Wouah! Coup de coeur pour le premier roman de cette auteur belge.
Entre Seraing (environs de Liège) et Venise, il n'y a que la distance d'un violoncelle à parcourir.
Environs 300 ans séparent les deux héroïnes de l'histoire mais leurs destins sont, grâce à la musique, intiment mêlés. Deux belles histoires qui se dévorent de la première à la dernière page.
L'auteur alterne admirablement les deux époques, choisissant une écriture tout en finesse pour nous décrire la Sérénissime et une écriture plus abrupte pour nous décrire le monde ouvrier, post-sidérurgique, liégeois.
Une magnifique découverte!
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Un joli roman paru en 2017 sur Lionella, violoncelliste belge de 17 ans aux origines italiennes qui tombe sur le journal du personnage d'Ada, jeune fille confiée à l'hospice de Venise de l'orphelinat de la Piéta appelé en italien “l'Ospedale Della Pieta” en 1705, où les jeunes filles orphelines vivent recluses et où on y enseignait la musique. L'éducation musicale approfondie et leur virtuosité rendait ces filles célèbres dans toute l'Europe. Et cette Ada dont Lionella a retrouvé le journal bénéficia de l'enseignement de Vivaldi. On découvre en détail par le biais du journal de Ada l'organisation de cet orphelinat secret de l'extérieur mais riche d'émotions à l'intérieur. On découvre les violoncelles fabriqués par Matteo Goffriller, qui est un luthier aussi célèbre pour ses violoncelles que Stradivarius pour les violons à Milan. On en apprend aussi beaucoup sur le prodige Vivaldi, l'un des violonistes les plus admirés de son époque et aussi reconnu comme le principal initiateur du concerto de soliste dans sa forme encore pratiquée de nos jours. La musique et les notes rythment les pages de ce roman historique. Les chapitres se déroulant à l'époque contemporaine sont malheureusement assez caricaturaux, notamment le personnage de Kévin et sa famille qui vivent dans le milieu ouvrier à Seraing.
Personnellement, j'ai préféré les parties avec le journal d'Ada que j'ai trouvé bien mieux écrites, mais l'ensemble reste agréable à lire. On voit que l'ouvrage a été très documenté et on apprend beaucoup de choses tout au long du livre.
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Tel un chef d'orchestre, l'auteure belge décrit l'histoire d'une sonate oubliée grâce aux échanges entre générations, en nous faisant voyager de la Belgique à l'Italie. le rythme de certains passages mériterait d'être un peu plus soutenu, mais il s'agit d'un premier roman prometteur.
A conseiller à celui qui aime voyager dans le temps en laissant la musique prendre possession de son esprit et rythmer sa lecture.
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L'auteure nous fait découvrir l'histoire de deux jeunes filles, dans deux époques différentes avec une seule passion la musique et plus particulièrement une sonate.
J'ai aimé voyager dans l'univers de la musique, et dans la ville de Venise d'il y a 300 ans avec Ada qui se passionne de la musique grâce à Vilvaldi, qui découvre l'amour, elle qui a été abandonnée à la naissance.
Le personnage de Lionella est attachant et convaincant, elle m'a séduite également pour sa personnalité et son acharnement dans sa passion. Elle considère Ada comme une amie et veut lui être fidèle jusqu'à la révélation de l'auteure de la sonate au grand public.
J'ai apprécié l'intrigue quant au choix d'Ada après la proposition de mariage et qui n'est dévoilée que lorsque Lionella se rend à Venise pour visiter le petit musée d' »Ospedale Della Piètra ».
Beaucoup de sensibilité, de finesse et d'intelligence dans ce livre qui sonne comme une sonate. L'auteure mêle les époques avec succès, nous fait voyager dans Venise et découvrir Vivaldi. J'ai adoré !
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Lionella Petrella, violoncelliste virtuose, vit à Seraing, dans une famille d'artistes. Son meilleur ami, c'est Kevin, issu d'un milieu très défavorisé. Cela ne l'empêche pas d'admirer le talent de son amie. Il voudrait l'aider à remporter le concours Arpèges. Aussi est-il tout fier de découvrir pour elle une merveilleuse sonate oubliée.
