Le temps qu’on descende les marches du tribunal, elle m’a tenue par la main…par la main. Elle n’avait jamais fait ça avant et ça m’a surprise autant que ça m’a fait plaisir parce que j’ai toujours su qu’elle n’aimait pas me toucher
p.43
Elle m’a fait peur, tellement elle était noire. Noire comme la nuit, noir comme le Soudan. Moi, je suis claire de peau, avec de beaux cheveux, ce qu’on appelle mulâtre au teint blond, et le père de Lula Anna aussi
p.13
Queen sourit en songeant à la mémoire sélective dont la gratifiait la vieillesse.
Mais notre liaison n'était même pas du niveau d'aucune vieille chanson de rythm and blues : un air à la cadence conçue pour engendre de la fièvre.
Lorsqu'elle souilla le drap de son premier sang menstruel, Sweetness lui donna une gifle, puis la fit entrer dans une bassine d'eau froide. Le choc fut adouci par la satisfaction d'être touchée, manipulée par une mère qui évitait le contact physique chaque fois que c'était possible.
Ce pays est mon pays ce pays est ton pays
On était tout en bas de la pile d'assassins, d'incendiaires, de dealers, de malades mentaux et de révolutionnaires lanceurs de bombes. Faire du mal à des petits enfants, c'était l'idée qu'ils avaient du dernier des derniers; ce qui est à mourir de rire, puisque les dealers se moquaient bien de qui ils empoisonnaient ou son âge, et que les incendiaires ne séparaient pas les enfants des familles chez qui ils mettaient le feu. Quant aux lanceurs de bombes, ils ne sont pas sélectifs ni réputés pour leur précision. p81
J'étais jolie dans le temps,se dit-elle,vraiment jolie, et je croyais que ça suffisait. Eh bien, en fait, ça suffisait, jusqu'à ce que ça ne suffise plus, jusqu'à ce qu'il me faille être une personne réelle, ce qui signifie pensante.
La délivrance des larmes non versées pendant quinze ans. Fini, le refoulement. Fini, la crasse. Maintenant, je suis propre et capable. p86
"Je priais afin qu'elle me donne une fessée ou une gifle, rien que pour sentir son toucher. Je faisais des bêtises exprès, mais elle avait des façons de me punir sans toucher ma peau qu'elle détestait..."