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3,6

sur 194 notes
Un récit sur les traces du meurtrier le plus célèbre de l'histoire de la criminologie en plein coeur du quartier de Whitechapel à la fin du 19ème siècle. Voilà de quoi m'appâter et aiguiser ma curiosité!

J'avoue que j'ai, d'abord, été un peu déconcerté par le format, cette reconstitution historique imaginée par l'auteur avec un personnage principal, Amelia Pritlowe, la fille de Mary Jane Kelly, dernière victime de Jack l'Eventreur, sorti de son esprit pour remonter les pistes, récolter les indices et vérifier les hypothèses dont il a lui-même eu l'intuition lors de ses recherches. L'histoire se lit ainsi au travers des passages du carnet personnel de l'héroïne dans lequel elle retranscrit ses rencontres (avec notamment un club « d'experts » sur l'affaire), ses sensations, ses (re)sentiments et son opinion sur le drame qui a touché se propre mère plus de 50 ans auparavant et qui continue à la tourmenter. Ces éléments s'inspirent directement de la « matière » débusquée par l'auteur lors de sa plongée dans les archives de l'époque: photos, coupures de presse, témoignages, rapports de police… Il réunit ces pièces à conviction dans son carnet d'enquête dont les extraits, assez éloquents, sont insérés à la fin du roman. Elles lui servent de fil rouge pour poser ses hypothèses sur le déroulement du crime de Mary Jane Kelly, et développer un scénario bâti selon ses convictions personnelles sur le mystérieux tueur. Ce carnet constitue déjà en lui-même un fascinant recueil d'informations sur cette célèbre et sordide affaire.

Et puis, face à son intensité et au travail minutieux engagé par l'auteur, j'ai été totalement absorbé par le récit. Je l'ai suivi dans son enquête, tel le témoin ou juré aux premières loges, choqué, comme figé, mais en même temps irrémédiablement attiré, nourri de cette curiosité morbide qui accompagne les pires faits divers, sur les traces de ce meurtrier qui a fait trembler les quartiers pauvres de l'East End londonien en 1888.
L'auteur déroule son investigation de manière captivante grâce à la richesse de sa reconstitution et la finesse les détails qu'il livre sur les lieux, les protagonistes, le contexte économique et social, les doutes et témoignages devant le jury d'enquête, les coupables ou présumés, jusqu'à fournir l'inventaire exhaustif des modestes biens que possédaient ces femmes massacrées et dénom(mem)brer, d'un point de vue médico-légal cette fois, les parties du corps que l'assassin leur a ôté. Il y ajoute, en prenant comme personnage principal fictif la fille de la dernière victime, un côté émotion et place le lecteur dans le drame quotidien de ces femmes pauvres laissées à la merci d'un tueur qui les avait pris pour cible. En évoquant leurs conditions de vie et de travail, leur lutte quotidienne pour survivre et l'injustice de leur situation et de leur sort, il redonne une âme à ces cinq femmes qui, par delà les siècles, sont seulement restées dans les mémoires comme les victimes dites "canoniques" de Jack l'Eventreur, comme si ce mythe sombre rempli de mystères avait totalement mis dans l'ombre leur identité, leurs rêves et leurs désirs.

