AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,34

sur 265 notes
5
16 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Manières d'être vivant est un ensemble de récits et de réflexions sur la place du vivant, de la nature, de l'homme.
Dans un premier temps Baptiste Morisot s'attache au récit de ces différents pistages de loups dans le Vercors.
Dans le deuxième partie du livre il devient philosophe pour nous parler d'interdependance , d 'égards ajustés, de diplomatie.
Cette partie là est plus difficile à lire et à suivre pour les non initiés à la philo
La postface d'Alain Damasio permet une belle synthèse et une bonne compréhension du texte de Baptiste Morisot.
Néanmoins sans être un féru de philo, cet essai et ces récits apportent une réflexion sur le vivant tout à fait compréhensible .
Les passages à la suite des loups dans le Vercors sont magnifiques et ancrer la réflexion de Baptiste Morisot dans la réalité.
Cette réalité nous rappelle que la nature n'est pas une ressource. Ressource extractive ou productive. La nature est le creuset de milliers de manières d'être vivant. Et que ces milliers de manières font que depuis la nuit des temps l'évolution de l'homme ( une manière parmi tant d'autres d'être vivant ) et de la nature est imbriquée. Ne pas oublier que nous venons de l'océan et que le sel nous est indispensable.
L'homme est amalgamé par les manières d'être vivant du passé mais aussi celles du futur.
Nous ne sommes qu'une manière d'être. Et nous ne pouvons décréter soumettre la nature et les autres formes du vivant sous peine de disparaître.
Nous devons mettre en place des interdépendances, des diplomaties.
Prenons l'exemple des loups et des brebis et de leurs bergers.
Certain défendront à tout crin la réintroduction du loup.
D'autres défendront vehementement le pastoralisme et le travail des bergers et des patous.
Chacun dans ces certitudes.
L'interdépendance C'est d'être d'un bord mais penser que dans l 'autre bord il y a des choses justes qui pourraient faciliter et accroître la réussite de chaque bord.
En définitif nous devons avoir des égards ajustés. Jusqu'à récemment, nous avions peu d'égards pour la nature. Nous la traitions comme une ressource . Peu d'égards envers les abeilles avec l'intensification des pesticides.
Pourtant sans abeilles ,pas de pollinisation, pas de fleurs pas de printemps.
Les égards ajustés sont nombreux, tout comme les manières d'être vivant. Ne n'oublions pas.
C est ce que nous dit cet essai . Il peut être érudit et difficile mais il est salvateur.
Ça vaut le coup de prendre le temps de lire et de réfléchir aux manières d'être vivant.

Lien : https://auventdesmots.wordpr..
Commenter  J’apprécie          311
Quel est le point commun entre des loups, une éponge et Spinoza ? Et comment peut-on passer de Proust aux canidés ? La première question trouve sa réponse dans Manières d'être vivants, recueil de communications au premier abord un tantinet hétéroclite mais qu'une même visée militante et démonstrative ramasse. C'est un itinéraire de lectures par discussions, rebonds, et recommandations qui répond à la deuxième. Merci aux amis précieux qui permettent la maturation d'une réflexion toujours en chemin.

« Une saison chez les vivants » vous met à l'affut des loups dans le Sud-Vercors. Dans les sous-bois, là où la neige est plus molle, à l'écart des pistes de ski, à l'aplomb d'une paroi, on piste les traces. Des empreintes divergentes ou de la rectiligne trajectoire dans laquelle ils auront été pourtant au moins cinq à mettre leurs pattes, on extrapole les comportements, le museau au vent ou le ventre à terre, l'ouïe aux aguets. En mimant, d'après les laisses odorantes et les traces, ce qu'a dû être sa gestuelle, on imagine la meute. Et de cet exercice qui impose son éprouvé, la puissance d'un corps dans un environnement commun, on ressent le vivant en partage. Je suis nous loup aussi et c'est bon ! nous dit Morizot. A ce stade, je hurlais mon contentement en retour.

