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3,66

sur 269 notes
Le début du roman est compliqué, le lecteur croule sous le nombre de personnages aux noms parfois improbables, c'est confus, décousu, et en même temps fascinant. le lecteur devine, perçoit, plus qu'il ne comprend qu'il a affaire à un groupe plus ou moins mafieux et collabo. L'atmosphère est particulièrement bien rendue, on sent tout le côté interlope et sulfureux de cet univers de noctambules du Paris de l'Occupation.
Le narrateur, qui reste anonyme, même si à moment donné il se dit fils de l'escroc d'avant-guerre, Stavitsky, est un jeune homme très ordinaire, qui se laisse porter par les événements de façon assez aléatoire, sans grande motivation. Perdu, il est incapable de choisir entre deux camps, entre occupants et résistants. A force de tergiversation, il se retrouve à la fois Swing Troubadour pour les uns, chargé d'infiltrer un réseau de résistants et Princesse de Lamballe pour les autres, chargé d'organiser un attentat dans les locaux des collabos. Assailli de pensées contradictoires, il finit par dénoncer les résistants et se dénoncer ensuite aux collabos.
Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman, bien trop complexe à mon goût. Mais cette façon de rentrer dans la tête du personnage, et de percevoir ce qui l'entoure de façon hallucinatoire, m'a fascinée. Les références à une ronde vertigineuse, ou à des manèges de foire sont à l'image de l'état mental du personnage, qui finit par ne plus vraiment savoir ni qui il est, ni où il en est.
Intéressant donc, tant par la forme que par le fond, mais pas mon Modiano préféré.
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Dans le Paris de l'exode, vers 1940, un jeune homme illuminé, qui prétend être le fils d'Alexandre Stavisky, se laisse piéger et devient un agent double. D'un côté, il est sollicité par les milices de la collaboration dans un repère de truands, de demi-mondaines, de toxicomanes, de l'autre par la résistance, « un réseau des chevaliers de l'ombre ». Il circule de Sèvres-Lecourbe à Passy, fréquente les bars interlopes des Champs-Elysées, « l'un des endroits les plus vils de Paris », se repose au Bois de Boulogne, carrefour des cascades, route des lacs, « une principauté mystérieuse ».
Il se fait appeler soit « La Princesse de Lamballe », soit « Swing Troubadour » ; il n'a aucun espoir et finit par dénoncer les uns aux autres…
« La ronde de nuit » est le deuxième roman de Patrick Modiano, publié en 1969. Il est foisonnant, halluciné mêlant des délires souvent sanglants à des réminiscences plus chatoyantes, mais le fond du livre est très sombre, très désespéré.
Avec son livre précédent, « La Place de l'Etoile » et le suivant, « Les boulevards de ceinture », Patrick Modiano plane dans un vertige littéraire, parfois abscons, dont il commencera à sortir avec « Villa triste », où il va davantage approfondir les personnages, les lieux, les sentiments.
« La Ronde de nuit », un roman foisonnant, déroutant qui mêle des fulgurances autobiographiques à des visions surréelles provocatrices. Il est intéressant pour mesurer l'évolution de son auteur vers la mise en place de sa « petite musique », 29 romans plus tard.

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La Ronde de nuit/Patrick Modiano/Prix Nobel de littérature 2014
Ce roman est le second qu'ait écrit Patrick Modiano après « La place de l'Étoile ». Il parut en 1969.
Le personnage narrateur qui se fera appeler par la suite Lamballe et un individu bizarre pour qui le double jeu et même la trahison sont dans l'ordre des choses de son caractère espiègle :
« Pas assez de force d'âme pour me ranger du côté des héros. Trop de nonchalance et de distraction pour faire un vrai salaud. Par contre, de la souplesse, le goût du mouvement et une évidente gentillesse. »
Le début de ce récit est assez déconcertant il faut bien l'avouer et il faut attendre la centième page (sur 150) pour que les choses se mettent en place et que l'on comprenne où l'on est.
Notre narrateur (qui se fait appeler alors swing troubadour) fréquente d'abord une association de malfaiteurs collabo sorte de Gestapo française :la bande du square Cimarosa :
« Nous vivions des temps exceptionnels. Les vols, les trafics devenaient monnaie courante et le Khédive, jugeant de mes aptitudes m'employait à la récupération des oeuvres d'art…Nous vendions tous les objets saisis. Curieuse époque. Elle aura fait de moi un individu peu reluisant. Indic, pillard, assassin peut-être. Je n'étais pas plus méchant qu'un autre. J'ai suivi le mouvement, voilà tout. Je n'éprouve pour le mal aucune attirance particulière. »
Quand plus tard il est envoyé en mission pour infiltrer un réseau de résistants, il lui arrive de ne plus savoir qui il est ; songeant au lieutenant de ce réseau :
« Lui dire la vérité ? Laquelle au juste ? Agent double ? ou triple ? Je ne savais plus qui j'étais. »
D'autant plus que ce réseau lui demande d'espionner ceux là même pour qui il travaille !
Un avenir incertain s'offre à notre faux héros …
Un roman déroutant qui met mal à l'aise et qui dérange de par son ironie constante.
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Le début fut laborieux, et ce, sur les 40 premiers pourcents pour une raison toute simple : on est projeté au milieu des protagonistes, qui s'interrogent, se poussent à révéler des informations précises, mais on n'a aucun contexte. Et je n'ai rien compris à ce qui se jouait, à part une vague histoire de trahison. Mais qui trahit qui ? Quel groupe est dans quel camp ? Pourquoi ? À quelle période ? Mystère. Heureusement que j'avais lu le résumé, ça m'a vaguement situé l'époque du récit et ça m'a confirmé qu'il y avait trahison, mais c'est tout. À ce stade-là, c'était déstabilisant, mais surtout désagréable au possible.

