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Elmet est un sanctuaire. Une bande de terre située dans le Yorkshire. Un havre de paix. La terre d'origine. le dernier royaume celtique.
C'est là que Daniel, son père John et sa soeur Cathy, atterrissent. Sur une petite parcelle de terrain qui appartenait autrefois à la mère des enfants, John a construit de ses propres mains leur maison. Une bicoque, près d'un bosquet, où ils chassent, pêchent et se nourrissent simplement, vivent en accord avec la nature. Cette petite famille atypique s'aime farouchement et ils ne cherchent rien de plus que la tranquillité et le droit de mener leur vie à leur guise. Ils n'ont pas grand-chose mais cela leur convient.
Elmet est un sanctuaire. Mais pour Daniel, John et Cathy ça ne durera pas. Les sanctuaires sont souvent profanés.
Le propriétaire du terrain et ses sbires ne les laisseront pas tranquilles. Inévitablement, les tensions dégénèrent jusqu'au final digne de la colère de Dieu - le bien contre le mal, l'innocence contre la corruption.
Il ne faut pas que je vous en dise trop (contrairement à la 4ème qui spoile dangereusement) mais sachez que le voyage est tout aussi émouvant que la chute est brutale.

Avec son écriture tour à tour fraiche comme un sous-bois et noire comme l'enfer, je découvre en Fiona Mozley une nouvelle voix passionnante de la littérature anglaise. Atmosphérique et troublant, Elmet est un conte lyrique qui prend des allures de luttes des classes.
Un roman qui hante son lecteur par son ambiance sylvestre, qui nous parle de la place des précaires, une histoire de pauvreté, de propriété foncière, de justice, de rôles de genre, de vengeance et qui explore le lien entre un père et ses enfants.

Ce n'est en aucun cas un livre parfait, ce n'est pas un livre qui plaira au plus grand nombre mais il sera pour moi inoubliable.

Traduit par Laetitia Devaux
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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L'auteure arrive avec beaucoup de brio à mettre en lumière dans ce roman la violence, une violence physique et morale, ainsi que l'exploitation d'autrui, que ce soit lors du travail dans les champs payé trois fois rien ou pendant l'utilisation d'un homme dans des combats. J'ai d'ailleurs était très marquée par une phrase du père dans laquelle il dit qu'il n'a que son corps, et il lui appartient. Il ne veut plus le donner à l'exploiteur.
Nous voyons également dans ce roman les inégalités flagrantes entre les riches propriétaires terriens et les exploités extrêmement pauvres. Il est difficile de payer un loyer, de manger à sa faim.
Mais il y a malgré tout des points un peu plus positifs : la solidarité dans la lutte, l'amour profond que se porte cette famille si particulière, ce père silencieux, souvent absent, Cathy qui semble tellement différente, difficile à cerner, et Daniel auquel nous nous attachons. Ces trois-là vivent une vie atypique, un peu marginale, loin de tout, mais la méchanceté des autres finira par les rattraper.
J'ai aimé la narration, l'alternance de l'espace temps et également les questions que l'auteure laisse sans réponses. Il y a plusieurs points qui auraient demandés à être éclaircis, mais Fiona Mozley semble nous laisser libre d'imaginer la version qui nous convient le mieux, il semble y avoir un pacte passé avec le lecteur.
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Dans un Yorkshire qui crie sa misère sociale Fiona Mozley nous raconte une famille atypique. C'est l'histoire d'un père et de ses deux enfants. Un père qui gagne sa vie à la force de ses poings, colosse redouté des combats clandestins. Et puis les enfants : Cathy qui voit le monde à la manière d'une louve libre, sauvage et protectrice de son clan. Et Daniel, le petit frère, narrateur et au caractère plus doux, plus conciliant. Tous trois vivent dans une cabane dans les bois ... un terrain qui appartient en réalité à M. Price, grand propriétaire terrien et exploitant majeur de la région qui les menace d'expulsion. Une question de territoire qui va réveiller une animosité de longue date entre les deux hommes, et générer plus largement une rébellion chez tous les obligés de Price.

