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3,72

sur 268 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Clay et Ulys sont deux jeunes journalistes malmenés dans leurs ambitions par un contexte économique loin de leur être favorable : en gros, quand on est jeune et qu'on travaille dans la presse des années 30 aux Etats-Unis, pour manger, mieux vaut mettre ses convictions de côté. A vrai dire, s'ils arrivent encore à travailler, c'est surtout grâce au prestige d'un prix Pulitzer passé, et leurs reportages sont plus alimentaires qu'engagés. C'est donc dans un état d'esprit assez résigné que les deux comparses se rendent à Chance, Kentucky, un obscur petit village serti dans les Appalaches, dans l'espoir d'y trouver de la matière pour un reportage. L'endroit s'avère clairement déstabilisant pour eux, si ce n'est hostile, notamment en raison du comportement des habitants, qui semblent mis à vif par la présence d'individus mystérieux vivant quelque part dans un coin encore plus reculé, le Vallon des Lucioles. Il n'en faut pas plus pour que les deux journalistes voient dans cette étrange rumeur l'objet d'un reportage : tous deux se mettent alors en quête de ces intrigants inconnus, dans une quête qui les pousse bien vite à reconsidérer leur définition de leur métier, si ce n'est de ce qu'ils entendent par le terme "humanité".

Eh ouais.
Rien que ça.

Le Vallon des Lucioles a pour lui une intrigue solide, bâtie de façon très structurée, et dont les retournements suscitent immédiatement un intérêt fort auprès du lecteur. On lui reconnaîtra également un côté très entraînant, une fluidité, des personnages très efficaces qu'on se plaît vite à suivre, mais voilà, le roman pêche sur d'autres plans, notamment son rythme, et sa prose quelque peu décevante. La première moitié du récit est en effet d'une lenteur qui lui permet certes de construire une véritable atmosphère, mais qui va paralyser le rythme de l'intrigue au point de lasser quelque peu, avant une deuxième moitié certes bien plus dense mais qui manque aussi d'équilibre, avec des ellipses qui auraient pu être mieux introduites, un dénouement si rapide qu'il en devient saccadé, et des thématiques très pertinentes qu'on aurait aimé voir plus développées. Quelle frustration, après deux cents ou trois cents pages de longues descriptions et d'effets d'annonce dont on devine assez bien les retombées, de voir l'intrigue tant attendue se dérouler aussi vite et de façon aussi convenue ! Les enjeux posés dans la première partie sont certes développés, mais avec bien moins d'ampleur qu'on l'aurait espéré, et je crois sincèrement que le roman aurait gagné à repenser sa structure pour donner plus de respiration à ses péripéties centrales.

L'autre élément de déception a sans conteste été la traduction : on devine en filigrane un texte anglophone plutôt riche, mais cela ne se retranscrit malheureusement pas dans la traduction, où le vocabulaire choisi est plutôt pauvre, les dialogues très écrits, au point qu'ils peinent à paraître naturels, et les constructions et autres images littéraires plutôt galvaudées.

Qu'on ne s'y trompe pas, le tout se lit avec une vraie aisance et constitue une bonne parenthèse d'immersion aux personnages forts et à la narration fluide, mais il est assez décevant de constater qu'une histoire au potentiel aussi fort se résume hélas à une sorte de romance assez prévisible aux enjeux très vite désamorcés, et aux payoffs assez faiblards au vu de ce que la première partie avait laissé augurer. On lit le Vallon des Lucioles sans déplaisir, mais on est en droit de se demander ce qu'il nous en restera une fois le roman terminé. L'action est bien là, mais elle arrive après un tel nombre de pages qu'il est presque « trop tard » pour s'y impliquer émotionnellement, et on parcourt cette histoire avec une sincère curiosité, mais sans réel impact affectif, d'autant plus qu'elle n'est pas exempte de certains tropes narratifs un peu lassants.

