Jefferson

Jefferson n'avait pas l'air étonné du tout. Il avait plutôt l'air éberlué, ahuri, estomaqué, aplati, démantibulé, moulu, électrocuté, sidéré, abasourdi

C'est un des avantages qu'il y a à vivre seul : on peut chanter fort et faux, se promener tout nu, manger quand on en a envie et pleurer à son aise.

C'est comme s'il y avait plusieurs catégories d'êtres vivants, tu vois avec une hiérarchie bien claire.
Tout en haut, les humains, pas peu fiers de leur supériorité.
En dessous, il y a nous, que les humains regardent de haut, mais bon, on a la parole, on peut se défendre, un peu.
En dessous encore, les animaux de compagnie, qui n'ont pas la parole mais que les humains ont choisis, à qui ils donnent des noms et qu'ils protègent.
Et en dessous, tout en bas, il y a la sous catégorie des animaux d'élevage, des animaux de boucherie, quoi.... Et là, mon ami, ça craint !

Tu ajoutes leurs deux QI et tu arrives à celui d'une boîte à chaussures.

Ne pas pouvoir rentrer chez soi parce que c'est dangereux est une expérience très angoissante à vivre, car où trouver en principe meilleur refuge que chez soi ?

Il aurait pu s'attendre à tout, mais pas à ce qui allait arriver et qui resterait une des plus belle émotions de sa vie. Car toutes les mains se levèrent ensemble, celles annoncées de Walter Schmitt et des renardes, mais toutes les autres aussi : celles des blaireaux, celles des écureuils, celle de Simone, celles des trois vaches, celle du chat... Il balaya la salle du regard et les larmes lui en vinrent aux yeux.

Ce passage m'a beaucoup plu, car au lieu de le dénoncer, les autres veulent l'aider.

- Mais tu es dingue ou quoi? gémit-il. Tu te rends pas compte? Je vais être pendu, guillotiné, fusillé. Peut-être les trois à la fois!
- Arrête, Jeff. As-tu oublié que la peine de mort était abolie? Au plus, tu prendras trente ans. C'est vite passé. Je t'attendrai à ta sortie de prison avec un bouquet de fleurs de pissenlit et un déambulateur.
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Et on continuerait à faire croire aux gens que les animaux étaient fous de joie à l'idée de se sacrifier pour eux, il n'y avait qu'à voir les bouilles réjouies des cochons dessinées sur les vitrines des boucheries. Ce serait un très long combat et il faudrait sans doute encore quelques décennies, un siècle peut-être, avant qu'on se demande comment on osait faire ça avant.

On s’y pointe tous ensemble et on lui tombe dessus. On est vingt-sept, je te rappelle, vingtsept ! –  Vingt-sept, oui, mais vingt-sept quoi, bon sang  ? s’emporta Jefferson. Vingt-sept riens du tout ! Un couple de moutons si vieux que la dame se casse la figure toute seule en montant dans le car, une lapine qui fond en larmes deux fois par jour sans explication, un chat complètement à l’ouest, un sanglier déjanté, deux écureuils qui s’évanouissent de trouille quand tu tapes dans tes mains, c’est pas tout à fait le GIGN, ça !

–  Je peux pas tout te raconter, gargouilla-t-il, c’est pas racontable  : des décharges électriques pour les faire avancer, des coups de bâton sur les reins, derrière la tête, sur le groin, les cochons qui titubent, qui hurlent de douleur, et qui encaissent, qui encaissent sans pouvoir se défendre. C’est
injuste. C’est… dégueulasse.