Typiquement ce roman avait tout pour me plaire ... et pourtant je suis restée sur ma faim. Il a pourtant reçu un excellent accueil de la presse, été dans les finalistes du Man Booker Prize, mais personnellement j'ai trouvé qu'il manquait de reliefs. Je m'attendais à des personnages plus creusés, à une intrigue plus prenante, or j'ai eu du mal à entrer en empathie et à me passionner pour le roman. de plus j'ai été très surprise de constater que la quatrième de couverture révèle l'intégralité de l'intrigue (!?) et qu'on est donc sans surprises au fil des pages. Il n'empêche que le roman est malgré tout très fluide à lire et que le contexte social qui y est présenté est extrêmement important et intéressant, des qualités auxquelles il faut savoir rendre justice.
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J'ai refermé ce livre avec de grands points d'interrogation dans les yeux et je suis encore très inquiète pour Daniel, le jeune héros de ce roman.

Installé avec son père John et sa grande soeur Cathy dans une maisonnette en forêt, Daniel grandit parmi les bêtes, se nourrit de chasse et de cueillette, travaille le bois et la terre, et je le sentais bien parti pour escalader les arbres en culotte panthère mais je me suis emballée !

Au coeur de cette jungle à la fois inquiétante et onirique, John protège ses enfants de la violence du monde comme un gros loup taciturne, tendre mais féroce : il gagne l'argent du foyer à la force du poing, dans des combats clandestins à mains nus.
Le jour où Mr Price, riche propriétaire de la région, menace de les chasser, la tension s'amplifie et la violence se déchaîne.

Ce livre m'a beaucoup plu et je me suis particulièrement attachée à Daniel pour sa sensibilité, son côté «Mowgli androgyne», ses tâtonnements, sa créativité, et la quête permanente de sa mère mystérieusement disparue. J'ai senti chez lui la peur d'être abandonné et j'aimerais bien que l'auteure lui offre un destin un peu plus tranquille si elle écrit une suite.
J'ai trouvé aussi que Fiona Mozley traitait la violence d'une manière assez habile, en l'installant d'abord dans les silences qui étouffent la famille ; puis dans les corps en alerte, prêts à bondir ; et en la déployant dans un final spectaculaire.
J'ai bien aimé le glissement des genres : on passe d'un décor sauvage et sylvestre à une intrigue sociale et meurtrière, d'un vert ondoyant à une noirceur opaque. J'ai pensé à Germinal de Zola, ou encore aux textes de Nicolas Mathieu.

Sans être un coup de coeur absolu, ce livre m'a laissé des traces et de nombreux questionnements ; j'aimerais que Daniel aille bien et j'espère que l'auteure ne l'abandonnera pas.

Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux.











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John Smythe a choisi de vivre à l'écart des hommes avec ses deux enfants adolescents, Cathy et Daniel. Il a construit une maison de ses propres mains, dans le Yorkshire, au coeur de la forêt, sur un terrain qui appartenait à sa femme, disparue du jour au lendemain. Proche de la nature, le trio se débrouille et limite le plus possible les visites au village. Leurs liens sont étroits, le père ayant à coeur de transmettre sa vision de la vie, les enfants faisant pleinement confiance au père, jugé invulnérable à cause de sa force physique.

Le tyran du village, Mr Price, ne l'entend pas de cette oreille. Il prétend être le propriétaire du terrain occupé par John. C'est un homme cupide et usant de violence pour arriver à ses fins. Il a étendu son pouvoir d'année en année, profitant de l'appauvrissement des villageois, obligés d'abandonner leurs terres pour devenir mineurs.

Daniel, le fils, est le narrateur de l'histoire. Nous savons dès le début qu'il est sur la trace de sa soeur qui dû s'enfuir après un drame. La tension est installée dès le départ. Mr Price veut expulser John et tous les moyens seront bons. John a travaillé comme homme de main pour Mr Price, allant menacer ses débiteurs à domicile. Il a participé aussi à des combats clandestins qui rapportaient beaucoup d'argent, mais il ne veut pas continuer.