Lien : https://mademoisellebouquine..
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« 50 nuances de bleu »
1937 Clay Havens (photographe) et Ullys Massey (journaliste) sont envoyés dans le Kentucky pour faire un reportage sur les bénéficiaires possibles du programme du New Deal. Il s'agit de rapporter des images et des récits des gens dans le besoin mais aptes à être aider. A peine arrivés nos deux hommes entendent parler d'une chasse aux ratons laveurs. Les ricanements qui accompagnent ces propos montrent qu'il se cache quelque chose sous ce terme.
Ils vont découvrir qu'il s'agit de la famille Buford qui depuis des décennies a été acculée à vivre aux confins des terres, car une anomalie génétique fait que deux de leurs enfants sont bleus.
La quatrième de couv' nous dit que ce roman est inspiré de faits réels.
Mais la forme du roman qui tire plus vers la romance très à la mode m'a fait passer à côté de l'histoire. En avançant dans ma lecture, les 100 premières pages sont longues et délayées, je ne pouvais m'empêcher d'attendre autre chose.
Quand Havens se fait mordre par une vipère et qu'il est soigné par la famille Buford, j'ai aimé voir cette famille vivre comme si elle n'était pas exclue du reste du monde, avoir une vraie vie de famille, les parents s'aiment et sont là pour leur famille. Jubilee est très belle et fascinante pas seulement par la couleur de sa peau mais par sa personnalité.
« le coeur de Havens bat la chamade. Il manque de souffle et n'a pas l'air de pouvoir reprendre sa respiration. Créer-voilà ce qu'il lui faut faire.
Dès qu'il lève son appareil, une moue contrariée supplante l'air curieux de la jeune fille. Elle agite la main pout l'arrêter et prend la poudre d'escampette. Où est-elle ? »
Quelques centaines âmes ont, par leur peur de l'autre, fait des lois, notamment celle contre le mariage mixte.
Ils propagent des idées fausses comme des vérités, un racisme ici fondé sur une anomalie médicale. Mais cela ne change rien, même démontrée, les habitants resteront avec leur peur fondée sur l'ignorance.
J'aurai aimé que ce fait réel soit traité comme la démonstration que le racisme ne s'appuie que sur des peurs, sur l'ignorance, sur la bêtise et sur une certaine idée de la supériorité des uns sur les autres.
Mais cet aspect est à peine le fil conducteur et c'est dommage.
La réflexion qui aurait pu découler de ce fait réel est totalement occultée par une histoire d'amour assez simpliste.
L'ensemble reste une lecture agréable.
Je remercie les éditions du Seuil et Masse Critique Babelio.
©Chantal Lafon
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Un hymne à l'amour, triomphateur de toutes les haines, le racisme pour ne garder que l'essentiel. Un beau livre, rude, violent, terrifiant mais doté de beaux moments d'amour véritable et vrai entre un homme et une femme qui sont l'un pour l'autre l'élu de son coeur. Un pari réussi pour l'auteur qui nous offre un premier roman d'une force littéraire et prenante.
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Ce roman a attiré ma curiosité car il est basé sur des faits réels et concerne une maladie rare, la méthémoglobinémie, qui rend la peau bleue.

Comment une telle maladie, méconnue, peut-elle influencer la vie des gens qui en sont affectés, dans un coin perdu des Appalaches, dans les années 30 ?

Pour comprendre les terribles répercussions de cette anomalie génétique, il faut replacer les choses dans leur contexte. La vie d'une bonne partie des américains à cette époque était synonyme de labeur, de pauvreté et de misère. Tous les ingrédients étaient alors réunis pour exacerber la colère de certains et de prendre pour cible une minorité différente.

Quelques éléments agressifs s'en prennent à ces gens si différents, et le reste de la ville ferme les yeux. Peut-être sont-ils réellement la cause de leurs malheurs ? Cette peau bleue n'est-elle pas le signe d'une malédiction ?

La dimension humaine de ce récit fait réfléchir sur le comportement des communautés face à la différence, sur l'acceptation de son individualité, le regard de la haine ou de l'amour, ou encore sur le refus du conformisme.