Grâce à cette reconstitution, Michel Moatti, tel un fin limier, propose un retour à la fois glauque et incisif dans Whitechapel pour retrouver la trace du meurtrier mais aussi et surtout pour faire connaitre les conditions de vie insalubres et le calvaire innommable vécu par les femmes qui ont eu le malheur de le croiser, par une nuit où la noirceur était profonde, dans les bas-fonds de Londres, là-même où elles y abandonnaient leur corps et leur âme tandis que leur assassin y perdait son humanité en laissant parler sa froide cruauté.
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Entre ripperologue et auteur de fiction, il faut croire, à la lecture de ce Retour à Whitechapel, que la frontière est mince. Michel Moatti est sans doute un peu les deux. Écrivain, car son oeuvre est diverse ; ripperologue, car le sujet de ce Retour à Whitechapel est bien l'un des plus grands mystères de l'histoire criminelle récente, à savoir l'identité de celui que la presse britannique surnomma, à la fin du dix-neuvième siècle, Jack l'Éventreur. Moatti est écrivain : il s'est donc inventé un double, Amelia Pritlowe, laquelle conte, dans le Londres outragée par le Blitz de 1941, ses tentatives pour retrouver celui qui sema la mort dans le quartier désoeuvré de Whitechapel, en plein East End. Moatti est écrivain, donc : alternant avec le journal intime d'Amelia Pritlowe, il tente de donner corps à ces quelques jours de novembre 1888, jours d'audition auprès du coroner McDonald, nuits de meurtre auprès des cinq corps martyrisés : Polly Nichols, Annie Chapman, Liz Stride, Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly. Pour mener à bien sa narration, c'est-à-dire pour guider le lecteur et offrir à celui-ci une solution, une hypothèse, Michel Moatti se fait ripperologue. Lui aussi a oeuvré, comme l'un de ces hommes, l'une de ces femmes de l'ombre, qui lisent et examinent, dans le silence des bibliothèques et des archives, le moindre article, la moindre coupure de presse, la moindre analyse, la moindre photographie ayant trait à cet automne tragique de l'est londonien.

De ce livre, aux frontières du roman et de l'enquête, on peut d'abord saluer l'effort de reconstitution d'un Londres disparu. Aujourd'hui, l'urbanisme débridé laisser pousser, sur les rives de la Tamise, et au-delà, les tours démesurées d'une ville qui est depuis longtemps l'une des plus grandes places tant financières que culturelles du monde. le Londres de la fin du dix-neuvième siècle offre un visage bien différent, double si l'on considère qu'elle est déjà l'une des villes les plus populeuses au monde et qu'elle est le centre du plus grand empire de l'Histoire. Mais, à côté de la puissance politique et économique de la ville, à quelques miles des quartiers royaux et aristocratiques de l'ouest londonien, il est des quartiers misérables dont Jack London, dans le peuple de l'abîme, a décrit les conditions de vie. Ruelles mal éclairées, troquets où l'on déverse des alcools qui rassérènent et tuent en même temps, taudis étriqués où vivent des familles entières : l'East end survit dans une crasse indigne de la plus prestigieuse métropole au monde. Moatti en décrit aussi les bruits, les odeurs : celle du poisson qui imprègne les vêtements de ceux qui déchargent les bateaux de la Tamise, celle des corps qui manquent d'hygiène ; et les bruits de sabot des animaux, résonnant sur le pavé, tandis qu'on mène les bêtes aux abattoirs, et les criailleries des marmots qui attendent leurs mères dans les cours d'immeubles, et les cris des ivrognes. Londres vit et pue, dans ce livre. Voilà le cadre, et maintenant il faut y plonger.

Méticuleusement, Moatti nous décrit l'oeuvre de Jack. Ses quatre premiers meurtres, commis dans des ruelles sombres, à l'abri des regards, avec pour seule lumière l'éclat de la lame qui tranche les carotides et fouille ensuite les entrailles. Polly Nichols d'abord, puis Annie Chapman, le Double Event ensuite, c'est-à-dire les meurtres dans la même nuit de Liz Stride et Catherine Eddowes, et enfin ce qu'il conviendrait d'appeler, pour désigner le travail d'un artiste, le chef d'oeuvre, mais qui n'est en ce cas que le summum de l'horreur, le meurtre de Mary Jane Kelly, commis dans la chambre de celle-ci au 13, Miller's Court, dans Dorset Street. Pour affronter cette mort omniprésente, Moatti invente le personnage d'Amelia Pritlowe, infirmière au London Hospital durant la Seconde guerre mondiale. Quelques jours avant le début du récit, Amelia a appris, d'une lettre de son père décédé, qu'elle est la fille de Mary Jane Kelly. L'enquête se fait alors quête : des origines d'Amelia, d'une vérité pour Mary Jane. Amelia devient membre de la Filebox Society, une association de ripperologue conservant, entre ses murs feutrés, les secrets de centaines de document. Avec Amelia, Moatti a un double, qui lui permet de remonter le temps, qui lui donne légitimité pour se lancer à la poursuite de Jack. La dualité, en un certain sens, paraît être l'un des thèmes de ce livre : dualité d'une Londres à la fois magnifique et misérable ; dualité du ripperologue qui s'appuie sur les minces traces du réel - les articles de presse, les interrogatoires de la justice, les photographie de la police - pour bâtir les échafaudages par nature hasardeux des théories quant à l'identité de Jack ; dualité du Double Event, nuit du double meurtre ; dualité, et c'est tout ce que l'on dira de la théorie de Michel Moatti, dans l'identité du meurtrier de Mary Jane Kelly. On comprendra enfin une dualité temporelle, entre ce Londres de 1888, capitale d'un Empire prospère, et cette Londres de 1941, giflée nuit après nuit par l'aviation allemande, et entre les deux dates, un même East end, humilié par sa pauvreté ou par les bombes qui s'y déversent, un East end qui fait figure de victime quand l'ouest londonien est préservé.