Comme si tout cela ne suffisait pas, les deux fils de Mr Price tournent autour de Cathy. Elle sait se défendre, bien plus que Daniel, garçon délicat, qui aspirerait à une vie plus calme et confortable.

John, avec l'aide d'un syndicaliste, réussit un temps à mobiliser quelques hommes du village capables de tenir tête à Mr Price. Mais l'heure venue, leur union sera fragile devant l'emprise du riche propriétaire.

J'ai aimé cette histoire qui m'a tenue en haleine d'un bout à l'autre, sans être insupportable comme d'autres récits du même genre. Sans doute à cause de la poésie qui s'en dégage. le monde décrit, brutal et sombre, est compensé par de magnifiques passages sur la nature et le père et les enfants sont attachants.

Des zones d'ombre subsistent, ce qui ne m'a pas gênée et la fin est ouverte, laissant libre cours à l'imagination du lecteur.

Un premier roman prometteur.
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John Smythe est un ancien homme de main, il a également l'habitude de boxer dans des combats clandestins. Il décide un jour d'emmener ses enfants – Cathy et Daniel – dans le Yorkshire, la région d'origine de leur mère. Là-bas, ils vont occuper un petit terrain, où ils vont construire une maison de leurs propres mains, et vont également vivre en marge des règles. Mais cela ne pouvait pas durer longtemps... Car Mr Price, un riche propriétaire terrien, est bien décidé à remettre la main sur John Smythe et ses talents, ou alors de l'expulser.
Entre les deux hommes va commencer une lutte sourde, et dont la violence va aller en croissant. Bientôt, Cathy et Daniel vont également être pris à parti dans cette lutte.
Elmet est un livre de la rentrée littéraire de janvier qui me tentait tout particulièrement, et j'étais très curieuse de découvrir la plume de Fiona Mozley. Surtout que ce roman avait été parmi les finalistes du « Man Booker Prize » en 2017 et qu'il est sorti en France chez Joëlle Losfeld, une maison d'édition que j'apprécie particulièrement.
Et Elmet a été une très bonne découverte, je dois dire ! C'est un roman court (un peu plus de 200 pages), mais tout est dit et il y a tout le nécessaire. Avec une plume concise et efficace, Fiona Mozley nous entraîne dans une histoire sombre et captivante, dans les magnifiques paysages du Yorkshire.
L'atmosphère est d'abord délicate et poétique, avant de sombrer irrémédiablement dans la noirceur de la psyché humaine. Car il y a beaucoup de violences dans cette histoire, qu'elle soit dite à demi-mot ou décrite franchement. Il y a les combats de boxe clandestins, les scènes d'intimidations, et beaucoup de scènes où l'on doute de la bonté humaine. Mais – malgré tout, il y a quand même de la gentillesse. Que ce soit de la part de la voisine de la famille, des travailleurs qui décident de s'unir... Mais tout cela sera-t-il suffisant ?
En lisant Elmet, j'ai parfois pensé aux romans de Ron Rash, pour cet univers sombre, se déroulant dans les grandes étendues sauvages...
Je suis ravie d'avoir pu découvrir la plume de Fiona Mozley, et je suis impatiente de lire ses prochains romans !
Lien : https://chezlechatducheshire..
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Elmet fut l'ultime royaume celte indépendant d'Angleterre. Jusqu'au VIIe siècle, il constituait un sanctuaire pour ceux qui souhaitaient échapper à la loi, un peu comme à l'instar de John et ses enfants. Tous trois se sont installés sur le lopin de terre qui appartenait à la mère décédée. Ils y vivent en toute quiétude, en parfaite harmonie avec la nature et surtout à l'abri de tous les regards jusqu'à ce qu'un propriétaire terrien vienne troubler leur existence. Au motif qu'il n'apprécie guère que John joue au justicier, incite les ouvriers agricoles à revendiquer un juste salaire, à refuser de payer des loyers exorbitants, un bras de fer s'engage entre Mr Price et John. L'acte de propriété sera régularisé au profit du fils si et seulement si le père d'une force herculéenne et boxeur occasionnel, accepte de combattre pour ce propriétaire. Régulariser une situation juridique en organisant un combat illégal, un comble !

