Comment un nombre relativement, considérable de diptyques consulaires ou tout au moins de diptyques de fonctionnaires romains sont-ils parvenus jusqu'à nous? C'est une question que l'on peut se poser tout d'abord en présence des monuments que j'ai énumérés plus haut; il est heureusement assez aisé d'y répondre. On ne peut supposer que ces monuments, si précieux au point de vue de l'histoire de l'art, aient été conservés pour des motifs de môme ordre que ceux qui nous les font rechercher aujourd'hui; ce sont des raisons plus pratiques et ne présentant aucune trace de sentiment archéologique qui les ont fait garder précieusement dans les trésors d'églises. Il ne faut pas oublier que les évêques, à l'époque pour laquelle nous possédons des diptyques, comptaient parmi les personnages les plus influents de la hiérarchie; que tous aient reçu des diptyques des consuls, la chose n'est guère croyable, mais un certain nombre d'entre eux, du moins, ont dû eux aussi, tout comme les fonctionnaires civils d'ordre supérieur, participer à la distribution des diptyques leur annonçant l'élévation de tel ou tel à cette dignité.
La sculpture en ivoire, qui permet de suppléer, pour bien des siècles, à l'absence presque complète de sculpture monumentale, offre encore cet avantage de pouvoir être étudiée dans ses origines sur des monuments à date certaine échelonnés sur une longue série d'années. On ne peut souhaiter à coup sûr meilleur point de départ pour l'étude d'une suite d'œuvres du moyen âge que celui que constitue l'ensemble des diptyques du Ve et dut VIe siècle. D'après ces ivoires de médiocre dimension, mais souvent chargés de scènes compliquées, presque toujours aussi de motifs de décoration caractéristiques, il est relativement aisé de tracer l'histoire de l'art romain et de l'art gréco-romain, d'observer leur décadence en Occident, leurs transformations et leurs modifications en Orient sous des influences fort complexes.