La part de romantisme par contre, ne m'a pas spécialement touchée. C'est une belle histoire d'amour qui se déroule au fil des pages, certes, mais je l'ai trouvée dépourvue de profondeur. Je ne me suis pas attachée aux personnages. Je suis restée simple spectatrice sans réelle implication émotionnelle.

Cette lecture reste néanmoins intéressante et distrayante à défaut d'être passionnante !

Bonne lecture.
Lien : https://lebouddhadejade.blog..
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Une masse Babelio sauvage, c'est avoir l'opportunité de recevoir le courriel d'un collaborateur de ce site, pour vous proposer personnellement un roman en exclusivité pour une critique, cette démarche m'a permis de découvrir le premier roman d'Isla Morley, le Vallon des lucioles, traduit en France. C'est le troisième roman de l'auteur, Above Hardcover et Come Sunday: A Novel, ces deux premiers ne sont pas encore traduits en France, Isla Morley est originaire d'Afrique du sud, devenu américaine par son mari où ils vivent, pendant plus d'une décennie, elle a poursuivi une carrière dans le travail à but non lucratif, en se concentrant sur les besoins des femmes et des enfants.
Le quatrième de couverture et ce fameux bandeau rouge qui colle le roman dans une étiquette vendeuse, aspire le roman dans celui d'une réalité subjective, « inspirée d'une histoire vraie », sans chercher à connaitre la genèse du roman je m'y aventure et m'y noie sans contrainte, je me laisse bercer par l'écriture légère, une fluidité des mots et l'intrigue, ce côté fantastique de la couleur bleue de ces êtres de chair et de sang , des humains qui n'ont pas la bonne couleur, des « ratons bleus » pour certains et j'oscille comme une courbe sinusoïdale, j'alterne les humeurs durant la lecture, j'adhère, je n'aime plus, je deviens un adolescent qui change à tout moment, une girouette qui fait volte-face, j'essaie de canaliser ces sautes d'humeurs, j'arpente le roman sans le lâcher, je suis magnétisé par l'histoire, je reste happé par les pages qui filent entre mes doigts. Au-delà de ma curiosité titillée, une lassitude m'habite soudain, je me sens presque être spectateur d'un film série z d'horreur, ou chaque personnage se retrouve seul comme par hasard pour qu'il lui arrive malheur. le vallon des lucioles n'est pas un film d'horreur, mais le tumulte de la vie des personnages sont gravés à l'avance dans une boule de cristal, je n'ai pas la surprise, tout devient écrit, mais est-ce cela la finalité, le destin grignote cette fatalité. Dans Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski, il y a cette fluidité des évènements dans une orchestration machiavélique de l'écriture, Isla Morley n'a pas réussi ce génie mais fera germer la graine de l'amour dans cette oeuvre de racisme sur la différence et la tolérance, cette fleur de l'amour va s'épanouir dans cette trame dramatique, un amour véritable sur le miroir de l'âme, cette projection de soi qui illumine la personne d'une aura naturelle de son caractère et de son naturel. Ce roman est celui de l'amour.
J'ai lu un roman de Gaëlle Josse, L'ombre de nos nuits, s'inspirant d'un tableau de Georges de la Tour, pour imaginer une histoire des deux protagonistes de l'oeuvre peinte, Isla Morley va d'un article de Carol Trost, The blue people of troublesome creek, donner naissance à le vallon des lucioles, une ode à l'amour, de cette communauté recluse sur les rives de Troublesome Creek dans l'est du Kentucky, une intrigue se tisse autour de ces personnes de couleurs bleues dans les Appalaches et ce village de Chance, dans cette année de 1937, dans une Amérique en pleine évolution, un fossé se creuse entre le monde rurale et urbain, la visite de deux journalistes dans ce bourg perdu , va cristalliser l'inattendu beauté de la nature et celle de l'amour qui va réunir des êtres de l'innocence humaine, celle des préjugés et us et coutumes, puis surtout de la haine de l'inconnu ; le tout entremêlé des secrets de familles, cet héritage difficile à supporter.
L'Amérique des années 1937, sort de la grande dépression, pour lutter le président Roosevelt va mettre en place une nouvelle politique, le New Deal et un de ces programmes La Farm Security Administration (FSA), la section photographique de la FSA, dressera un portrait des américains ruraux pour déterminer leurs conditions de vies et de travail pour en faire un bilan et surtout convaincre cette Amérique des mesures prises par le président en place. En approfondissant cette période, il y aura certains portraits qui toucheront cette période d'entre- deux guerres comme ceux de Mère migrante de Dorothea Lange22, ou ceux de fermiers en Alabama de Walker Evans.
