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Dans ce premier roman de Toni Morrison nous suivons la vie de deux enfants noires dans une ville industrielle pendant quatre saisons. Ce roman est essentiellement construit autour de l'enfance. On traverse la vie d'une petite fille laide qui rêve d'avoir des yeux bleus pour enfin être jolie et pour qu'on la regarde. Malheureusement des événements viennent noircir son enfance (comme l'inceste qui ouvre le roman, par exemple). Ce récit est très sombre, nous sommes plongés dans la discrimination, la violence et le rejet, à travers l'histoire de cette petite fille qui croit que grâce à des yeux bleus on l'aimera, que ses parents arrêtent de se battre et qu'enfin sa vie soit plus belle.
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C'est le premier livre qu'elle a écrit, en 1970, et c'est une véritable claque.
Nous sommes en 1941, dans la ville de Lorain dans l'Etat de l'Ohio et la Dépression bat son plein.
L'histoire est racontée par différents narrateurs pour dépeindre quelques années de la vie de Pecola, petite fille noire de 10-11 ans qui se trouve laide, ainsi que celle, avant cela, de ses parents.
Pecola rêve d'avoir les yeux bleus. On devine par là qu'elle n'a pas une vie très drôle, évidemment.
Sur fond de misère sociale, maltraitance à l'école, violence physique et mentale entre blancs, métis, noirs, et tout ce que l'on peut facilement imaginer comme souffrance et abus, ce livre m'a littéralement secoué les tripes.
Le style, un peu spécial au début, nous envahit graduellement, monte en intensité froidement et ne nous lâche plus.
Toni Morrison sait raconter sans pour autant faire un spectacle de ce qui a de pire, et c'est là probablement qu'elle parvient à nous captiver et que nait l'émotion.
"L'oeil le plus bleu" est l'un des livres les plus tristes que j'ai jamais lu et qui laisse une empreinte.
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Dans ce premier roman déchirant, Toni Morrison raconte l'histoire de Pecola, l'enfant qui rêvait d'avoir les yeux bleus. Pour être belle, enfin, pour que la laideur, la violence, la souffrance la quittent pour toujours, Pecola prie. Pourvu que le dégoût qu'elle voit dans le regard des autres disparaisse. Mais ses prières ne sont pas exaucées, et Toni Morrison explore, dans une langue déjà poétique et puissante, le récit de cette enfant condamnée parce que noire, que la magie des graines plantées par ses petites voisines ne réussiront pas à sauver. Un coup de poing, une première oeuvre implacable à la construction impressionnante.
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Je persiste à conseiller Sula pour commencer l'oeuvre de la grande Toni Morrison. Cet Oeil le plus bleu est certes son premier roman édité, mais il est un fifrelin moins abouti que Sula et moins facile à lire. Tout en étant déjà prodigieusement Morrisonien. Narrations originales, jeux de langue, puissance des propos et thématiques qui propulseront l'artiste y sont déjà. Sa musique y est. Déjà.
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L'histoire se passe dans une petite ville de l'Ohio. Pecola est une Breedlove, aussi laide que son père. Elle s'en persuade au point que sa plus fervente prière est d'avoir les yeux bleus. Ainsi elle pourra être jolie et considérée.

Accueillie chez la famille de Frieda et Claudia car son père a mis le feu à la maison, elle devient copine avec les deux filles de 9 et 10 ans. Elles partagent les jeux et le sentiment d'être à part dans un monde où tout ce qui est beau est blanc, blond, avec des yeux clairs. Les noirs semblent être disqualifiés d'office.

Le roman se déroule avec des points de vues différents et des flashbacks qui nous permettent de mieux connaître la galerie des personnages et de cerner comment on en est arrivés là, à cette page 11 qui révèle d'emblée que Pecola attend le bébé de son père.

J'ai aimé ce que j'ai lu de Toni Morrison sans que ce soient des lectures très marquantes (Beloved, Home, Sula), je suis donc franchement étonnée de voir que c'est avec son premier roman que je suis le plus séduite. C'est une histoire d'une grande qualité, aussi bien dans la construction, avec les points de vues croisés et les évènements qui convergent tous vers la grossesse de Pecola, que dans ce que ça dit de la société américaine.

On est au nord des Etats-Unis dans les années 40, les noirs sont donc bien plus acceptés que dans le Sud mais on ne peut pas encore parler d'égalité (le peut-on d'ailleurs aujourd'hui ?). Chacun fait comme il peut, avec le travail qu'il trouve, l'affection qu'il n'a pas reçue, les espoirs déçus. Les personnages sont tous intéressants, de la maman de Pecola qui s'est fait avoir en beauté par son prétendant aux prostituées avec qui la jeune fille aime aller discuter sans véritablement comprendre en quoi consiste le métier, en passant évidemment par les jeunes filles qui apportent tout ce qu'il faut de naïveté et de pertinence à la fois.