Elmet est un conte social moderne. Entre sanctuaire mythique et terre de revendications. Tout commence idéalement. Loin des contraintes, des institutions conventionnelles, du brouhaha de la ville, dans un univers verdoyant certes à dompter, mais qui pourvoit aux besoins vitaux d'une singulière cellule familiale. Vivre en quasi autarcie, heureux jusqu'à ce que le monde extérieur vienne perturber ce fragile équilibre. Dès lors, à la douceur succède la violence. À l'insouciance, la dure réalité. Tout implose jusqu'à l'explosion finale. le tout est parfaitement amené. Fiona Mozley magnifie aussi bien la nature, qu'elle noircit l'âme humaine en saupoudrant le tout d'un soupçon de merveilleux. Elmet est un premier roman qui ne peut laisser indifférent. Il a réveillé chez moi, le souvenir que m'a laissé La ligne verte. Je souhaite à Fiona Mozley le même succès que Stephen King et je remercie Folio de m'avoir fait découvrir ce royaume.
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John Smythe vit illégalement avec ses enfants, Daniel et Cathy, sur une terre du Yorkshire appartenant à son ancienne épouse. Ils ont déménagé ici après le décès de leur grand-mère. Ces derniers font de ce terrain désolé un lieu de vie confortable en totale autarcie, se nourrissant grâce à la chasse et aux cultures. Cependant, Mr Price, riche investisseur immobilier et réel propriétaire du terrain, s'est donné comme objectif de les expulser. Chose qu'il mettra à exécution sauf si John, ancien boxeur clandestin, accepte de reprendre du service pour lui faire gagner des sommes faramineuses. Tourmenté par ce terrible dilemme, John doit choisir entre se soumettre à cet homme odieux pour donner un toit à ses enfants, ou se battre coûte que coûte pour faire valoir ses droits.

Au coeur de l'Angleterre du Nord, c'est tout un monde que Fiona Mozley illustre devant nos yeux qui ne demandent qu'à découvrir. Nous sommes propulsés dans l'univers des combats clandestins, de la violence, et des paris, mais aussi dans la vie de John, ce père qui élève seul ses enfants. Si le cadre temporel n'est pas indiqué, j'ai toutefois eu l'impression de baigner entre deux époques : d'un coté un espace très lointain où l'homme se suffit à lui-même en pleine nature grâce à la chasse, et de l'autre un espace moderne où évoluent villes, véhicules, finances et magouilles. Il ne va sans dire que cela me penser à une intrigue rappelant le mythe des âges de l'humanité où s'opposeraient allégoriquement âge d'or et âge de fer.

Les personnages sont également rattrapés par leur destin, et je dois dire qu'en tant que lectrice cela nous tient en haleine jusqu'aux dernières pages. Ils subissent une situation qui oppose encore et toujours la classe sociale des riches et celle des pauvres. Sans cesse, la nature luxuriante, abondante et gratuite se confronte à la violence et aux méfaits terribles qui divisent les Hommes.

Pourtant, dans ce chaos infernal subsiste cet amour inconditionnel fraternel et paternel pour taper aux portes de ceux qui n'en connaissent pas la contenance. C'est un cri retentissant et pudique au coeur de ce roman. Mozley casse les codes du roman familial qui unit bien souvent une mère et ses enfants, non un père. Cette famille a une teneur particulière : Daniel est sensible, frêle, Cathy est musclée, puissante, et John est un charmant mélange. Loin d'être un roman à émotions malgré son aspect dramatique, Elmet sublime le sacrifice pour en faire l'élément majeur de ce cette histoire.
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"Finaliste du Man Booker prize", c'est l'argument commercial de ce premier roman. C'est bizarre: quand je tape "finalistes du Man Booker prize", je ne vois pas Fiona Mozley parmi les 6. Arnaque ?
Bon en tous cas, je n'ai pas aimé du tout ce roman à l'intrigue abracadantesque. ça se serait passé il y a 100 ans, dans l'ambiance des Peaky blinders, j'y aurais cru mais là...
Un homme vit comme un gitan (mais ce n'est pas un gitan - c'est précisé au moins 3 fois) avec ses deux ados. Il occupe illégalement un terrain qui appartient à une espèce de parrain et vit de combats illégaux au fond des bois. Les jeunes ne sont pas scolarisés et la mère est on-ne-sait-où pour on-ne-sait-quelle-raison. L'illégalité entraîne la marginalisation et la violence appelle la vengeance; quelle surprise ! Bref, si ça n'avait pas été un cadeau, j'aurais abandonné au 1er quart.
Seul point positif: c'est bien écrit.
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Un joli bonbon empoisonné dans un papier pastel... Voici ce que m'inspire ce roman.
Je suis très perplexe encore à son sujet, même plusieurs jours après l'avoir terminé.
Il vous laisse un goût de cendres et de sang. Et pourtant, l'histoire semblait bien commencer.