Isla Morley de cette atmosphère assez lourde par des réformes rigoureuses, va orchestrer une belle histoire sous cette toile de fond, avec l'arrivée de deux journaliste et photographe, Massey et Havens dans le village de Chance, commandité par la FSA, pour faire un reportage sur ces travailleurs ruraux. Arrivés à la gare, l'odeur de la nature assez forte titille Massey, cette bourgade accueille que trois cents âmes, elle se meurt, se dépeuple, la dépression rode sournoisement dans cette ruralité qui cache des secrets de famille et ces défauts illustres de peur des autres où les sortilèges, les malédictions sont des prétextes à l'exclusion de la différence. Cette arrivé va bousculer l'existence des habitants de Chance, leur première rencontre sera celle de trois jeunes privilégiés du village, Tick, Faro Suggings, le neveu du shérif et Ronny Gault, le fils du maire, des gamins ayant déjà un avis bien définit sur le monde du travail, les syndicats et ces mines qui rend malade et toujours en grève, ils vont animés la curiosité, en évoquant la chasse au ratons bleus, et ce désir d'un reportage , Massey et Havens.
Les fondations sont posées pour Isla Morley à façonner son roman et venir brosser un portrait d'une Amérique rurale haineuse et prisonnière de ses peurs, avec cette famille vivant dans le vallon des lucioles, donnant le titre du livre, la particularité est d'avoir des personnes de couleur bleue, effrayant la population, les isolant à l'écart de Chance, cette famille depuis plusieurs générations ont connus des enfants de couleur bleue, c'est une maladie du sang, nommé la méthémoglobinémie, pour retrouver la « bonne couleur », il suffit de prendre le bleu de méthylène, mais dans ce village , ils ont cette ignorance, beaucoup de racisme coule envers ces malades, de haine et surtout de peur , sans oublier les secrets de famille liant les générations précédentes, liant malgré eux les enfants de bonne couleurs et ceux en bleus, Jubilee et son frère Levi, vont endurer la méchanceté congénitale de Ronny et de ces amis, et aussi des villageois.
Le roman est distillé de chapitres nommés successivement de Jubilee et Havens sur deux périodes distinctes, 1972 et 1937, le coeur de l'histoire est la cristallisation amoureuse chère à Stendhal, de cette jeune femme de 23 ans, de sa beauté océane chavirant les certitudes de Havens, se laissant charmer par le côté sauvage et libre de cette jeune femme, encore sous l'emprise de ces parents et de son isolement par sa couleur bleue, Jubilee est la liberté, elle incarne la charité, sa passion est sa volière, soigner des animaux blessés comme ce pigeon, si capricieux, Thomas. L'amour est la chose la plus précieuse dans ce roman, lorsque deux êtres que tout oppose par leur milieu sociale et leur différence, balaient les apparences afin de dénuder la société du superflu des convenances, pour ne voir que les êtres nus de leur clivage, comme Lévi et la fille de pasteur Sarah, amoureux l'un de l'autre, Sarah est dans le regard de Lévi le reflet de son âme, elle est naturelle dans l'amour que lui porte Lévi, mais la passé à déjà perdu cet amour, Isla Morley dans son intrigue, laisse mourir Lévi, en abandonnant Sarah enceinte de cette union amoureuse si belle et fragile, mais au-delà de cet amour , l'auteur va faire naitre une tendresse plus sensible entre Jubilee et Havens, dès leur première rencontre, le charme est déjà présent, mettant le lecteur en haleine, de cette rencontre va, au fil du roman, se construire une amitié cristalline, qui petit à petit va se transformer en amour sincère. Isla Morley comme beaucoup d'autre roman d'amour célèbre, tel Roméo et Juliette, où le tragique est inévitable, entraine le lecteur dans l'illusion sombre d'un amour inexorablement tragique pour Jubilee, aura-t-elle le destin de son frère, ou celui de ces ancêtres ! Les mariages mixtes étaient interdits, comme le raconte Monsieur Buford, avec cette triste réalité, comparant le sort des noirs au leur, aucune affection possible avec une personne de couleur blanche, entrainant la mort, dans ses mots , il est moins brutale, en disant « Il n'arrivera même pas au tribunal », il y a cette peur, les Bleus portaient malheur, maladie, ou mort pour ceux qui les approchés de trop près, comme son oncle Eddie et sa grand-mère paternel, Opale, l'ont subi, contraint de se séparer de leurs aimés, pour l'un épouser son cousin, Jubilee arrive-t-elle à rompre cet héritage, pouvoir aimer au grand jour un homme de la bonne couleur, sans tragédie !
Isla Morley a réussi à travers l'atmosphère de cette époque et ce monde rurale dans cette Amérique de l'après dépression, à peintre avec délicatesse et tendresse, la naissance d'un amour et de ce combat à le faire vivre. Il y a beaucoup de tolérance, Jubilee est le personnage centrale de ce livre , elle irradie de sa personne, même si Havens reste un narrateur de cette histoire, la narrant une partie à un inconnu venant troubler sa retraite à Chance, à l'écart du village, en cette année de 1972.
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Le Vallon des Lucioles est un roman inspiré de faits réels qui retrace l'histoire de la famille de Jubilee, dont certains des membres sont atteints d'une maladie rare, la méthémoglobinémie, qui leur donne une peau bleu. L'origine de cette couleur étant encore inconnue à l'époque où se déroule ce récit, leur étrange épiderme leur vaut d'être ostracisés et persécutés par le reste de la population.

