Apparemment un des grands succès de la rentrée littéraire 2012,
Home m'a pourtant déçue.
L'avalanche de chroniques sur la toile toutes plus élogieuses les unes que les autres m'ont d'ailleurs fait retarder au maximum ma lecture tellement je faisais une overdose.
Prenant enfin mon courage à deux mains, je me suis plongée ( enfin … plonger est difficile quand il y a si peu d'eau dans le bassin …) dans cette lecture dont j'attendais beaucoup et qui m'a bien évidemment laissée sur ma faim.
Je dois tout de même reconnaître que ce récit très court fait un peu l'effet d'une rafale de mitraillette, un concentré de violence en un laps de temps infinitésimal.
Home est une claque et
Toni Morrison a eu le talent de réussir cet effet-là. Sauf que ça ne me suffit pas.
Car justement, ce récit est pour moi bien trop court, j'ai déjà eu un mal fou à rentrer dedans et ce n'est qu'alors qu'il ne me restait plus que 50 pages à lire que je commençais enfin à m'adapter. Tout est survolé, les personnages, leur histoire, les thèmes. Il n'y a aucune profondeur et l'auteure laisse trop souvent son lecteur dans le flou. Elle suggère quantité de choses sans s'y arrêter. Je me suis donc sentie frustrée à plusieurs reprises.
Beaucoup ont aussi encensé le style. Moi, il m'a laissée de marbre. Ce style n'a rien d'exceptionnel, aucune poésie, aucune fioriture, aucun effet recherché. C'est assez plat et aucune émotion ne transparaît. Ce récit m'a laissée sur le côté, j'ai eu l'impression d'être une simple spectatrice arrivée là par inadvertance et qui doit, à partir de ce qu'on veut bien lui donner, reconstituer les morceaux d'un puzzle qu'elle sait qu'il n'est pas complet. Vous savez, ce même effet que lorsque vous débarquez dans une conversation déjà bien entamée et que personne ne prend la peine de vous expliquer de quoi il s'agit exactement. Alors on essaie de comprendre, on fait des hypothèses.
D'autant plus qu'on passe souvent du coq à l'âne, d'un personnage à un autre. de temps en temps, le personnage principal, Franck, prend lui-même la parole pour s'adresser à nous. Seuls ces passages ont vraiment capté mon intérêt.
Ensuite, j'ai lu dans de nombreux billets que le thème de ce récit était la dénonciation de la ségrégation raciale. Je pense que c'est beaucoup plus large que ça et que
Toni Morrison dénonce la violence sous toutes ses formes possibles : la violence physique mais aussi morale, la violence de la guerre, la violence de la mort, la violence de la perte d'un proche, la violence du rejet de l'autre, la violence de la solitude, la violence du manque d'amour. Mais heureusement, au milieu de toute cette souffrance, il reste la solidarité. Dommage que
Toni Morrison ne soit pas allée plus en profondeur.
Dans un sens,
Home me fait penser au
Candide de
Voltaire. Franck et Cee rêvaient de s'enfuir de chez eux pour échapper à l'ennui d'une vie monotone toute tracée. Et finalement ils y reviennent après avoir compris que, si le bonheur est inaccessible, alors se contenter de cultiver son jardin est déjà un premier pas dans sa direction.
C'était ma première rencontre avec cette auteure et
Home serait, à ce que j'ai pu lire, son récit le plus abouti mais il ne m'a pas convaincue.
Merci à Priceminister et à leur opération des Matchs de la Rentrée Littéraire.
Et puisqu'il faut donner une note ( bien que je n'aime pas ça) , ce sera un 12/20.
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