AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 678 notes
5
39 avis
4
30 avis
3
16 avis
2
3 avis
1
0 avis
L'oeil le plus bleu est le premier roman de Toni Morrison. C'est noir, très noir. L'histoire d'une petite fille en mal d'amour, repoussée, moquée, violée. Elle pense qu'avoir les yeux bleus lui permettrait d'être aimée.
Il y a aussi le regard de la narratrice, une autre petite fille, qui a une vision distanciée de cela. D'ailleurs, elle n'aime pas les jolies petites filles et elle apprécie Pecola même sans ses yeux bleus.
On y croise la misère, la saleté, le racisme. Le style est vraiment parfait et les phrases magnifiques. Par contre, le parti pris de passer d'un personnage à l'autre, les aller-retours dans les époques, les digressions m'ont parfois perdue et, pour moi, ont nuit à la force du récit.
Commenter  J’apprécie          151
L'oeil le plus bleu ou la Genèse de l'oeuvre de Toni Morrison, un roman qui met en scène, avec l'imaginaire de l'auteure, un événement qui a éveillé la conscience afro-américaine (et esthétique) de Toni Morrison en tant que femme noire Américaine.
Ce n'est pas un roman simple à aborder, et le résumé vraiment très réducteur sur la quatrième de couverture n'aide pas et ne prépare pas le lecteur lambda (à mon avis) à rentrer dans le récit.

A l'inverse des autres romans de Toni Morrison, L'oeil le plus bleu parle presque uniquement de l'enfance, de ce qui la construit autant que de ce qui la détruit. C'est aussi un roman plus terre à terre, dont la langue bien que très poétique n'a pas la dimension d'incantation aux ancêtres qu'on trouve pourtant souvent dans son oeuvre. Ce roman décrit des évènements quotidiens de la petite Pecola qui en plus d'être née dans une famille noire pendant la ségrégation raciale est aussi née dans une famille brisée, tant physiquement que moralement (y compris sur le plan de la moralité). Ce réalisme m'a beaucoup étonnée, d'autant plus qu'il est violent- le roman s'ouvre sur le récit d'un inceste, ce sui donne le ton à l'ensemble du roman. Viol d'enfant, meurtre d'animaux, humiliations et atteintes à la dignité sont le lit de ces personnages.

Curieusement (mais on comprendra vite pourquoi), la narratrice de l'histoire n'est pas Pecola elle-même, mais Claudia, une autre petite fille du quartier. Claudia et sa soeur Frieda tentent de comprendre ce monde violent qui les entoure et de lui donner un sens avec leurs mots et leurs réflexions d'enfants- ce décalage créé d'ailleurs une violence supplémentaire. Quant à la partie consacrée aux portraits de personnages adultes, le lecteur n'est pas en reste pour constater que les dégâts sur cette communauté font date ! Contrairement à d'autres romans, on ne voit pas la résilience qui viendrait éclairer ce récit. Les mits tombent comme des couperets, et l'écho des derniers mots résonnent comme une dénonciation individuelle de chaque personnzge dans le malheur de Pecola, que ce soit par ses moqueries ou son indifférence.

Avec du recul, on peut voir les thèmes qui seront récurrents dans l'oeuvre de la romancière américaine. Une chose est sûre, les différents visages de la violence dans ce récit ne laissent pas indifférent et interpellent, donnent matière à réflexion. En cela, la lecture de la postface de l'auteure dans l'édition Vintage apportent des éléments intéressants sur le contexte de l'écriture.

En bref, un roman âpre, mais beau malgré tout qui "remonte dans le temps", comme le fantôme de Marley de Dickens qui tente de nous expliquer comment et pourquoi une petite fille noire a pu détester son image au point de vouloir des yeux bleus. Et pas seulement bleu, les plus bleus.
Commenter  J’apprécie          530
Je continue par le commencement : L'Oeil le plus bleu est le premier roman de Toni Morrison. Il se situe dans l'Ohio, à Lorrain, ville natale de l'autrice, dans les années 1940 ; les principales protagonistes pourraient donc être ses doubles, mais que m'importe, il suffit que ce « saisissant premier roman » ait les apparences d'un certaine tranche de réalité sociale.
Au début, je craignais que ce ne soit un peu la même chose que Sulla, dont l'histoire commence environ dix ans plus tôt dans le même milieu. Mais le point de vue est un peu différent : la principale narratrice est une de ces fillettes, celle qui ne comprend pas la fascination des autres pour les poupées et les fillettes blondes aux yeux bleus.
Comme Sulla, c'est un livre magnifique, avec une construction subtile, qui tient le lecteur en haleine. J'aime cet art de l'écriture, qui s'appuie non sur une suite de coïncidences comme trop de romans classiques, mais sur la germination tardive d'indices semés plus tôt dans le récit.* Les personnages et leurs facettes sont découverts peu à peu, et le drame principal éclate dans l'esprit du lecteur vers la fin.
Toni Morrison est dès son début une autrice éblouissante, qui m'ouvre les yeux sur l'humanité à travers cette histoire dure, mais sans doute proche de la vie réelle de cette population noire et métisse, victime de formes ignobles et plus subtiles de discrimination. Sa description de ces vies vous marquera sans doute comme elle m'a emballé.