La suite se recentre sur le personnage principal, son vécu, comment il es est arrivé là. Cette partie était beaucoup plus intéressante… enfin, un temps seulement.
Le narrateur aurait pu me paraître sympathique : j'ai apprécié son caractère initial, mais pour l'argent il se renie et étouffe sa conscience, ce qui me l'a rendu antipathique au final.
Le personnage principal n'est pas, et de loin, le plus gros problème dans ce récit. Vers le milieu, j'ai eu la sensation de retourner vers une trame traditionnelle, mais le dernier tiers part de nouveau en latte. Ils cherchent le chef de la résistance Lamballe – mais c'est pas le nom de narrateur, ça ?

C'était brouillon et incompréhensible… et c'est clairement dit à la fin : ” vous avez rien compris à l'histoire, ben moi on plus.” Mais alors écrire une telle merde et nous faire perdre notre temps avec un bouquin aussi pourri !
Donc oui, vous sentez mon exaspération au comble ! Je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à la lecture ces dernières semaines et ça me fâche de perdre mon temps avec une merde pareille. Vous l'aurez compris, j'ai détesté cette lecture.
Lien : https://psylook.kimengumi.fr..
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Un homme que l'on ne nomme pas se trouve à une soirée arrosée. Il est accompagné de plusieurs personnes. Leurs noms sont des pseudonymes. On ne sait pas réellement qui ils sont. Mais, on comprend que quelque chose se prépare, quelque chose de malsain, de criminel.

C'est la deuxième Guerre Mondiale. Nous sommes à Paris, sous l'occupation. Entre la présence des soldats allemands, la police nazie et la résistance française, on ne sait pas en qui avoir confiance. Tout est douteux. le mieux est de se faire discret et de ne pas attirer l'attention.

Le narrateur se trouve dans une position délicate. Cet homme travaille en même temps pour la Gestapo française et pour un réseau de résistance. Tout le livre repose sur une question : "Comment devenir traître, comment de pas l'être ?"

La première partie du livre est assez confuse. Les dialogues sont décousus, s'y mêlent les pensées intérieures du narrateur, il y a des éléments de descriptions brefs. On ne comprend pas de manière évidente ce qui se passe.

Puis, lorsque la deuxième partie arrive, tout s'éclaircit.