Demeure une question : pourquoi les meurtres de Jack fascinent-ils autant ? Sans doute pour leur sauvagerie, et sans doute parce que le mystère demeure quant à l'identité de leur auteur. Pourtant, et c'est probablement ce qui fascine dans cette histoire, la galerie de suspects est extrêmement bien fournie. Parmi eux, on remarque quantité de personnages importants du Londres de l'époque, depuis quelque peintre jusqu'à un membre de la famille royale, en passant par des personnages proches du pouvoir (ainsi le docteur Gull, dont a parlé notamment Alan Moore dans From Hell). Comme si les meurtres de Jack l'Éventreur symbolisait, de la manière la plus brutale qui soit, les pleins pouvoirs d'une population sur une autre : les meurtres comme démonstration de la domination sociale, de l'absolue maîtrise des corps dominés. Là aussi, une dualité s'exprime : les meurtres de Jack jettent une lumière crue sur un lieu et une population invisible. Invisible d'abord parce que pauvre : les gens qui témoignent auprès du coroner McDonald ne connaissent d'éternité que parce qu'ils connaissaient, de près ou de loin, Mary Jane Kelly. Eux, les témoins, comme les victimes, étaient supposées ne jamais sortir des limbes d'un oubli certain que leur promettait leur condition sociale. Invisible aussi, car les victimes de Jack sont des femmes, marginales parmi les marginaux de l'East end. Les femmes sont des mères, qui nourrissent et s'occupent de leurs foyers et de leurs familles. A l'occasion, elles se prostituent, ainsi toutes les victimes de Jack ; mais ce n'est pas un métier pour elle, mais un expédient bien pratique bien que désolant, pour ramasser quelques piécettes qui permettront de payer un lit pour la nuit. Invisible encore, la petite témoin qui, depuis le parquet du logis de Miller's court, apportera à l'énigme sa solution. Invisible enfin, et c'est là l'originalité du livre de Michel Moatti - et on le dira sans trahir son hypothèse -, Jack l'Éventreur lui-même, invisible et donc introuvable pour les autorités, incapables qu'elles étaient de regarder en face la misère de l'East end. Invisibles sont les fantômes qui peuplent notre imaginaire et notre histoire. Pourtant ils sont là, et nous effraient. Jeter une lumière crue - celle des pages d'un roman - permet, au moins, de les appréhender avec rationalité.
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Michel Moatti nous offre ici un roman à dimension historique, un documentaire fiction sur Jack l'Éventreur. Surenchère littéraire me direz-vous! Pas tant que ça … Ici, l'auteur développe une thèse documenté sur la véritable identité de l'Éventreur. Et elle se tient ...

L'héroïne du roman, l'infirmière Amélia Pritlowe apprend en 1941, de son père dans une lettre posthume, qu'elle est la fille de la dernière victime de Jack, Mary Jane Kelly.

Le choc passé, Amélia Pritlowe mène une enquête minutieuse afin de reconstituer les derniers jours de sa mère et des autres victimes du Ripper.

D'une part nous sommes entraînés dans le quartier Whitechapel de l'époque victorienne en 1888 : la misère, la crasse, la condition des prostituées, la condition ouvrière et les conditions de vie en général si dures et difficiles. Nous sommes au début de l'ère industrielle, ne l'oublions pas.
Et d'autre part nous sommes entraînés dans le Londres de 1941 en plein Blitz.