*Un exemple que j'avais beaucoup aimé est le Monde selon Garp.
Commenter  J’apprécie          435
L'écriture est magnifique et très originale. Des images invoquées que je n'avais encore jamais lu, tellement vivantes !

En quelques pages, l'auteure fait revivre la ville de Lorain et ses habitants. Rien ne nous est dissimulé : les violences physiques, les viols, la discrimination, les injures...C'est toute une époque qui est ressuscitée sous nos yeux.

Je me suis attachée très vite à Pecola, pour sa fragilité et la dureté avec laquelle la vie et les humains la frappe, et Claudia pour sa rage qui sommeille en elle et surgit à certains moments. On découvre l'histoire de nombreux personnages secondaires ce qui donne une amplitude incroyable à toute la narration.

Nous voyons à quel point le monde était dur et terrifiant à cette époque pour ces petites filles, elles ne pouvaient avoir confiance en personne, ne devaient compter que sur elle pour s'en sortir et à qui rien n'était épargné.

Un premier roman sublime
Lien : https://www.labullederealita..
Commenter  J’apprécie          110
J'ai du mal avec l'écriture et le style de Toni Morrison. Il faut être extrêmement concentré. La structure, l'organisation des chapitres n'est pas d'une grande fluidité. L'histoire se dilue dans un compte rendu terrifiant, glaçant, de la situation des noirs américains.
Dans ce roman, Toni Morrison évoque essentiellement les années 30 et 40 et situe son roman dans l'Ohio, à Lorain, une ville industrielle située sur les bords du lac Erié. Avec l'abolition de l'esclavage, beaucoup de noirs américains ont fui les états esclavagistes de la « Bible Belt » pour les Etats du Nord. Ce n'a pas été pour autant la promesse de lendemains qui chantent.
C'est cette tragédie d'un peuple que Toni Morrison raconte dans ses romans. Elle le fait avec beaucoup d'érudition et d'authenticité. On est au-delà des larmes, dans une sorte de colère intérieure qui ressemble à un puits sans fond.
Commenter  J’apprécie          140
C'est un livre qui parle de sujets très intéressant, des sujets sensibles et fâcheux. Il faut dire ce qu'il est Cela représente réellement la société dans laquelle on est qui perdure encore actuellement. Cependant j'ai eu beaucoup de mal avec le style d'écriture, on s'y perd entre les personnages on ne sait plus qui est qui. de plus j'ai trouvé le livre un peu difficile à lire par moment lorsqu'on parle de passage plus difficile je trouve que l'auteur a une façon de raconter les choses qui est assez glauque et je me suis poser de sérieuses questions sur sa santé mentale.
Commenter  J’apprécie          10
A travers les yeux de Claudia, et bien d'autres, nous allons découvrir la condition des personnes noires en Ohio aux Etats-Unis dans les années 40, et plus particulièrement Pecola, une petite fille amie de Claudia et sa soeur Frieda, qui n'est pas particulièrement jolie et dont le rêve le plus précieux est d'avoir les yeux bleus. Car pour Pecola, les yeux bleus sont une marque de beauté. Mais ses rêves d'enfant vont être brisés à jamais à cause d'un événement traumatisant, perpétré par son propre père.