Bien loin d'un dualisme qui mettrait l'homme d'un côté, la Nature de l'autre, la raison au-dessus, les pulsions tout en bas, l'humain ici, les animaux là, on communie dans un vivant qui fait remonter à fleur de peau les réminiscences d'ancestrales ascendances. Car il s'agit de penser l'évolution « comme accumulation sédimentaire d'ascendances animales, parfois végétales, bactériennes aussi, dans chaque corps vivant. » Ces couches se manifestant non par une géologie de la profondeur mais dans une disponibilité à la surface, « comme des spectres qui vous hantent » et vous constituent. du pouce opposable à l'attachement pour tout bébé, de la capacité à reconnaître le rouge d'un fruit mûr dans le vert d'une frondaison, « nous avons tous, nous vivants, un corps épais de temps, fait de millions d'années, tissé d'aliens familiers, et bruissant d'ancestralités disponibles. »

(Parenthèse pour happy few : Des milliers de réminiscences constitutives d'autant d'ascendants variés, ça vous a une autre gueule que la seule cristallisation d'une identité autour de quelques souvenirs d'enfance momifiés !)

Aussi, quand il s'est agi de se mettre dans la peau d'une éponge, j'étais prête. Bon, ça m'a moins emballée. J'ai été enchantée de l'hommage au sel. Cette idée qu'aujourd'hui encore, comme en des temps immémoriaux où nos ancêtres étaient aquatiques, nous sommes constitués d'eau et que, lorsque nous salons notre pitance, nous faisons allégeance à cette lignée. Me convainc bien moins que ce soit cette prise de conscience qui nous empêchera de détruire faunes et flores sur le principe que chaque extinction prive l'avenir d'un potentiel d'intelligence et de développement au moins aussi stimulant que ce qu'a donné l'évolution de l'éponge jusqu'à l'homme. C'est Mozart qu'on assassine dans chaque espèce de bactérie sacrifiée. D'un point de vue philosophique et évolutionniste, j'ai envie de dire, oui et alors ? Il n'y a aucune nécessité à ce que quoi que ce soit advienne en particulier. Et si l'homme anéantit tout son environnement, ça ne contrariera pas plus que ça n'exaucera aucun plan. Par contre, ça exige sa petite larme catastrophée d'un lectorat sensible à une cause militante. Et ça, c'est pas vraiment compatible avec une réflexion philosophique qui devrait se faire absolument préservée du souci de son influence, non ?

Le chapitre « Philosophie politique de la nuit » a pour cadre l'observation d'une zone où loups et troupeaux cohabitent vaille que vaille. Au sein d'un dispositif officiel visant à pacifier les rapports entre les uns et les autres, Baptiste Morizot théorise le rôle de diplomate, de traducteur inter espèces qui lui permet de sortir d'un dualisme loup méchants / brebis gentilles, de donner du poids aux contraintes et points de vue des différents partis. Cette fonction, il la définit, l'endosse avec une abnégation que j'ai trouvée presque ostentatoire et un peu pénible.
Certes, depuis ma fenêtre, confortablement installée, je dispose d'une tranquillité que n'a ni le loup affamé ni l'éleveur de brebis, ni l'écolo désespéré. Mais j'ai trouvé là encore un mélange des genres qui m'a dérangée. La curiosité pour cet autre qu'est le loup, l'urgence à répondre à l'extinction massive des espèces arment le propos du philosophe d'une volonté d'agir, là où une observation attentive et la moins engagée possible, une conceptualisation pure m'auraient davantage convenu. Comme si, après les idéologies qui imposaient qu'on fasse une révolution prolétaire, après le devoir d'ingérence et ses sacs de riz, il s'agissait désormais, au nom de la survie de l'humanité, qu'on s'enrôle dans une nouvelle guerre armée. Qu'on fasse allégeance à une nouvelle utopie. Verte cette fois. Mais toujours avec ses héros, ses donneurs de leçons qui prennent avantageusement la pose, exhibant le romantisme tragique de leur condition, celui qui leur va si bien au teint. Bof. Sans moi.

