Ignacio vit à LaHavane. Il gagne sa vie en cueillant à l'aéroport des touristes à arnaquer mais, cette fois-ci, ce n'est pas un richard de Blanc qu'il rencontre mais El Palenque, un Noir de Guinée. Mais, contre mauvaise fortune bon coeur, il lui sert de guide et une amitié se développe entre les deux. C'est que le nouvel arrivant a, malgré ses origines, des racines cubaines. Et, à travers leurs pérégrinations dans la capitale, on découvre ce magnifique pays.
Aussi succinctement résumé,
Les coqs cubains chantent à minuit semble plutôt ordinaire. Et pourtant ! J'ai bien aimé, beaucoup même. Peut-être parce que je n'avais pas d'attentes particulières. Surtout parce que son rythme, semblable à celui d'une danse ou d'un air entrainait, ne pouvait que m'inciter à poursuivre ma lecture. Et ce Cuba coloré, à l'image de ses habitants souriants et festifs malgré les circonstances, on ne peut que l'aimer !
Peut-être la narration y est-elle pour quelque chose ? Tout au long du roman, le lecteur doit écouter le long monologue d'Ignacio. En fait, il s'adresse à El Palenque, pendant qu'il lui fait traverser la ville, rencontrer des gens et qu'il lui raconte son pays. Mais, tout le temps, j'avais l'impression que c'est à moi qu'il s'adressait.
Quand je dis qu'Ignacio raconte son pays, c'est un peu réducteur car son récit est d'une portée universelle. le sien et celui de son ami, le poète qui ne jure que par
Omar Khayyam. Et puis il y a toutes ces références à tant de grands noms de la littérature (
Hedayat,
Nabokov,
Proust, etc.) et même des artistes de tous genres comme Méliès.
Les coqs cubains chantent à minuit, c'est également une ôde à ces cultures qui ont formé ce peuple. Espagnols, Amérindiens et Noirs. Les métis qui en sont le résultat mais aussi des vagues d'immigrations plus tardives de Blancs et d'Asiatiques. Ces mélanges constituent une richesse. Je pense tout de suite à la vie sous le soleil, les clubs, les belles femmes, la musique, les saxophonistes, la danse, l'exotisme, etc. C'est peut-être pour cela que les Cubains, résiliants, gardent le sourire malgré les malheurs et même si la vie n'y est pas toujours facile.
Ce roman permet de tisser des liens entre Cuba, les Russes, des pays d'Afrique comme la Guinée mais aussi l'Angola, le Congo, l'Algérie et, de là, à la France. Ces apports, on n'y pense pas toujours à nos lattitudes. Heureusement que
Tierno Monénembo, lui, y a pensé. Cette quête d'El Palenque, c'est une recherche des racines (sa mère et, indirectement, aussi son identité) mais surtout une célébration de la vie. Tout simplement la vie !
En terminant, j'ai eu l'opportunité de visiter La Havane il y a deux ans. Au fil des pages, uen multitude d'images me revenaient en tête. Je pouvais visualiser les lieux évoqués, ceux où je me suis retrouvé ou que j'ai pu voir de loin. L'Hotel Nacional, le Paséo, le Malecon, etc. J'ai vécu à nouveau mon voyage et c'était précieux.