Nake grimpa les escaliers et fonça dans la chambre. Au moment où elle alluma la lumière, elle eut un mauvais pressentiment. Elle poussa un cri. Sa grand-mère gisait inanimée à côté de son lit.
Dehors, il faisait noir et la rue était déserte. La lune ressemblait à un caramel au beurre.
Elle le regarda. Tel un pantin troué, il gisait dans une flaque rouge, les yeux révulsés. Trop tard.
Même s’il gigotait encore, vu l’entaille dans le bide il n’en avait plus pour longtemps. Pendant une fraction de seconde, elle pensa appeler les secours. Mais elle savait comment ça allait se passer. Elle aurait beau expliquer aux flics qu’elle avait voulu se défendre, ils ne la croiraient pas et elle serait prise dans les filets d’une enquête interminable.
Nake recula, horrifiée. C’est la première fois qu’elle tuait quelqu’un.
Nake se demanda depuis combien de temps elle était là. Sa grand-mère devait être inquiète, et surtout morte de faim ! Je dois me casser d’ici vite fait… Au moment où il s’approcha d’elle, elle lui saisit le bras et le mordit de toutes ses forces. Il lâcha le couteau et elle s’en empara. Alors que le plouc se ruait sur elle, dans un réflexe de survie, elle lui planta la lame dans les entrailles. Il poussa un cri rauque et s’effondra dans une mare de sang.
Quelque chose brillait dans sa main… Un couteau ! Il le frotta contre la manche de son pull, jeta un œil vers elle. Elle ne bougea pas. Fallait qu’il pense qu’elle était dans les vapes.
C’est comme si on frappait des coups de marteau dans sa tête. Nake avait des paupières de plomb. Elle tenta de les ouvrir. Eut l’impression de devoir faire des efforts désespérés. Elle finit par entrevoir une silhouette de dos, dans la cuisine. Le plouc était toujours là. Qu’est-ce qu’il fabrique ?
Dans un ultime effort, elle glissa sa main sous son oreiller et la referma sur ce qu’elle avait de plus précieux. Mais elle n’était pas sûre que tout ça ne se passait que dans son imagination. Les pas se rapprochèrent à nouveau. Il y avait bien quelqu’un dans la chambre. Pourtant, elle ne vit personne.
La main souleva les couvertures et renversa le verre d’eau entre ses jambes.
— Comme ça on croira que tu t’es pissée dessus. Je voulais que tu saches avant de partir que je suis toujours en vie.
C’est pas possible ! Je ne veux pas mourir ! Pas laisser la petite seule sur terre avec ce monstre.