Citations sur Petits secrets, grands mensonges (103)
« Quand même. Quarante ans. Sur le trajet de l’école, elle songeait à ce cap, formidable. Elle n’avait pas oublié l’effet qu’un tel âge lui faisait vingt-cinq ans plus tôt. Terne. Échoué au milieu de l’existence. Rien n’aurait vraiment d’importance à quarante ans. Terminés les vrais émotions, car à quarante ans, on serait bien à l’abri, anesthésié par sa « vieillitude ». »
Perry portait un magnifique costume-cravate de facture italienne, taillé sur mesure, probablement plus cher que la garde-robe complète de son mari -armoire comprise- songea Madeline
Les enfants de 5 ans épuisés sont comme des bâtons de dynamite : à manipuler avec précaution.
Il paraît que c'est mieux de pardonner, mais je ne sais pas, je l'aime bien, moi , ma rancœur. J'en prends soin comme d'une plante.
Tout le monde rêvait d'être riche et beau, mais ceux qui l'étaient réellement se devaient de faire comme s'ils n'avaient rien de plus que les autres. Quel drôle de monde que le nôtre !
Alors elle lui avait raconté. Très vite, pas tout à fait dans les yeux, d'une voix neutre et profonde, comme elle aurait décrit un symptôme répugnant à un médecin. Cela faisait partie de la vie d'adulte, de la vie de femme, de la vie de mère. Dire des choses gênantes à voix haute.
Le syndrome prémenstruel restait un phénomène relativement nouveau pour Madeline. Un autre signe, ô combien agréable, de vieillissement. Avant, elle n'y croyait pas vraiment. Puis, à l'approche de la quarantaine, son corps lui avait clairement dit: OK, tu ne crois pas aux hormones qui s'affolent? Ben, je vais te montrer, moi! Tiens, garce, prends ça!
Depuis, un jour par mois, elle n'avait d'autre choix que de simuler. Tout simuler: son amour pour ses enfants, son amour pour Ed, jusqu'à sa plus simple humanité. Avant d'en faire l'expérience, elle avait été consternée d'apprendre que dans certaines affaires de meurtre, des femmes invoquaient le syndrome prémenstruel pour leur défense. A présent, elle comprenait. Aujourd'hui par exemple, elle truciderait volontiers quelqu'un. Elle avait même le sentiment qu'on devrait lui reconnaitre une force de caractère exceptionnelle du fait qu'elle s'en abstienne.
GABRIELLE : Ce n’était pas comme si les mères avaient été entre elles, vous savez. Sans les pères, ce ne serait jamais arrivé. Ça a sans doute commencé à cause des mères. Nous étions les principales protagonistes, si on peut dire. Les mamans. Je déteste ce mot. Maman. Ça manque de distinction, vous ne trouvez pas ? Je préfère dire mère. Ça sonne moins rond. Je n’ai pas une bonne image de mon corps, à propos. Mais qui n’a pas de complexes, hein ?
BONNIE : Tout ça n’était qu’un terrible malentendu. Certains ont eu des mots blessants et ensuite, tout est parti en vrille. Comme toujours. Si on remonte à la source d’un conflit, il y a toujours quelqu’un à qui on a fait de la peine, vous ne croyez pas ? Divorces. Guerres mondiales. Procès. Euh, peut-être pas tous les procès. Je peux vous offrir une infusion ?
MRS LIPMANN : Une tragédie, c’est profondément regrettable, et nous tâchons tous d’aller de l’avant. Je n’ai rien à ajouter.
CAROL : À mon avis, c’est à cause du club de lecture érotique. Mais ça n’engage que moi.
JONATHAN : Le club de lecture érotique n’avait rien d’érotique, ce n’est un secret pour personne.
JACKIE : Vous savez quoi ? Ma vision des choses, c’est que l’enjeu est féministe.
HARPER : Un enjeu féministe ? Qui a dit une chose pareille ? Enfin, quand même ! Je vais vous dire ce qui a tout déclenché. L’incident lors de la journée d’accueil des maternelles.
GRAEME : D’après ce que j’ai compris, tout cela tient à la bataille acharnée que se livrent les mères au foyer et celles qui font carrière. Comment ils appellent ça, déjà ? Mummy Wars. Mon épouse est restée en dehors de ça. Elle n’a pas de temps à perdre.
INSPECTEUR ADRIAN QUINLAN : Que les choses soient claires. On n’est pas au cirque, là. Il s’agit d’une enquête pour meurtre.
Madeline avait gagné. On était toutes mortes de rire de voir Renata soutenir le contraire. Si je crois que cette histoire a conduit à un meurtre? Non, pas du tout.
Comme elles prenaient leur rôle de mère au sérieux ! Il fallait les voir, avec leur petit visage affolé, leur démarche dynamique et leur air important lorsqu'elles pénétraient dans l'école, fesses moulées dans leur tenue de gym, queue-de-cheval au vent, regards rivés sur l'écran de leur téléphone portable au creux de la main telle une boussole.