Ce livre commence par une recherche dont on ne saisit pas le sens, la quête d'un personnage qui ne prend forme qu'au tournant de la page 110, sans vrai suspens ni révélation. Cette dimension quasi policière est le prétexte de marches qui déroulent leurs méandres à très petits pas dans Paris et plus tard dans Rome.
Ce puzzle est finalement le travail de mémoire d'un auteur qui s'observe : « Je crois qu'il est préférable de laisser courir ma plume. Oui, les souvenirs viennent au fil de la plume. Il ne faut pas les forcer, mais écrire en évitant le plus possible les ratures. Et dans le flot ininterrompu des mots et des phrases, quelques détails oubliés ou que vous avez enfouis, on ne sait pourquoi, au fond de votre mémoire remonteront peu à peu à la surface. Surtout ne pas s'interrompre, mais garder l'image d'un skieur qui glisse pour l'éternité sur une piste assez raide, comme le stylo sur la page blanche. Elles viendront après, les ratures ». Dès lors le lecteur prévenu commence à relever les métaphores. le skieur dans la neige, l'
encre sympathique qui apparaît par l'addition d'un révélateur, le film à la pellicule voilée, les rues dans la pénombre, un paysage effacé par la neige, le phare quand on s'éloigne du rivage, des corps intacts conservés dans un glacier, un maître chanteur dont on croit qu'il a perdu votre trace, un agenda perdu ou caché. Je suis certain qu'un thésard de lettres modernes complètera cette collection. J'en reste là, sans préméditation, avec ennui.