Merci à Babelio et aux éditions Seuil pour l'envoi de ce livre. J'ai beaucoup aimé son côté « ode à la nature », vraiment très poétique, qui nous donnait l'impression d'évoluer dans ce magnifique vallon parmi les arbres, les oiseaux… (mais contre toute attente, pas tellement les lucioles). À ce niveau, c'est une réussite.

Malheureusement, je ne serai pas aussi élogieuse avec les autres aspects de ce roman. le style de l'auteur, pour commencer. Ce n'est pas l'élément sur lequel je m'attarde le plus dans une lecture, d'ordinaire, mais là, j'ai vraiment eu du mal, notamment avec la syntaxe. Il y a des soucis de ponctuation, et même des phrases mal tournées. J'ai passé plus du temps à les reformuler dans ma tête qu'à les savourer.

L'intrigue, ensuite… Là encore, j'ai eu du mal. Je l'ai trouvé longue et plate, et je n'ai pas vraiment réussi à entrer dedans. Il y a une grande quantité de noms, de personnages et de liens entre eux à retenir (quand Tick réapparaît, j'ai cligné des paupières pendant un bon moment avant de me rappeler de qui il s'agissait), et j'ai été dépassée par cette pléthore de gens à plusieurs reprises.

Quant aux protagonistes, au-delà de l'ostracisme dont ils sont victimes et qui est hélas une réalité parfaitement retranscrite dans ce récit, j'ai eu le sentiment qu'ils avaient tout de même tendance à se jeter tête baissée dans la gueule du loup. Je comprends qu'ils aspirent à une existence normale, à ne pas se cacher, à ne pas faire preuve de lâcheté, mais à maintes reprises, j'ai eu envie de les attraper par le bras et de les retenir en leur criant que ce qu'ils s'apprêtaient à faire aller mal finir. Et bingo, cela ne manquait invariablement pas.