L'auteur pose le cadre d'une nature sauvage, accueillante, sans être non plus douce, prodigue si on sait faire les efforts nécessaires pour en vivre. Dans ce beau Yorkshire sauvage, l'auteur dépose trois protagonistes principaux, un père et ses deux enfants.
Le père est dans une phase de rédemption de sa vie, qui visiblement, ne fut pas simple.
Ses deux enfants, de caractère très opposé, Cathy et Dany, trouve refuge dans ce nouvel habitat dans lequel il essaie de s'insérer le plus respectueusement possible. C'est effectivement une ode à la nature, au respect qu'il convient de lui porter, au précepte d'une vie en accord avec celle-ci. Prendre juste ce qu'il faut, veiller sur la forêt environnante, la végétation, les animaux avec bienveillance en prélevant juste ce qui nous fait besoin.
Si Danny, Cathy et leur père en sont arrivés à s'aménager une maison dans la forêt, c'est bien le signe qu'ils n'adhèrent pas aux valeurs de la société dite "normales".

le père, pour avoir fait un certain temps un travail peu honorable, a parfaitement pris conscience de ce qu'est la liberté. Il refuse donc pour lui-même, mais aussi pour ses enfants, de vivre dans un monde où seule la violence du plus fort l'emporterait, avec sa cohorte de "valeurs" connexes comme la soumission au chef, l'écrasement des plus faibles, la corruption et l'injustice qui découle de tout ce système vérolé.

C'est donc un monde idyllique que l'auteur nous décrit à travers les yeux de ce papa qui souhaite transmettre à ses enfants. Or très rapidement dans le récit, la menace couve. Et c'est une violence sans nuance aucune qui va progressivement s'abattre sur cette famille, car le père s'érige en leader d'un mouvement contestataire au sein du village, tenu d'une main de fer par un riche propriétaire, qui confond la possession des terres avec celles des individus l'occupant.

Si l'équilibre de cette petite famille semblait précaire mais sain, il y a dans le roman un moment de bascule où l'on sent bien que l'on s'est engouffré sur une pente inéluctable, une trajectoire tragique qui ne peut que finir de façon funeste.

C'est cet aspect qui m'a le plus troublée. Une main semble pousser dans le dos les protagonistes de cette histoire, qui n'ont nulle autre direction que "de se jeter dans le ravin" de la violence. On se prend à espérer un retournement de situation, un espoir, une lumière, une lueur. Mais rien...
Et c'est très certainement ce qui me laisse un peu amère, le sentiment de n'avoir pas eu le choix de la fin, et de l'avoir su très tôt dans le récit. L'écriture est fluide et impeccable, ce roman se lit très facilement. Un doux bonbon qui, lorsqu'on le croque, déverse toute sa noirceur et sa violence en bouche. C'est très rude. Les dernières pages m'ont été un peu difficiles à lire, ce sentiment terrible de gâchis tragique, d'injustice profonde où pour pouvoir changer les choses, il faut en mourir, se sacrifier, le désespoir qui transpire de ces pages. C'est une vision du monde que pourtant je ne suis pas loin d'avoir, mais là, ce n'est plus un sentiment diffus, c'est un mécanisme lentement mis en marche et qui dans sa pleine puissance, broie tout ce qui a osé lui résister.
Amer et déroutant...
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