Patrick Modiano, Prix Goncourt en 1978 et Prix Nobel de la littérature en 2014, traite dans ce court roman de la question de la traitrise en temps de guerre. C'est mélancolique, sombre. L'auteur ne porte aucun jugement. Il parle de ce héros qui fait le bilan de sa vie, des choix qu'il a fait dans un contexte de guerre. C'est la quête intérieure d'un homme qui cherche un sens à sa vie et qui réfléchit à l'avenir qui s'offre à lui.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Voilà un exercice délicat que de parler de mon premier Modiano.
Des conseils, donc pour commencer...pour ceux qui comme moi, aimerait découvrir cet auteur.
Ne vous laissez pas rebuter par le début assez déroutant.
On est entrainé dans un tourbillon de danse, musique, conversations, en compagnie d'individus qu'on devine peu recommandables, profiteurs de guerres, escrocs, collabos…
En fait, on est déjà dans la peau du personnage, balloté par la vie. On subit ce qui nous arrive. On sature à cause du brouhaha, de l'agitation, des questions incessantes. On voudrait être ailleurs...
Ensuite, continuer à ne pas lutter, se laisser porter par le flot du texte, au fil des pensées du protagoniste principal, dont on ne sait quasiment rien, qui se laisse porter par les événements et qui laisse les autres choisir son destin à sa place. Bref, subir avec lui sa vie.
Un avis, enfin…
La prose de Modiano coule, nous bouscule, nous entraine sans qu'on sache vraiment vers quoi, et une fois le livre achevé, il est comme un vin long en bouche...il possède une saveur particulière, un peu âpre, indéfinissable et pourtant tenace.
Il nous interpelle, nous questionne sans en avoir l'air.
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« Il me semblait que depuis toujours je marchais dans la nuit au rythme de cette musique douloureuse et obstinée. Des ombres agrippaient le revers de ma veste, me tiraillaient des deux côtés, m'appelaient tantôt « Lamballe », tantôt « Swing Troubadour », me poussaient de Passy en Sèvres-Lecourbe et de Sèvre-Lecourbe en Passy sans que je comprisse rien à leurs histoires. »
Paris pendant la seconde guerre mondiale, capitale occupée par les nazis, les français ont choisi leur camp par conviction ou par nécessité. La collaboration ou la résistance, l'alternative est claire, sauf pour le narrateur qui déambule dans les quartiers de la ville lumière, noctambule déboussolé, jeunesse naïve et ignorante. Au nom d'une pauvreté qu'il fuit, il se vend au parti des traîtres, société interlope de gens couards et pervertis aux noms exotiques, « Affairistes, morphinomanes, charlatans, demi-mondaines comme on en voit grouiller aux « époques troubles ». »
Il s'introduit dans un réseau de résistants afin de les vendre, mais se ravise en donnant son propre nom de code à cette organisation de justiciers traîtres.
Deuxième roman de Patrick Modiano. Les mots, les personnages, les rues tournent dans une ronde enivrante jusqu'au dénouement dramatique. Aucune morale à cette histoire, des faits et un éternel questionnement sur les décisions que l'on prend face à une situation particulière dans un contexte critique. La nuit est le cadre idéal de tous les drames…
Editions Gallimard, Folio, 153 pages.
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Belle question à laquelle s'est "attaqué" Modiano : est-il possible de vivre en trahissant tout le monde, y compris soi-même ? le texte est très fourni en ce que chaque passage contient plusieurs thématiques, affichées ou sous-jacentes. Au tout début de l'Etat Français, le personnage principal est à haïr autant qu'à plaindre (enfin, peut-être...), incapable de trouver sa voie dans une période que bien des esprits veules et ignobles ont rendu peu reluisante. Un certain Paris noctambule de ces années de plomb est à vomir et l'auteur en restitue, sans concession, le biotope nauséabond. Au dernier mot du roman, on se demande si l'on en a saisi tout ce que, sans doute, il comportait de messages personnels délivrés par l'écrivain.
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Excellent bouquin, que j'ai beaucoup plus apprécié que son premier, la place de l'étoile (je me suis attelé à la lecture des Modiano dans l'ordre de leur parution). Je commence à comprendre l'aura dont jouit cet écrivain, c'est assez exceptionnel d'écrire de manière aussi subtile, intelligente et originale à 24 ans… Cet aréopage baroque de collabos, tortionnaires et escrocs, profitant éhontément du chaos ambiant pour satisfaire leur appât du gain, sous le regard d'un anti héros veule mais plus ou moins sauvé par son sentiment de culpabilité, est brillamment mis en scène par une construction non linéaire et un style impeccable, loin de toute platitude ou étalage de bons sentiments. Vivement recommandé.
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J'avais eu la chance (inespérée dans une ville de province dans le Portugal des années 90, en été) de découvrir cette oeuvre très forte, bouleversante de Patrick Modiano, un auteur que je ne connaissais pas à l'époque, dans une édition bilingue. Il s'agissait aussi pour moi de mes "premiers pas" dans un univers obscur de l'Occupation, un monde fait de brumes, de témoignages de mes anciens et de ceux qui évoluaient autour de moi quand j'étais adolescent. Un univers troublant, pesant et relativement proche chronologiquement et géographiquement, tant dans la France où j'ai grandi qu'au Portugal que j'ai fréquenté par intermittence, cette nation qui avait fait le choix risqué d'avancer sans faire l'inventaire des 50 années de dictature du "bon dr." A. Oliveira Salazar. Un livre... initiatique, qui vous transforme intimement.
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