Les aventures du Commissaire Léon ont été parrainées par le regretté
Frédéric Dard. Comme carte de visite, on fait difficilement mieux. Ce Commissaire Léon, belge habitant Montmartre, possède quelques traits communs avec
Nadine Monfils... Il y a de la "zwanze" dans les récits de
Nadine Monfils. Des belgicismes à foison. La personnalité de l'autrice affleure, à mon avis. Sinon, Léon tricote... il est posé, calme, assez consensuel. Il semble être (à mon avis) une sorte de mélange entre Maigret et Adamsberg (
Fred Vargas), mâtiné de San-A, avec du Malaussène dans la tribu qui gravite dans le zinc fréquenté par Léon. Ce microcosme est diantrement séduisant.
Le pitch: le roman met en scène Marie qui découvre comment contacter son père qu'elle croyait injoignable... sauf que son père est Irma, travelo ménagère... On sait que
Nadine Monfils ne se trouve jamais là où les bien-pensants le souhaiteraient. Elle aime prendre les lecteurs à rebours, les surprendre... le scénario n'est pas le plus important, mais c'est la manière de le considérer qui importe. Comme on dit, l'important n'est pas dans le fait d'arriver, mais dans le voyage. Cela me semble parfaitement correspondre à la philosophie de
Nadine Monfils.
Plonger dans un roman de
Nadine Monfils, c'est oublier le politiquement correct, le consensuel. Travelo... par exemple, c'est un mot que l'autrice va utiliser sans arrière-pensée, je dirai même avec affection, empathie. Voilà bien 2 mots qui qualifient bien l'attitude de
Nadine Monfils pour ses personnages. Compréhension, bienveillance... voilà aussi des qualificatifs qui s'appliquent bien au Commissaire Léon, aux hommes du Commissaire ou à Irma qui se produisait sous le nom de Madame Edouard chez Michou quand elle faisait Dalida... Evidemment, pour le grand méchant, pas de pitié...
Ici,
Nadine Monfils nous livre sa conception du thiller "tueur en série", sadique, psychopathe, etc. C'est débridé, décalé, mais -franchement- dire d'un roman de
Nadine Monfils qu'il est débridé et décalé, c'est dire que la pluie mouille... Mais comme je l'ai dit, l'essentiel est dans la forme, pas dans le fond. Et sur ce plan,
Nadine Monfils multiplie les clins d'oeil, les références, les belgicismes. Cela dit, j'ai quand même lâché prise à plusieurs reprises. Cela manque de liant, de suivi, d'homogénéité parfois, à force de tirer dans tous les sens. Mais c'est aussi pour cela que l'on aime
Nadine Monfils, pour ce côté fou, où les dérapages font partie du récit.
Au final, une amusante lecture qui montre la palette (assez étendue) de l'autrice.