Être noir dans un monde de blancs, avec la couche intermédiaire des métisses, voilà le thème principal exploité à la perfection par Toni Morrison. Son écriture est impressionnante, avec une mise en bouche expérimentale intrigante que vous découvrirez lorsque l'occasion se présentera. J'ai dévoré ce roman en regrettant que cela se termine trop rapidement, non pas que l'histoire méritait plus de pages, l'écrivaine a livré un texte parfait. Mais c'était tellement bien que j'aurais volontiers prolongé le plaisir.

Assurément le meilleur de Toni Morrison que j'ai lu à ce jour.
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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Toni Morrison grande prêtresse la langue au service des brûlures et les petites filles à l'oeil marron d'engranger en chair les corps qui ne devraient pas se construire avec dans le ventre ce qui ne devrait pas et la construction imparable identifiable y revenir et chaque fois le délice au bout des dents autant que l'effroi
Dire dire dire les petites filles percutées la couleur qui trahit les mots festoient et s'accrochent
Toni Morrison prêtresse grande toujours à re découvrir encore pour comprendre plus grand le monde à pleine peau

pour poursuivre autour:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-avoir-raison-avec-toni-morrison


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J'ai retrouvé des similarités avec Un don (le seul autre roman que j'ai lu de Toni Morrison à ce jour), ressemblances qui traversent peut-être toute l'oeuvre de l'autrice : l'entremêlement des personnages, les allers-retours dans le temps, la vie qui blesse et qui malmène, le racisme bien sûr…

J'ai été frappée par le complexe d'infériorité qu'elle raconte, cette vision rabaissée de soi née d'un racisme quotidien, une auto-dévalorisation permanente intégrée par les protagonistes par la violence séculaire qui imbibe leur vie. La « laideur » supposée de Pecola n'est pas seulement dans le regard de personnes blanches, mais également dans celui d'Afro-Américains. Être métis·se est déjà s'élever sur l'échelle sociale de par la dilution du noir de la peau. D'où un rêve permanent de la vie des Blancs, rêve de leurs maisons, des paroles gentilles qu'on leur adresse, des regards appréciateurs, de leurs yeux bleus qui semblent éclairer leur existence. À ces privilèges s'oppose leur existence rude, leur pauvreté extrême, leurs horizons bouchés. Un gouffre bée entre eux, même dans le traitement d'une mère envers sa propre fille et la fillette blanche dont elle s'occupe.
Le récit tourne autour d'événements atroces – trigger warning : viol et inceste – mais conserve une sobriété bienvenue. Nul détail pour faire pleurer dans les chaumières, mais une économie de mots absolument poignante pour raconter comment les défoulements de violences – mépris, coups, abus… – tombent sur les plus faibles pour relâcher la frustration et la colère silencieuse : les hommes sur leurs femmes, les garçons sur les filles plus jeunes…

Claudia, par son regard qui tranche avec celui de la majorité, est la seule à apporter une bouffée d'air frais. Elle refuse ces jouets qui ne lui ressemble pas et qui la place directement dans le clan des « laides » car ne correspondant pas aux standards de beauté et, avec sa soeur, elle regarde Pecola, tente de l'aider, et, même si elle ne comprend pas tout du haut de ses dix ans, souhaite du positif dans la suite de son histoire.

Toni Morrison possède décidément un style déroutant. Elle passe d'une narration interne à la première personne – Claudia souvent, mais aussi la mère de Pecola ou Pecola elle-même à la fin du livre – à une narration à la troisième personne. Encore une fois, le roman est quelque peu décousu, mais reste assez intense et profondément triste. Peu d'espoir se dégage de ce récit, seuls les rêves apportent de temps à autre un répit aux personnages.

J'ai bien du mal à parler de ce livre qui m'a déstabilisée par sa forme autant qu'il m'a touchée. Un roman qui permet de ressentir viscéralement ce racisme – jamais nommé mais omniprésent – qui ne fait pas partie de ma vie, mais qui reste encore et toujours tristement d'actualité. Une plume inhabituelle mais définitivement unique. Un livre à relire peut-être, pour mieux s'en imprégner.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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L'intrigue se déroule sur quatre saisons, mais en même temps, à la "manière Morrison" elle déborde, au gré de flash-backs, s'engouffrant dans des digressions qui finissent par ne plus en être.
La narratrice, Claudia, dix ans, vit à Lorrain, bourgade industrielle de l'Ohio, dans les années 1940.