Les chapitres alternent d'une période à l'autre. La plume de l'auteur est juste, précise et riche, le style est très fluide. On ne s'ennuie pas et non, ce n'est pas un roman d'horreur où le sang coule à flot.

L'histoire et le déroulement des faits m'ont étonné et passionné. de plus, on y retrouve une réflexion sociale très juste et une précision historique sans défauts.

C'est mon premier Moatti et ce ne sera pas le dernier ...
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La véritable histoire de Jack l'éventreur.
Affirmation ou interrogation ?
L'auteur est parti de documents d'époque (rapports d'autopsie, enquêtes de police, jugements de tribunaux) pour écrire une histoire mêlant réalité des faits et fiction.
Il décrit la vie des quatre victimes, leur assassinat plus que violent en comblant ce que personne ne sait par des détails crédibles.

Cinq victimes, cinq histoires, cinq meurtres. Très vite je me suis perdue dans le récit des faits, j'ai mélangé les noms de victimes, ne sachant plus trop qui était qui.

Le récit est assez répétitif, au début du livre. Chacune de ces misérables femmes a une vie triste, miséreuse. Faim, pauvreté, logement misérable, maladie, prostitution. Au point, qu'en un sens j'ai fini par me dire que pour elles la mort était presque un soulagement. Et là, j'ai eu honte. suis-je sans coeur ou le récit pousse-t-il à penser de cette façon, façon de penser qui était d'ailleurs propre à beaucoup de personnes de l'époque, particulièrement les personnes de la classe privilégiée ?

Le récit devient plus intéressant lorsque la fille de la dernière victime se met en tête de rechercher l'horrible assassin. Fille de fiction. Recherches dans une société fictive de ripperologues.

Car l'auteur a une théorie sur l'identité de Jack. théorie basée sur la dernière victime et qu'il accommode donc aux victimes précédentes.
Pour ma part, j'ai du mal à adhérer à cette théorie, en grande partie car elle n'explique pas vraiment l'arrêt des meurtres. Je ne suis pas criminologue ni psychiatre mais il me semble que lorsqu'un individu cesse de tuer c'est soit car il est mort, soit car il est dans l'incapacité de le faire (prison, handicap, maladie), soit car il est parti vivre ailleurs et est devenu plus prudent ou plus "chanceux" (ce qui ne correspond pas vraiment à ce qui a été écrit sur lui).

Au final, je n'ai pas appris grand chose, un petit tour sur internet aurait suffi. Je me suis souvent ennuyée, récit trop lent, trop détaillé, trop technique, trop impersonnel.
Trop de misérabilisme décrit par l'auteur. Zola, sors de ce corps.



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En 1941, Amelia Pritlowe découvre que sa mère, Mary Jane Kelly, fut la dernière victime de Jack L'Éventreur. Poussée par le besoin vital de découvrir la véritable identité du tueur, elle va se lancer dans une traque méticuleuse et acharnée et va ainsi reconstruire dans ses carnets les dernières semaines de sa mère et la sanglante « carrière » de l'Éventreur.
Entre roman noir, roman policier et roman historique, Retour à Whitechapel propose au lecteur une plongée saisissante au coeur du Londres victorien, théâtre des meurtres du célèbre Jack l'Eventreur.
En redonnant vie aux victimes, en recomposant leurs personnalités sociales et affectives, Michel Moatti propose une nouvelle thèse suite à l'énigme posée en 1888 mais qui était Jack the Ripper ?
Michel Moatti transpose dans ce roman les conclusions de ses années d'enquête sur les traces du célèbre serial killer, et révèle son vrai visage.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Certes, le sujet de Jack l'éventreur n'est pas original, et a donné lieu à un nombre considérable de romans. L'originalité de celui-ci est que l'on passe de l'époque des crimes, avec le point de vue de chaque victime, à l'époque de la fille fictive de Mary Jane Kelly, soit 1941, pendant les bombardements de Londres.

Je trouve que la plus grande réussite de ce livre est de parvenir à décrire avec une grande précision la vie de ces femmes assassinées. Une vie qui était franchement misérable, mais l'auteur rend à ces femmes une humanité qu'elles ont perdues depuis longtemps, puisqu'elles ne sont généralement décrites que comme les victimes de Jack. C'est extrêmement touchant de les voir dans leur vie quotidienne avant le crime, de se mettre dans leur peau, deviner leurs pensées. L'auteur a fait un excellent choix en racontant les différents meurtres du point de vue de chaque victime.