Un immense coup de coeur. Ce livre est simplement brillant, j'ai adoré sa structure, j'ai adoré le contexte, les personnages, absolument tout m'a touché, et le dernier chapitre m'a achevé. C'est un roman fort, puissant, Toni Morrison était une autrice géniale, elle a pensé à tout, ça m'a même fait penser à une tragédie grecque. Tous les rouages se sont mit en place au fur et à mesure, depuis des années et des années, pour arriver à ce drame odieux. Et arrivée au dernier chapitre, c'est là que j'ai compris le génie de Toni Morrison, que je regrette de ne pas avoir découvert plus tôt. Il est évident que j'en lirai d'autres.
Commenter  J’apprécie          10
"L'oeil le plus bleu" est un roman que j'ai pioché dans ma Pile à Lire. Il s'agit du premier roman écrit par Toni Morrison. Cet ouvrage marque le début d'une oeuvre engagée dans laquelle l'autrice n'a cessé de porter la voix des noirs américains. le roman a été écrit à la fin des années 60 mais l'histoire se passe dans les années 40. Nous suivons, sur une année, une fillette noire issue d'une famille où règne la misère. Nous savons, dès le début, que la jeune Pecola, âgée de douze ans, va mettre au monde un enfant né d'un inceste. Nous découvrons l'histoire de sa famille et leur vie quotidienne, marquée par la violence et la pauvreté. La narratrice est une autre petite fille noire, issue d'une famille plus structurée et moins pauvre mais victime néanmoins de la ségrégation.

Il serait indécent de juger la famille de Pecola. On ne peut même pas jeter la pierre au père, qui pourtant va commettre l'irréparable, tant sa propre histoire est terrible. Toni Morrison nous montre comment la pauvreté et le racisme ne peuvent conduire qu'à la violence. Pecola est sale, pas très jolie, mal habillée. Elle rêve d'avoir les yeux bleus comme les jolies petites filles blanches qui n'ont pour elle que du mépris. Ce qui va lui arriver est injuste et inhumain, à l'image de la condition des femmes noires à cette époque.

"Les femmes blanches leur disaient : "Fais ça." Les enfants blancs leur disaient : "viens ici." Les hommes noirs leur disaient : "Allonge-toi." Les seuls dont elles n'avaient pas besoin de recevoir des insultes étaient les enfants noirs et les autres femmes noires."

Je mettrai un bémol pour la narration, un peu déconcertante. le déroulement des faits ne suit pas l'ordre chronologique et les transitions entre les différents personnages ne sont pas faciles à identifier. C'est une lecture qui demande donc un petit effort d'attention et une certaine concentration.

En dépit de ce bémol, c'est un roman que je conseille.
Lien : http://www.sylire.com/2020/0..
Commenter  J’apprécie          20
Dans L'Oeil le plus bleu, Toni Morrison évoque la violence des critères de beauté dans les années 40 aux États-Unis. D'un style aussi cru que poétique, elle dépeint différentes manières dont des femmes noires répondent au culte de la blancheur : en se révoltant contre ces normes de beauté, comme Claudia, ou en les intériorisant jusqu'à la folie, comme Pecola. Cette petite fille est persuadée que, si elle avait les yeux bleus, elle existerait aux yeux du monde et que ses parents ne se disputeraient plus.
L'Oeil le plus bleu met en scène la violence sociale, le viol, l'inceste et la manière dont les oppressés deviennent à leur tour oppresseurs. Ce livre dérangeant décrit avec habileté le pouvoir aliénant et réducteur du regard de l'Autre.
Commenter  J’apprécie          40
L'oeil le plus bleu est le premier roman de Toni Morrison.

Toni Morrison est une femme de lettres américaine, née en 1931 et décédée en 2019. Elle est lauréate du prix Pulitzer en 1988 et du prix Nobel de Littérature en 1993.

Voici l'histoire touchante de 3 jeunes filles noires dans l'Amérique blanche et discriminatoire des années 1940. On le ressent rapidement ; les thèmes du livres sont épouvantables : la misère, le besoin d'amour, la folie, la haine, l'inceste, mais aussi et surtout les conditions des femmes, leur désarroi face à l'oppression sexuelle et face à leur couleur de peau. Peu ou pas de place pour les rêves pour ces jeunes filles.

Durant ma lecture, j'ai parfois ressenti un peu de difficulté à situer les personnages et à comprendre lequel d'entre eux était en train de parler. Ca m'a déstabilisé quelque peu et, malheureusement, ça m'a empêché de rentrer complètement dans l'histoire.

Ceci dit, le roman de Toni Morrison est magnifiquement écrit. Ses mots font froid dans le dos. le lecteur se sent désarmé et impuissant face à ces injustices, inégalités, et violences. Un livre poignant !
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (1827) Voir plus



Quiz Voir plus

Beloved de Toni Morrison

De quoi s'inspire ce roman ?

D'un fait divers
De rien
De la vie de l'auteur

7 questions
75 lecteurs ont répondu
Thème : Beloved de Toni MorrisonCréer un quiz sur ce livre

{* *}