Elle observe la petite communauté qui l'entoure, restitue les événements en s'efforçant de traduire les images mentales qu'ils suscitent en elle. C'est parfois confus pour le lecteur, mais cela confère au texte une spontanéité et une profondeur hautement crédibles, en même temps qu'est ainsi traduite l'opacité dont les actes et les motivations des adultes peuvent se parer aux yeux d'un enfant.

Le récit de Claudia se focalise sur l'histoire de la famille Breedlove, à l'origine d'un épisode qui l'a durablement marquée. On y compte Mrs Breedlove, qui se considère comme chrétienne intégrée et travaille au service de riches blancs ; son mari Cholly, un buveur et un bon à rien "au-delà de toute rédemption", et enfin leur fille Pecola, gamine assoiffée d'amour et obsédée par le secret d'une laideur qu'elle juge responsable du mépris ou de l'ignorance que lui renvoie le monde et à laquelle elle n'envisage qu'un seul remède : avoir des yeux bleus.

L'incursion dans ce quotidien d'afro-américains modestes, voire miséreux, est triste et brutale. C'est un univers de laideur, non pas intrinsèque, mais parce que la beauté n'y survit jamais longtemps. Les efforts pour soigner son apparence et sa dignité se délitent sous les assauts de la pauvreté et de la violence, font place au laisser-aller. Les enfants, quand ils ne sont pas abandonnés, y sont fréquemment maltraités. Les hommes abrutis par le désespoir et déstabilisés par des responsabilités qu'ils n'ont pas appris à endosser, boivent, font de la prison, épuisent les désirs qui les hantent sans possibilité d'assouvissement dans les dérèglements et la perversion. Quant aux femmes, assujetties dans leur foyer et au travail, elles accueillent la vieillesse avec soulagement, usées mais enfin libérées des efforts pour plaire, du risque d'agression sur les routes, des caprices de leurs employeurs...

Ce sont des vies de renoncements et d'humiliations, marquée par la terreur permanente de finir à la rue.

Mais ce que voit surtout Claudia, du haut de ses dix ans, c'est la cause principale de ces pathétiques conditions d'existence : le mépris dans lequel on tient ceux de sa race, les signes d'une sujétion qui a fini, de manière inconsciente mais puissante, par être assimilée par ceux qui en sont les victimes, qui en ont développé un sentiment d'infériorité. La plupart cultivent ainsi un rejet de leur propre couleur, une haine de soi cultivée à coups de jalousie, d'envie, entretenue par une hiérarchie de la noirceur même, dont le degré détermine votre statut et votre valeur aux yeux du monde. Les métis, par exemple, sont considérés comme propres et calmes, quand leurs frères à la peau plus foncée sont fatalement taxés de fainéantise et de négligence. Cette évocation des impacts psychiques de la ségrégation sur la population afro-américaine m'a par moments fait penser à l'essai de Frantz Fanon, Peaux noires, masques blancs.

La jeune narratrice, intuitivement convaincue de l'injustice et de la bêtise de ces inégalités, est quant à elle prise d'un sentiment de révolte qui l'amène à démembrer avec rage les poupées blanches et blondes -aux yeux bleus- dont les autres fillettes noires font des objets sacrés.

Comme souvent chez Toni Morrison, la lecture peut paraître abrupte, déstabilisante, qu'il s'agisse de la forme -par ses coq-à-l'âne et cette manière de livrer, parfois à l'état brut, les pensées de ses personnages- ou du fond, qui mêle en toute fluidité humour et tragédie -certaines scènes sont quais insoutenables-, vérité et imagination.

Le ton de la narratrice, dénué de tout angélisme, oscille entre naïveté crue et relation presque froide des drames dont elle est témoin. Il s'en dégage aussi, étrangement, une sorte de chaleur, que provoque l'évocation spontanée des aspects organiques, charnels, des intimités familiales.

Tout cela fait de "L'oeil le plus bleu" un texte intense et marquant.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un livre frappant qui fait prendre conscience du mal être profond de la communauté noire . Deux petites filles déjà conditionnées par ce mal être et des adultes incapables de les protéger,un monde sans espoir où avoir les yeux bleus est l'ultime échappatoire, la clé du bonheur...Une belle oeuvre de Morisson
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Je découvre Toni Morrison par ce roman et je le trouve incroyable.

C'est l'histoire de Pecola, petite fille d'une douzaine d'années qui rêve d'avoir les yeux bleus, ainsi elle sera belle et alors considérée.
Gamine touchante, pas épargnée par la vie, qu'on a envie de dorloter nous même.

A coté de cela, on a un réel tableu de la société des années 40 dans une ville de l'Ohio. On y découvre une misère sociale dans une amérique raciste et comment chaque personnage y trouve ou non sa place.
Un ouvrage poignant.
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