée que le tueur puisse avoir une formation médicale (contrairement à ce que disent souvent les théories complotistes) ; et la période du Blitz, où, dans un climat de terreur constante, Amelia analyse, au sein d'une société de ripperologue, fictive mais qui auraient pu exister, les documents collectés.
L'auteur réfute avec logique la théorie de l'aristocrate tueur (et du coup la théorie complotiste impliquant l'entourage direct de la Reine Victoria).
Pour lui, le tueur ne peut être qu'une personne connaissant parfaitement les rues de Whitechapel (sinon comment fuir la police), quelqu'un qui ne se ferait pas remarquer, qui ne dénoterait pas dans ce quartier où règne une extrême pauvreté.
Contrairement à
Patricia McDonald, qui assenait sa théorie en dépit des preuves et sans se préoccuper de rendre son histoire crédible,
Michel Moatti, à la fin de son roman, résume les indices (déjà disséminés dans le roman) qui le pousse à désigner une personne en particulier.
Il faut admettre que la théorie avancée a le mérite d'être plausible et les preuves avancées par Moatti, convaincantes.
Le coupable que désigne l'auteur est crédible et, si on ne lui connait pas de mobile, j'ai toujours pensé que c'était une erreur que de chercher un mobile rationnel à cette boucherie. J'ai toujours eut la conviction que Jack, comme bon nombre de tueurs séquentiels, n'était motivé que par sa haine de l'autre. Et les prostituées, surtout dans ce quartier, étaient des proies facilement approchables.
Quant à l'arrêt des meurtres, je ne pense pas que ce soit parce qu'il avait terminé une quelconque mission mais plutôt que la présence policière toujours plus importante a rendu l'exercice de son petit hobby un peu trop risqué.
Ce livre était un roman doublé d'un documentaire et d'une enquête admirablement menée.
Si je ne crie pas victoire pour autant sur la découverte de l'identité de jack (je pense qu'on ne saura jamais la vérité avec certitude), j'ai vraiment apprécié cette lecture et cette hypothèse.