J'ai gardé pour la fin « cohabiter avec ses fauves » car c'est le chapitre qui m'a procuré le plus de plaisir, m'a le plus puissamment fait réfléchir. Pour un hors-série sur Spinoza dans Philosophie Magazine, Baptiste Morizot a livré une lecture de l'Ethique au moyen d'une métaphore animalière. Je ne vais pas refaire la démonstration mais j'ai pisté à mon tour ces fauves que sont nos désirs, j'ai ressenti la nécessité d'écouter celui qui me procurait le plus de joie, qui m'élevait le mieux. J'ai retrouvé dans la méthode recommandée quelque chose d'éprouvé, à savoir qu'il faut, par l'observation fine du « comportement délicat et ardent de sa vie affective », par des habitudes et des bricolages, continuer de nourrir le désir qui nous permet de persévérer dans l'existence. Reconnaître aussi que « les passions nocives n'existent pas en soi comme l'autre de la raison, elle ne sont (…) qu'une forme individuée du flot de désir qu'est un être humain » mais détournées. Et s'interroger sur les causes du désir afin d'en saisir parfaitement sa nature exacte. Cohabiter avec ses fauves, partager l'espace, vivre de leur puissance qui est notre essence. Quelle justesse ! Et quelle magnifique perspective si on déploie ce rapport de soi à soi à soi au monde ! Extension et explication d'une essence qui se réalise dans la puissance vitale de la joie : Ahouuu !!
Commenter  J’apprécie          3078
"Sortir des systèmes, réconcilier l'humanité prédatrice avec le monde animal et végétal, lutter contre l'aliénation et promouvoir un vivre ensemble hors liens de pouvoir ; sept récits de rencontre pour réparer le tissu du vivant. "
Pierre-Romain Valère in Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
Commenter  J’apprécie          260
Baptiste Morizot nous offre un regard original sur le vivant, car ses constats s'appuient sur du concret, sur sa capacité objective à observer, sans parti pris. Ses traques aux loups, pour en déterminer leur comportement, leur relation avec le milieu qui les abrite sont remarquablement décrites. Elles le conduise à esquisser des règles de courtoisie et de diplomatie que l'homme devrait mettre en oeuvre pour obtenir des relations apaisées avec le vivant. C'est un plaidoyer salutaire pour la reconnaissance de l'autre, également produit de l'évolution des espèces. Quelques passages philosophiques sont un peu difficile à suivre, mais les situations et les exemples concrets l'emportent et méritent qu'on s'y attarde. Une grande humilité émane de cette écriture qui suggère des pistes d'amélioration possibles. A signaler également la qualité de la « postface » d'Alain Damasio qui fait une synthèse remarquable des points essentiels de l'ouvrage.
Commenter  J’apprécie          70
La première moitié m'a plus enthousiasmé pour son récit de pisteur, les très beaux passages sur le chant du loup, son observation de la nature, ses descriptions poétiques et inspirées de la nature, de la neige et des éléments que pour son travail philosophique et ses réflexions sociétales. Ceci dit, j'ai suivi avec attention sa pensée, que j'ai trouvée limpide, intelligente et à laquelle j'ai été sensible. J'ai surtout apprécié le fait qu'il entame sa réflexion sur le terrain, à partir d'une expérience concrète et passionnante.

Les trois autres parties - la seconde moitié du livre - sont beaucoup plus théoriques, moins accessibles, et demandent de posséder certains outils dont je me suis parfois senti dépourvu. L'auteur adopte un ton plus érudit et, s'il ne m'a jamais vraiment égaré, il a alors en partie perdu mon attention.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur…
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
Commenter  J’apprécie          50
Ce livre que je viens de commander sur suggestion d'un ami philosophe complètera un triptyque écolo-philo humaniste, constitué de Abondance et liberté, ainsi que de Ces liens qui nous font vivre. L'idée sous-jacente est que nature, humains et animaux sont interdépendants. Tous ces petits mondes ont intérêt à s'entendre.
En cette journée ensoleillée du 15 mars où le monde humain tourne au ralenti, je réentends la terre souffler, les oiseaux voler et l'humus fermenter. L'auteur, à travers sa pensée réintroduit les millions d'espèces vivantes dans notre paysage, mais surtout son compagnonnage avec les loups, jusqu'à hurler avec eux un langage commun, donne chair à la cohabitation oubliée avec le vivant autre qu'humain. Vite, vite, dehors, respirer à plein poumons sa nature devenue si éloignée de la vie.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
Commenter  J’apprécie          33
Réunion d𠆚rticles de Baptiste Morizot sur la biodiversité. Philosophe du vivant, il est aussi pisteur de loups dans le Vercors à la recherche du sens du langage et du comportement lupin. Au fil des pages, l’homme redevient un vivant parmi les vivants et non au-dessus des espèces. Une nouvelle place à assigner à l’homme...
Commenter  J’apprécie          20
L'auteur nous entraine à philosopher avec lui sur le rapport de l'homme et de son environnement, sur le vivant et la complexité du monde. La partie sur le pistage des loups dans le Vercors est un somptueux exemple de récit qui partant de l'observation du réel vient traiter des sujets tels que l'empathie, la cohabitation, la diversité des points de vue, la théorie de l'évolution ou la juste place de l'homme dans l'univers. Une belle lecture qui demande parfois d'être bien concentré pour ne rien rater des concepts mais qui souvent nous emmène, nous emporte tout en nous permettant de réfléchir, d'avancer, de comprendre.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (1297) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}