Dans son roman, Christiana Moreau oppose deux univers et deux époques. Si Lionella vit dans le cocon ouaté de mélomanes raffinés, Kevin, lui, vient d'une famille modeste et inculte. Son frère et lui sont élevés par une mère célibataire qui gagne mal sa vie en faisant des ménages et doit être adepte des séries américaines débiles, puisqu'elle a prénommé ses fils Kevin et Jason. Dans leur chambre, « des joueurs de foot et des groupes de hard rock » et, dans le séjour, avachi devant l'écran, Jason s'abrutit d'émissions télé-réalité ineptes. Kevin, lui, aimerait s'échapper de ce carcan étouffant. Depuis l'enfance, « il se passionnait pour la nature, les oiseaux, les plantes, les insectes ». Il aime découvrir « des pierres bizarres qui brillaient au soleil comme des diamants noirs ou d'autres incrustées de pyrite semblables à des pépites d'or et des cailloux empreints de coquillages fossiles sortis des entrailles de la terre ». Un jour, en surfant sur le net, il est ébloui par une madone de Filippo Lippi, dont le profil aristocratique semble être celui de Lionella. Pourtant, l'école l'ennuie. Il aimerait trouver un travail permettant d'alléger un peu la tâche de sa mère, puisque Jason profite honteusement d'elle.
Chez les Petrella, au contraire, on aime les arts et la culture. Leur nom a certainement été choisi par Christiana Moreau en hommage à la musique. Petrella est, en effet, le patronyme de plusieurs musiciens et d'une cantatrice lyrique. Quant à Lionella, son prénom signifie « celle qui détient le secret de la vie ». La jeune fille prépare le concours Arpèges qui fait penser au prestigieux Reine Élisabeth, dont la finale se déroule, elle aussi, dans la salle de la Maison de la radio, Place Flagey.
Mais l'histoire est loin de se limiter à ces deux familles. L'auteur nous projette au XVIIIe siècle, que nous découvrons à travers le journal intime rédigé par Ada dal Violoncello, de 1723 à 1725. Avec elle, Christiana Moreau permet à son lecteur de découvrir la Venise de l'époque, où des orphelines et des filles illégitimes sont placées à l'Ospedale della Pieta. On leur appliquait au fer rouge une marque sur le bras. Ce procédé barbare les protégeait du vol d'enfants lorsqu'elles étaient confiées à des nourrices. On leur offrait là une instruction musicale poussée et, devenues artistes chevronnées, elles se produisaient à l'occasion de concerts très appréciés par les riches amateurs qui, parfois, venaient y chercher une épouse, qu'ils ne pouvaient voir, mais dont la voix ou le talent les avait séduits. Antonio Vivaldi y fut maître de musique. Nous aurons donc l'occasion de mieux approcher son oeuvre.
Ada est envoyée par la prieure chercher les commandes chez un maître luthier. En mettant nos pas dans les siens, nous traverserons la ville, goûterons à l'atmosphère du carnaval, pénétrerons dans le célèbre Caffe Florian. Et surtout, nous découvrirons la fameuse institution qui accueillait les fillettes abandonnées. Un registre précise le nom qu'on leur donne , l'instrument dont elles jouent, les dates de naissance et de mort, l'âge qu'elles avaient à ce moment. Parfois, un vêtement, une lettre, un bijou permet de les identifier et garantit à leur mère de pouvoir les retrouver si les circonstances le leur permettent.
L'auteur s'est donc abondamment documentée et nous offre une foule d'informations historiques, d'anecdotes, de légendes (celle de la nymphe Io, par exemple). Mais, malheureusement, je les ai trouvées intégrées à l'histoire de façon très artificielle, comme si l'auteur récitait une leçon avec application, respectait un cahier des charges, ou nous faisait comprendre lourdement qu'elle avait bien travaillé.
Je lui reprocherais aussi des anachronismes et des imprécisions (toutefois, comme je ne suis pas spécialiste en la matière, je n'oserais l'affirmer, c'est seulement mon impression). Ainsi, je ne pense pas qu'une musicienne contemporaine (surtout une adolescente) puisse aussi aisément déchiffrer une partition de cette époque. Il me semble que la notation musicale était très différente de celle que l'on utilise aujourd'hui.
On voit Vivaldi lever sa baguette pour faire débuter le concert. Je ne sais pas si c'était déjà la coutume. (Lully, en tout cas, dirigeait à l'aide d'un bâton dont il martelait le sol. C'est d'ailleurs ce qui a causé sa mort, puisqu'il s'est blessé au pied et a attrapé la gangrène. Mais, bien sûr, c'était au siècle précédent).
Ada et Charles dégustent du chocolat, « d'une onctuosité délicate, incomparable (…) comme du velours épais. » D'après ce que j'ai lu par ailleurs, il était, au contraire, amer, épicé et pas du tout sucré.
Triste et seule, Ada se décrit « repliée sur moi-même jusqu'à l'anorexie, cette angoisse qui empêche d'avaler ». Parlait-on déjà en ces termes au XVIIIe siècle ?
Mais j'ai trouvé ce livre trop proche de "Stabat mater", le magistral roman de Tiziano Scarpa pour vraiment l'apprécier pleinement.
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