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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Est-ce une biographie ? C'est en tout cas le récit de l'aventure de Fouquet, passé du cabinet de Mazarin aux splendeurs de Vaux-le-Vicomte puis au cachot de Pignerol.
On a beau connaître la chute, on découvre avec émotion un ami des arts imprévoyant, un homme confiant dans les moeurs de l'époque qu'il ne voit pas changer. Son procès truffé d'irrégularités traîne en longueur, mais reste plus vivace que son incarcération solitaire durant deux décennies.
Le style est enlevé, bien documenté. L'époque est dépeinte avec moult détails, artistiques aussi bien que politiques. Une lecture instructive et distrayante.
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Paul Morand livre dans cet ouvrage un hommage ému à Fouquet (1615-1680), dont on dit pour résumer qu'il a chuté après avoir offusqué Louis XIV, le Roi Soleil, en construisant le château de Vaux-le-Vicomte et en y organisant les fêtes les plus brillantes. Après une telle bande-annonce, le Médiévaliste se doit d'enquêter.

Né d'une famille d'armateurs bretons dont la devise est "Quo non ascendam" (jusqu'où ne monterai-je pas ?), Nicolas Fouquet s'est enrichi après avoir redressé les finances de la France malmenées par la Fronde, guerre civile de 1648-1653.

Fouquet est proche du Cardinal Mazarin, qui dirige l'éducation du jeune roi Louis XIV, et donc le royaume de France.

En 1653, Fouquet est nommé surintendant des finances. Il s'attend naturellement à succéder à Mazarin à sa mort, et à être nommé premier ministre. En 1661, Mazarin décède et "la face du théâtre change": le roi déclare "Messieurs, jusqu'à présent j'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par M. le Cardinal; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous le demanderai".

Il ajoute à l'intention de Fouquet: "Je vous prie de vous servir de Colbert, que feu Monsieur le Cardinal m'a recommandé. [...]

La face du théâtre change; j'aurai d'autres principes dans le gouvernement de mes Etats et dans la régie de mes finances". C'est le début de la chute de Fouquet, qui se croyait dans les grâces du roi, sans avoir pris conscience que le roi développait à son égard depuis quelques années une solide jalousie.

Jalousie ? Fouquet est brillant, il a accumulé une fortune considérable, et tient les clés des finances ce qui le rend puissant. Il est raffiné, a du goût, charmeur, il a du succès avec les femmes.

Fouquet découvre et finance de nombreux artistes : Molière, La Fontaine, Corneille, le décorateur le Brun, l'architecte le Vau, le jardinier le Nôtre, Scarron, Lully, etc.

La somme des talents de Fouquet prend forme à Vaux-le-Vicomte, château dont la construction a démarré en 1653. Fouquet y organise des fêtes somptueuses, dont celle, fameuse, du 17 août 1661.

Louis XIV, alors âgé de 23 ans, s'y rend accompagné de 600 courtisans. Selon La Fontaine, "Tout combattit à Vaux pour le plaisir du roi, La musique, les eaux, les lustres, les étoiles", ou encore "Vaux ne sera jamais plus beau qu'il ne fut cette soirée-là".

Paul Morand écrit : "Près du roi, un sucrier d'or massif, que Louis XIV contemple avec envie, de ses gros yeux bleux. - Quel beau vermeil, dit le roi, se retournant vers le maître de maison. - Pardonnez, Sire, ce n'est pas du vermeil, c'est de l'or. - le Louvre n'a rien de semblable...". Selon Paul Morand "le 17 août, à six heures du soir, Fouquet était le roi de la France; à deux heures du matin, il n'était plus rien".

Fouquet, que l'on dit naïf, toujours confiant dans l'amitié du roi à son égard, n'agit pas. Il est arrêté le 5 septembre 1661, par un D Artagnan hésitant, au point de demander à son roi des ordres écrit pour confirmer l'arrestation ! Oui, ce même D Artagnan qu'Alexandre Dumas a plus tard pris pour héros. le procès est instruit par une cour spéciale constituée par le roi du plus grand nombre d'ennemis personnels de Fouquet. le dossier à charge est rédigé par Colbert, qui accumule patiemment depuis des années des preuves contre Fouquet.

Les preuves sont tellements fausses, partiales et manipulées, que malgré l'insistance du roi, l'issue du procès vacille. Fouquet parvient à rédiger et à faire éditer ses Défenses sur tous les points de mon procès, que j'aurais à proposer si j'étais devant mes juges naturels. Fouquet a de nombreux amis, l'opinion vacille, le procès pourrit sur place.

Turenne déclare "Au début, il eu suffit d'une ficelle pour étrangler le Surintendant; à présent la corde serait trop grosse pour le pendre". Toute la littérature est pour Fouquet, le procès est chansonné:

Hérault dit : Vous avez grand tort
Et quand il n'aurait fait que Vaux,
N'a-t'il pas mérité la mort
D'avoir tant dépensé en eaux ?

Le roi ne parvient pas à faire condamner Fouquet à mort ! le procès prend fin en décembre 1664, Fouquet est banni. Souhaitant le museler, le roi utilise son droit régalien, et fait exceptionnel, il aggrave la peine et la transforme en prison à perpétuité.

Le roi suit ensuite le chemin ouvert par le surintendant : il entame les travaux du château de Versailles en 1661, l'architecte est le Vau, le jardinier, le Nôtre, le peintre, le Brun. Louis XIV devient un brillant mécène, et organise à Versailles les fêtes les plus somptueuses.

source : http://leker.typepad.com/medievaliste/2005/11/fouquet_ou_le_s.html
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Paul Morand signe ici un brillant essai sur le flamboyant intendant des Finances que fut Nicolas Fouquet. Il ne cache pas sa sympathie pour ce personnage qui restera à jamais énigmatique. Car il ne fit sûrement pas qu'offusquer Louis XIV. Véritable Janus, Fouquet ouvrit le grand siècle et ferma aussi cette néfaste habitude qui fut celle de confondre les finances de la France avec les siennes propres. Son panache, sa générosité, son intelligence manipulatrice effacent pour Paul Morand ses malversations, et les soupçons de complot lancé contre un roi traumatisé dans son enfance par la Fronde.
Les termes de son procès laissent en outre entendre qu'il était détenteur d'un secret qu'il ne trahit jamais durant sa longue captivité et sa mort très mystérieuse.
Mais Paul Morand avec brio, s'attache beaucoup plus à une personnalité exceptionnelle qu'à son itinéraire historique précis, sublimant parfois L Histoire qui est trop souvent âpre et cruelle.
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