Il en va de même pour la romance. Plus d'une fois, j'ai levé les yeux au ciel en songeant que l'on s'enlisait dans des situations dignes d'une mauvaise comédie romantique. « Je suis sûre qu'il ne veut plus me voir », « Je suis sûr qu'elle ne veut plus me voir », « Non, je ne vais pas essayer d'en avoir le coeur net, puisque c'est une certitude »… Autant dire que là, à l'inverse, j'ai plutôt eu envie de pousser Jubilee et Heavens l'un vers l'autre et de leur hurler « Mais parlez-vous, bon sang ! ».

Enfin, je trouve regrettable, à la vue de la dureté du sujet traité, que tout s'arrange si vite et presque si facilement dans les dernières pages, comme si tout était oublié, comme si la plupart de ces gens n'avaient pas ostracisé la famille de Jubilee depuis des décennies, et comme s'ils n'en avaient pas regardé certains aller jusqu'à les persécuter, voire les tuer, sans réagir.

Le Vallon des Lucioles est un livre à lire si vous cherchez un hymne à la nature et à la différence, mais qualitativement parlant, il est sûrement possible de trouver mieux.
Lien : https://leslecturesdecyrligh..
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Ce roman nous fait découvrir une histoire d'amour entre deux êtres différents. Il raconte aussi le regard d'autrui sur la différence et sur cette incapacité que peut avoir l'être humain parfois à accepter ce qui lui diffère.
Le thème est intéressant, la plume est jolie
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J'ai bien aimé la construction des chapitres, qui permet de tenir en haleine : Havens et Jubilee vivent-ils un happy end ? J'ai également découvert cette maladie génétique, qui rend leur porteur bleu. C'est fou de se dire que de vraies personnes ont eu la peau bleue ! Après je n'ai pas vraiment accroché avec l'époque et la mentalité hyper fermée des habitants de Chance. Non que cette mentalité n'existe plus, mais j'ai été agacée par autant d'acharnement.
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Inspiré par un fait réel, ce roman soulève encore une fois le problème de la différence en l'abordant différemment puisqu'il s'agit de personnes "bleues".
C'est un beau roman, car il comporte une belle histoire d'amour et est très romancé. Grâce à son écriture, l'auteur nous rend l'histoire prenante même si elle n'est pas très originale.
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Dorothy Lange a photographié, comme A. Walker , les victimes de la Grande Dépression, jetés par milliers sur les routes. On a tous en tête leurs visages émaciés, leur fatigue. Lange était, comme les deux personnages du roman, missionnée par le gouvernement pour aller photographier ces Américains. Lorsqu'ils arrivent dans les Appalaches, ils entendent parler d'une "chasse au raton bleu" - intrigués ils finissent par découvrir la vérité : au coeur de la vallée, se cache une famille dont la peau est de couleur bleu. Rejetés par les autres habitants, ils ignorent qu'il s'agit en fait d'une maladie (le gène de la méthémoglobinémie qui, par un défaut d'oxygénation du sang - elle sera découverte dans les années 60) et subissent les méchancetés des autres. Nous sommes en 1937, le Sud applique la ségrégation et à cette époque toute différence est ostracisée.
J'ai apprécié les deux époques (1937 et 1972)
J'ai quand même quelques bémols : l'écriture que j'ai trouvé un peu faible et les grands sentiments (je ne suis pas histoire d'amour du coup...) ; j'aurais préféré que les thèmes comme la pauvreté, la ségrégation, la Grande Dépression soit plus développés.

Mais je comprends que ceux qui aiment les histoires d'amour soient sensibles à cette dernière. Un véritable hymne à la tolérance.

Je ne connaissais pas pour ma part cette maladie et donc l'histoire inspirée d'un fait divers.
Je vous invite à aller chercher sur Internet en tapant "the blue Fugates", on a du mal à croire que les photos ne sont pas retouchées.
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