Normalement je ne suis pas très fan lorsque l'auteur fait de très nombreux allers retours entre l'époque actuelle et le passé, mais dans ce cas précis, j'ai beaucoup apprécié, car cela maintient fortement le suspens, et nous plonge véritablement dans le Londres de l'époque, dans ces quartiers très pauvres, laissés presque à l'abandon, où règne la criminalité. L'auteur s'est très bien documenté car les quartiers en question, comme Whitechapel, sont décrits de manière extrêmement précise et détaillée.

Lorsque l'auteur a publié son roman, l'identité du tueur était toujours un mystère. Il il a donc dû choisir une piste, qui me semble plutôt intéressante et ayant une certaine crédibilité. de nombreuses hypothèses et rumeurs ont été avancées, depuis le complot royal jusqu'à la piste du peintre Walter Sickert en passant par des dizaines d'autres suspects.

Il est fort probable que l'on ne connaîtra jamais avec certitude l'identité du tueur, et c'est peut-être mieux ainsi, car après tout, ce mystère a fourni une excellente opportunité aux romanciers de redonner vie aux personnes impliquées, d'explorer de multiples pistes et de raconter les faits de diverses manières. le mystère a ouvert la porte à la fiction et à l'imagination, et il serait presque dommage de la refermer maintenant.
En ce qui concerne Retour à Whitechapel, je ne peux que vous conseiller sa lecture. L'histoire possède un aspect original et offre une belle reconstitution du Londres de l'époque et de la vie des victimes de Jack l'éventreur.
Lien : https://leshistoiresdesympho..
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Un roman qui retrace la véritable histoire de Jack l'Eventreur. Ce livre est pour moi plus un documentaire qu'un roman, même si une histoire a été créé autour des crimes de Londres en 1888.

Un livre mené à la perfection dans les recherches de l'auteur. Il aura fallu pas moins de trois années à l'auteur pour se documenter dans les archives victorienne, presses de l'époque, rapports médico-légaux, dossiers de la Metropolitan Police "Scotland Yard", témoignages des jurys d'enquêtes et cetera.

Une vraie encyclopédie sur l'affaire Jack l'Eventreur.

Une première partie assez compliquée, où l'on pourrait facilement se perdre. J'ai donc volontairement ralenti ma lecture, car une foule d'informations nous sont données. le côté romance de ce livre ne m'a pas réellement séduite même si l'auteur a magnifiquement réussi à l'intégrer aux faits réels. Je ne suis tout simplement pas arrivée à m'attacher au personnage d'Amelia. Peut être trop de longueurs sur certains passages.

Une seconde partie où le livre prend une accélération dans l'histoire et son dénouement. Cette partie, je l'ai beaucoup plus apprécié au niveau de la romance.

Ce livre est à lire sans précipitation. Très peu de dialogues et quand il y en a, les personnages parlent avec un dialecte propre à l'époque. Beaucoup, beaucoup de descriptions, c'est pour cette raison que je qualifie ce livre d'encyclopédie. L'auteur n'a rien laisse de côté. On peut s'imaginer facilement le mode de vie en 1888 et en 1941 durant la seconde guerre mondiale.

Les descriptions des actes meurtriers nous sont décrites au millimètre. Certaines plus fortes que d'autres. Évidemment, il y aura plus de profondeur sur la dernière victime, car le roman tourne autour de Mary Jane Kelly.

Si les meurtres de Jack l'Eventreur ont été qualifié de chirurgicales plus d'une fois, je dirais la même chose de ce roman. Il a été conçu chirurgicalement, au millimètre sans aucune faute de procédure.

Un roman que je conseille aux personnes qui veulent en savoir plud sur le mystère de Jack l'Eventreur et qui ne savent pas trop de choses au niveau de l'affaire ainsi que les nombreuses hypothèses qui courent depuis 1888.

L'auteur nous soumet une découverte probable ou non su l'identité de Jack l'Eventreur. Je n'ai pas réellement été surprise, car l'énigme Jack l'Eventreur me fascine depuis très longtemps. Mais, je dois dire qu'une partie du final m'a plutôt surprise sur le coté fiction du roman.
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Une très bonne surprise que ce Retour à Whitechapel! J'avais cette sensation d'overdose sur les écrits relatifs au Ripper et la surenchère littéraire et cinématographique permanente sur ce personnage, et un léger dégoût pour la fascination qu'il a pu exercer dans l'imaginaire collectif, mais j'ai acquis ce livre après une discussion avec l'auteur dans un salon, plus pour l'écrivain que pour l’œuvre donc... à l'origine. Bien m'en a pris! Avec une plume très juste, une langue riche et un style très fluide, Moatti nous embarque dans un vrai roman historique, et pas dans une énième contrenquête à sensations. On se plonge à la fois dans le Londres miséreux de la fin du XIXème et dans le Londres de 41 en plein Blitz, avec une vraie réflexion sociale et une grande précision historique, et également dans les archives d'époque sur l'enquête elle-même. du coup ça fonctionne, d'autant que j'ai énormément apprécié l'empathie pour les victimes perceptible tout au long du roman, l'absence d'idéalisation du tueur ou de cette fascination morbide pour la violence et le crime gratuit très à la mode chez les auteurs de polars ces dernières années. Un roman qui se démarque tant sur la langue que sur le propos sur un thème aussi rebattu, c'est assez notable et très, très appréciable.
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Au dos du livre, nous pouvons lire que l'histoire nous est vendue comme "un roman fascinant dans le Londres de 1888...Mais aussi une véritable enquête sur l'une des plus grandes affaires criminelles."
Selon moi, si la part "véritable enquête" est parfaitement respectée, elle l'est au détriment de l'aspect roman. L'abondance des documents cité, le froid avec lequel l'enquête est abordée dans de nombreux passages, ne sont pas suffisamment contrebalancée par les très courts chapitres narratifs. Même dans ceux-ci, les personnages m'ont paru être abordés à distance, rendant l'identification impossible et l'immersion difficile.
Le travail de recherche de l'auteur est de tout évidence impressionnant et minutieux, et vous pourrez découvrir autant dans le carnet de l'enquêteur que dans les notes de l'auteur de véritables mines d'information concernant l'Eventreur qui ne manqueront pas d'assouvir votre curiosité. Cependant, selon moi ces éléments devraient être incorporés en douceur à l'intrigue et au déroulement du roman, ce qui n'est pas suffisamment fait à mon sens. le lecteur se sent noyés sous les donnés, et a parfois l'impression de traiter directement avec le papier jaunis des archives plutôt qu'avec celui, plus doux, du roman qu'il est supposé lire. Une déception donc, car pour un sujet aussi fort, j'attendais d'être bien plus émue qu'en lisant un article de journal, ce qui n'a pas été le cas cette fois.
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Pourquoi un nouveau livre sur Jack l'éventreur, pourrait-on se demander, vu qu'il en existe déjà des dizaines…
Ce roman a la particularité de s'intéresser plus particulièrement à la dernière victime : Mary Jane Kelly car l'histoire nous est en partie racontée par la fille de celle-ci : Amélia. Son père lui a laissé une lettre dans laquelle il lui révèle que sa mère n'est pas morte de maladie comme elle l'a toujours cru mais qu'elle est la fille de Mary Jane Kelly, la dernière victime du célèbre tueur de Londres. Amélia va donc s'intéresser de près au destin de sa mère et des quatres autres victimes.
Les pages de son journal intime s'entrecroisent avec des articles de journaux de l'époque et l'auteur, ayant consacré plusieurs années de recherche à ce sujet, nous propose sa propre version des faits. le contexte historique est remarquablement restitué et les arguments de l'auteur semblent tout à fait crédibles.
J'ai passé un excellent moment à arpenter les rues froides et humides des bas quartiers la nuit, j'ai accompagné certaines de ces femmes dans les bars malfamés, j'ai suivi le quotidien triste et solitaire de ces filles sans le sou, malades et abandonnées par la société. J'ai ressenti une profonde empathie pour ces femmes qui, avant d'être les victimes d'un homme, ont été les victimes d'une époque et d'une ville.
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